Une réelle stratégie de relance et de développement
industriels fait encore défaut, selon des experts et consultants.
Hier, en marge d’une table ronde que devait organiser le quotidien DK
News, le consultant en économie industrielle, Rédha Amrani, a estimé
qu’une absence de vision est patente.
Certes, une stratégie ou plusieurs stratégies et plans de relance
industrielle sont évoqués depuis au moins sept ans, sous la conduite des
trois ministres successifs de l’Industrie et de la Promotion de
l’investissement (Hamid Temmar, Mohamed Benmeradi et Cherif Rahmani) et
depuis l’année dernière sous la direction d’Amara Benyounès, en charge
du Développement industriel. Au-delà des volontés affichées, des
résultats conjoncturels réalisés ou des actions envisagées et/ou
impulsées, des stratégies qui suscitent cependant des questionnements,
des constats critiques.
Et ce, dans le contexte où l’industrie nationale demeure encore
sinistrée, malgré les différents programmes lancés en matière de mise à
niveau, de modernisation des filières et de développement de
partenariats notamment.
«Il faut une vision. Une organisation. Des objectifs. Des actions
opérationnelles également», dira Rédha Amrani. «Veut-on réellement et
que veut-on effectivement ? s’interroge ce spécialiste des questions de
restructuration industrielle.
Il rappellera opportunément ainsi l’acceptation guerrière de la
stratégie en tant qu’art de diriger et de coordonner des actions pour
atteindre un objectif.
Une organisation, une planification et une définition d’objectifs, selon
les moyens disponibles et potentiels, l’évolution notamment
socioéconomique au niveau national mais aussi régional et mondial, ainsi
que la fixation d’échéanciers et un suivi optimal, constituent des
prérequis, des conditions, estime-t-il.
Ce qui suppose également l’absence d’«amateurisme» et de vision courte
ou liée à des intérêts précis, mais aussi le recours aux compétences. En
ce sens, l’universitaire et politologue Abdelhak Mekki, tout en
acquiesçant à cette assertion, estime ce faisant qu’une stratégie
industrielle ne peut s’opérer en déphasage avec l’évolution en cours à
l’échelle mondiale.
«Aucune stratégie industrielle ne peut s’opérer sans suivre ce qui se
passe dans le monde», dira cet universitaire, estimant tacitement que la
direction adoptée en Algérie en matière de redéploiement du tissu
industriel doit être revue. Selon ce politologue, la dynamique en cours
dans le monde ne se base pas sur la relance de «vieilles unités» mais
certainement sur le développement humain, la formation. La formation
professionnelle dédiée aux nouvelles stratégies industrielles, il devait
en être justement question lors de cette table ronde. A ce propos, le
consultant et spécialiste en management et accompagnement des PME, Idris
Yalaoui, favorable par ailleurs à la nécessité de se tracer un dessein
et d’agir de manière efficiente, estime que la formation professionnelle
«doit être basée sur des fondamentaux liés aux besoins de la société et
de l’entreprise en particulier». Il s’agit, concernant justement
l’entreprise, d’exprimer des besoins précis en main-d’œuvre qualifiée.
«Pour cela, l’entreprise doit fournir des indications précises liées aux
besoins de la ressource humaine», dira Idris Yalaoui. Des indications
qu’il détaille en termes de référentiel métier – compétence, une fiche
d’emploi, le détail de l’activité et les profils exigés pour exercer
l’activité.
Or, «ce sont ces détails qui font défaut aujourd’hui et qui creusent un
fossé entre la formation dispensée et les besoins de l’entreprise»,
observe ce spécialiste, prônant une meilleure adéquation entre la
formation délivrée par les instituts et centres professionnels et
autres, les besoins des entreprises et la gestion active et proactive
des ressources humaines dans et hors l’entreprise.
Chérif Bennaceur