Le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, a
tellement lâché la bride à son fantasme politique qu’il devra se
préparer à affronter un lendemain qui déchante, à présent que la
non-candidature de Bouteflika se fait quasi-certitude. Non seulement ses
prophéties s’avèrent toutes inexactes, il peut aussi bientôt paraître
bien rachitique sous ses airs simulés de fier-à-bras.
Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir)
Après le dernier Conseil des
ministres, qui n’en était pas un, en réalité, où le Président Bouteflika
est apparu totalement diminué, Amar Saâdani devra nécessairement
s’inventer un nouveau laïus s’il veut toujours s’assurer une visibilité
politique. Ses suppliques ne devront plus faire recette à présent que
Bouteflika sombre dans le crépuscule de sa vie politique.
De tous les courtisans, Amar Saâdani est celui qui aura enfourché
l’illusion durablement, jusqu’au bout, mettant toujours un brin de zèle
dans ses excès discursifs à attester de la candidature du Président
sortant et d’une révision de la Constitution qu’il a annoncée pour avant
l’organisation du scrutin présidentiel. L’illusion s’est évaporée avec
l’éclipse de l’année 2013. La révision de la Constitution n’aura pas
lieu avant les élections présidentielles et Bouteflika ne se proposera
pas à sa propre succession en avril prochain. Deux mauvaises nouvelles
pour un Saâdani qui a cru que son heure de gloire a sonné. Dans son élan
enthousiasmé à mener campagne pour Bouteflika, il oublie jusqu’aux
mondanités, cinglant de revers de propos non mesuré un Premier ministre
dont la tête commençait à sortir du lot. C’est que Saâdani se voyait
adjoindre à son CV une haute fonction officielle, celle de
vice-président de la République ou à tout le moins celle de Premier
ministre. Dans sa quête effrénée de promotion, il en est venu même à
oublier l’inconfort de sa position au sein du parti à la tête duquel il
venait d’être désigné à la hussarde. Le risque, pour lui, est que la
perte sera sur les deux fronts. La défection de Bouteflika le mettrait à
coup sûr dans l’embarras, tant est qu’il devra se convertir au plan B
s’il ne veut pas se retrouver sur la marche. On ne doute pas que Saâdani
fasse preuve de discipline et souscrive, comme c’est de tradition chez
le FLN, aux choix et à la logique du système. Néanmoins, il aura
assurément la harangue moins enthousiasmée. S’il est maintenu dans la
diligence, il n’aura pas le statut de chef.
D’ailleurs n’appréhende-t-il pas déjà le moment de sa déshérence
politique qu’il sait sûrement inéluctable ? On ne l’entend plus appeler
Bouteflika à se représenter, après sa dernière sortie publique où il
affirmait que la révision de la Constitution précédera l’élection
présidentielle. Un moment de doute que ses adversaires au sein du FLN
mettent à profit pour tenter de le faire chuter. Abderrahmane Belayat,
qui se prévaut toujours de la qualité de coordinateur du bureau
politique du FLN, annonce le coup de grâce pour les jours qui viennent.
Il affirme avoir la troupe pour une déposition soft. Mais le système,
qui n’a jamais été aussi loin dans l’impasse, autorisera-t-il un
renversement au sein du FLN à la veille d’une échéance électorale
capitale ? C’est toute la question.
S. A. I.