Les producteurs de lait privés craignent que leurs
unités ne disparaissent devant le processus de passage au
conditionnement en pack qui, protestent-ils, «se prépare en circuit
fermé».
Mehdi Mehenni – Alger (Le Soir)
Lors de l’assemblée extraordinaire du Comité interprofessionnel du
lait (CIL), tenue ce mardi à Alger, les producteurs privés ont été
catégoriques : «Il y a de gros bonnets qui préparent des lignes de
conditionnement de lait en pack et il semble que nous sommes les
derniers à avoir pris connaissance d’un processus vraisemblablement déjà
en marche».
En effet, les transformateurs privés craignent que les pouvoirs publics
ne les mettent au moment venu devant le fait accompli pour abandonner le
lait en sachet polyéthylène alors que d’autres qui avaient déjà
l’information ont eu largement le temps de se préparer. «Nous pensons
que la décision du Premier ministre de passer au conditionnement du lait
en pack dans un délai de trois mois n’est pas fortuite… On comprend par
là que cette démarche a été réfléchie, il y a bien longtemps et qu’il y
en a qui se préparent pour se partager le marché une fois que nos unités
disparaîtront», ont relevé les participants à la rencontre. En effet,
pour l’acquisition d’une machine de conditionnement en pack, il faut
compter plus de huit mois, et la décision du Premier ministre qui,
suivant ses dires, sera applicable dans les trois prochains mois, mettra
fin à l’existence de plusieurs unités de production.
Puis il y a la question de savoir combien le prix du litre de lait
coûtera. Pour cela, Abed Larbi, membre du C Il et producteur privé,
contacté hier, explique que tout dépendra du niveau de la subvention de
l’Etat. «Le pack en carton vide coûte entre 13 et 18 DA. Actuellement l’Onil
achète le kg de poudre de lait à 500 DA sur le marché international et
le cède aux unités de transformation publiques et privées à 159 DA. Pour
un litre de lait, il faut un taux d’intégration de poudre de 103
grammes. Ce qui revient à 16,5 DA rien que pour la matière première. Si
l’on ajoute les charges d’exploitation qui tournent autour de 7,5 DA et
la marge de bénéfice qui varie entre 5 et 10 DA, le produit fini sera
cédé aux consommateurs au prix de 45 dinars au minimum», indique-t-il.
Par contre et dans le cas où il n’y aura pas de subvention, notre
interlocuteur affirme que le prix du litre de lait en pack sera de 85 à
90 DA. Interrogé s’il y a réellement de grandes lignes de
conditionnement qui se préparent en sourdine, ce dernier se contentera
de déclarer : «S’il y a effectivement un passage au conditionnement en
pack nous souhaitons seulement que soyons associés au processus, car
nous sommes les premiers concernés». Sans quoi conclut-il : «Nous nous
retrouverons la clé sous le paillasson».
M. M.