A force d’abnégation, on finira toujours par
s’affirmer, s’imposer. Adlène Bouabache, jeune beur établi dans la
région parisienne, savait bien que le chemin est long. Et qu’en France,
le parcours pour atteindre les cimes est sinueux, parsemé d’embûches.
Non pas que le métier d’entraîneur soit aussi contraignant qu’exigeant.
Pour ce jeune éducateur formé à la bonne école, l’INF de Clairefontaine
en l’occurrence mais également au Creps Ile-de-France, d’autres
barrières se dressaient sur sa route et celles-ci n’ont rien à voir avec
ses compétences. Bouabache Adlène, la trentaine (il est né le 25 juin
1983), est éducateur de football au sein du PS-G et exerce ses talents
de formateur de jeunes à Gennevilliers. Une double occupation
professionnelle qu’il mène avec amour et engagement. C’est d’ailleurs
son mode de vie depuis qu’il a obtenu ses diplômes de l’INF de
Clairefontaine, exactement en 2001. Bientôt sept années et une envie de
réussir toujours intacte. Grandissante. Un quotidien chargé qui
n’empêche pas ce jeune éducateur de servir, à sa manière, les
footballeurs en herbe du pays d’origine. Du patelin d’où sont
originaires ses aïeux, Tadmaït pour ne pas se perdre dans les cours de
géographie. La petite commune frontalière au chef-lieu de wilaya de la
cité des Genêts, Tizi-Ouzou, l’accueille depuis deux ans pendant
quelques matinées très instructives. Les éducateurs des écoles de
football de la région, mais pas seulement, suivent ses pas, gestes et
regards. Les «classes Bouabache» ouvertes en décembre 2012 attirent du
monde. Le conférencier y met toujours du cœur à l’ouvrage. Les thèmes
développés sont consacrés à la formation de joueurs de jeunes catégories
école (6-12 ans), ceux de la tranche d’âge des 12-15 ans et les U17.
Chaque conférence est suivie de débats aussi chauds qu’instructifs.
Conférencier et auditoire semblent en transe, en communion et le contact
périodique est prolongé à travers les NTIC. «J’habite en France mais les
contacts avec mes élèves sont permanents. Il ne se passe un jour sans
que je reçois des communications téléphoniques, mails et autre courrier
où il m’est demandé des précisions, des compléments et de la
documentation étayée», relève Adlène Bouabache qui annonce qu’il
reviendra encore cette année à Tadmaït, et d’autres contrées où ses
cours peuvent apporter l’éclairage espéré, pour mettre à disposition ses
idées et projets. «Cette année, je compte organiser trois conférences
pour clôturer le cycle entamé en 2012. Elles seront consacrées à la
formation des jeunes âgés entre 16 et 18 ans », précise-t-il.
Le jeune éducateur qui ne s’est pas empêché d’offrir lors de son dernier
passage (décembre 2013) des équipements aux écoliers de la JST (Jeunes
Footballeurs Tadmaït), geste très apprécié par les dirigeants de club
(ce dernier a fêté son cinquième anniversaire), entend poursuivre son
cycle sous d’autres cieux, en Algérie. «L’éducateur algérien est très
curieux à ce qui se fait de mieux ailleurs en matière de formation. Ils
sont avides en connaissances. Mon projet est d’investir davantage»,
révèle Adlène Bouabache qui assure que ses recherches intéressent de
nombreuses fédérations africaines qui ont apprécié ses travaux. La
fédération du Cameroun l’a même sollicité pour animer des stages à
Douala dans les mois à venir. Mais le souhait de Bouabache est de
renouer avec la DTN/FAF pour contribuer au développement du football
algérien. «J’ai déjà failli me lancer dans le bain avec l’ex-DTN,
Boualem Laroum, mais l’expérience qui consistait à faire du consulting a
été retardée du fait que mon programme à l’époque était chargé et que je
ne pouvais pas me libérer. Par la suite, le contact s’est coupé et M.
Laroum a dû quitter ses fonctions à la FAF. Je reste pour autant à la
disposition du nouveau DTN et surtout des footballeurs en herbe de mon
pays. Ça me chagrine que notre football dépende à 95% du travail
effectué par les écoles françaises de formation. Je pense qu’il est plus
indiqué de former nos futurs champions sur place et sur la base des
spécificités algériennes au lieu d’importer du produit fini qui n’est
pas forcément le meilleur», conclut-il.
M. B.