Actualités : FLN, la fin de la logique d’appareil

C’est une épreuve organique des plus éprouvantes que le FLN s’apprête à vivre à l’occasion de la prochaine élection présidentielle. La défection, fort probable, de Bouteflika libérera immanquablement des initiatives partisanes et réveillera des ambitions qui, jusque-là, sommeillaient en son sein. Amar Saâdani, s’il n’est pas déchu d’ici là, pourrait être confronté à une inédite indiscipline.
la fracture pourrait s’avérer plus profonde que celle que le parti a eu à vivre douloureusement lors de la présidentielle de 2004. A l’époque, les militants du FLN étaient partagés entre un soutien à la candidature du secrétaire général Ali Benflis et celle aussi partisane d’Abdelaziz Bouteflika mais adoubée, en sus, par le système comme candidature de consensus. De cette fracture, le FLN ne s’est jamais totalement remis. En son sein, les équilibres sont restés précaires. La sérénité affichée depuis n’est que de façade. Preuve en est que la désignation d’un Amar Saâdani au secrétariat général a plus exacerbé qu’elle n’a réglé la crise.
On mesure l’étendue de la précarité organique dans laquelle s’enlise le parti aux sorties médiatiques enfiévrées de son secrétaire général qui a fait du soutien à la candidature de Bouteflika un leitmotiv chevillé au corps. Peut-être qu’il va falloir lui breveter la méthode bulldozer en politique, tant il a forcé le trait. Mal élu à la tête du parti, Amar Saâdani a tout fait pour qu’il paraisse comme l’homme qui était dans les secrets d’alcôve. Il faut dire que sa désignation obéissait à un cahier des charges : celui de produire du son autour de la candidature de Bouteflika et, partant, d’aider au façonnage des rapports de force au sommet de l’Etat. Il y a mis de la conviction mais surtout beaucoup d’engagement. A telle enseigne qu’une partie de l’opinion commençait à se ranger à la fatalité d’un autre mandat pour Bouteflika.
Cependant, l’image dans laquelle ce dernier est apparu à l’occasion de son dernier Conseil des ministres a tout fait s’écrouler. Depuis, la candidature de Bouteflika apparaît comme une chimère. Elle le serait, au demeurant, puisque même Abdelaziz Belkhadem se découvre une ambition, lui qui déclarait un jour que si Bouteflika venait à renoncer à briguer un autre mandat alors il s’alignerait lui-même dans la course. Ancien secrétaire général du FLN, il peut toujours compter sur ses réseaux. D’ailleurs, pour saisir le pouls, il organise, dit-on, une agape tout prochainement.
On le sait, Belkhadem n’est pas homme à désirer rivaliser avec Bouteflika. S’il se rend à l’initiative de prospecter les restants d’affinités au sein du FLN, c’est qu’il est assuré de ne pas devoir croiser le fer avec Bouteflika. Idem pour un Mouloud Hamrouche qui a vécu dans l’attente de son heure de gloire.
Lui aussi n’est pas homme à se lancer tête baissée dans l’aventure. S’il se prépare à s’engager dans la course, c’est qu’il est rassuré qu’il n’aura pas à affronter Bouteflika mais surtout qu’il peut compter sur le concours du FLN ainsi que celui en appoint du FFS. La même remarque vaut pour Ali Benflis qui a toujours ses attaches au sein du FLN. C’est dire qu’en avril 2014, le FLN pourrait connaître une situation inédite de son histoire. La logique d’appareil pourrait ne pas fonctionner.
Sofiane Aït-Iflis





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