Sports : ZITOUNI ET EUSÉBIO, LES ARTISTES AFRICAINS, PARTENT SUR LA POINTE DES PIEDS, SANS CRAMPONS
Mustapha de Saint-Eugène et Da Silva de Mafalala


De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
Mustapha Zitouni et Da Silva Ferreira Eusébio sont tous deux nés sous des abjects ordres coloniaux. Le Mozambicain fera les beaux jours de Benfica et du Portugal. L’Algérien refusera l’équipe de France, quitte clandestinement la Suède pour la Tunisie, déclinera le pont d’or du Real de Madrid et portera les couleurs de la résistance puis de l’indépendance du pays.
Ils sont morts le même jour. Le Portugal ne cesse de rendre des hommages au Mozambicain alors que la France ne pipe mot sur l’Algérien. Il est vrai que Mustapha a fait un choix éternel en 1958. Le bon choix. Ceci explique cela.
Deux artistes africains sont partis à la veille de la Coupe du monde. Dommage pour le football et pour le Brésil.
Eusébio est né à Maputo et a été portugalisé très tôt. De ses origines mozambicaines, la presse et les politiques lusitaniens, ne dissertent pas beaucoup. Eusébio est Lisboète de Benfica, a battu le Real de Madrid, le Brésil, a remporté une Coupe d’Europe des clubs champions et a été Ballon d’Or. Point barre.
Basta. Pas de place pour l’une des dernières colonies portugaises d’Afrique, ni de la résistance héroïque du Frelimo pour l’indépendance du pays, et, surtout pas un mot sur le sentiment de fierté mozambicain pour l’appartenance d’Eusébio au pays... La mémoire, notamment la mémoire coloniale est sélective... Mustapha Zitouni est né à Alger, dans l’Alger coloniale de Pepe le Moko, du Provençal et de Dolce Vita européenne. Il opère à l’OMSE (St-Eugène, actuellement Bologhine), quelques instants avant la Bataille d’Alger. Puis Cannes, puis Monaco, puis l’équipe de France où, de mille feux, il brilla.
Il illumine les stades d’Europe, tape dans l’œil des plus grands clubs du Vieux-Continent. Le Royal de Madrid, le Real de Di-Stéphano veut, à tout prix, l’enrôler, le recruter. Les meilleurs footballeurs, d’alors, de Juste Fontaine à Gervinho, en passant par Rachid Mekhloufi, Claude Abbas, Raymond Kopa, Pelé, Puskas, l’encensent, n’en disent que du bien, rien que du bien...
Mustapha Zitouni refuse l’équipe de France et, clandestinement, quitte la Suède en pleins préparatifs des Bleus pour la Coupe du monde et rejoint Tunis pour ce qui deviendra, plus tard, l’épopée de l’équipe du FLN.
Zitouni, que des émissaire du Real de Madrid viendront contacter à Tunis pour un transfert, refusera pourtant, poliment mais sans appel, les offres madrilènes. Il portera les couleurs de la résistance algérienne, puis celles de l’Algérie indépendante.
Eusébio le Mozambicain et Zitouni l’Algérien sont, tous deux, nés sous des ordres coloniaux abjects et sont morts le même jour. Le Portugal ne cesse de rendre des hommages à Eusébio et la France ne pipe mot sur le décès de Mustapha Zitouni...
Celui qui a rejoint le FLN à Tunis en 1958. Ceci explique sans doute cela...
A. M.





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