A Ghardaïa, le brasier tarde à complètement
s’éteindre. Le renforcement du dispositif de sécurité, décidé après que
les affrontements intercommunautaires se furent soldés par une mort
d’homme, n’a pas sonné la fin des hostilités. Mardi, en début de soirée,
un jeune homme a été grièvement poignardé au quartier Okba.
Sofiane Aït Iflis — Alger (Le Soir) — La victime, dont la blessure est
jugée grave, a été transportée dans un hôpital de la ville où des soins
intensifs lui sont prodigués. Nos sources à Ghardaïa attestent qu’un
jeune Mozabite a été blessé d’un coup de couteau alors qu’il était
occupé à des travaux de champs. Cette agression, la seconde du genre,
après celle de dimanche dernier qui a malheureusement coûté la vie à un
père de famille, a relancé de nouveau les affrontements entre Mozabites
et Chaâmbis. Ces affrontements sont survenus peu après 18 heures dans le
quartier Okba. La police, pourtant déployée en force aux quatre coins de
la ville, est intervenue, tardivement, déplore un notable mozabite joint
hier par téléphone, sans pour autant faire revenir le calme. Il aura
fallu que la gendarmerie intervienne pour que cessent les hostilités.
La tension était demeurée vive toute la nuit. Les craintes de voir
éclore de nouveaux foyers de violence étaient réelles. Et Ghardaïa, aux
prises avec les violences intercommunautaires depuis plusieurs jours,
s’est réveillée le mercredi matin avec autant de peurs qu’elle s’était
endormie.
L’enterrement de Kebaïli Balhadj, assassiné dimanche dans la palmeraie
de Touzouz, était prévu aux premières heures du jour. Finalement, ses
obsèques ont eu lieu dans la douleur certes mais sans violences.
Craints, les débordements ne se sont pas produits, grâce notamment au
service d’ordre mis en place par les Mozabites. Si la journée d’hier n’a
pas connu d’échauffourées ni d’affrontements, la tension, elle, est
restée perceptible. Les habitants de Ksar Mélika, des Mozabites, se sont
rassemblés devant le siège de la Wilaya qui, du fait, est resté fermé.
Ils réclament, outre la sécurisation des biens et des personnes, le
relâchement des jeunes du Ksar interpellés par les services de sécurité
suite aux violences des jours passés. Ils sont encadrés par un important
dispositif de policiers.
Les habitants du quartier de Thniet El Makhzen, communauté arabophone,
étaient rassemblés, eux, au niveau de l’un des carrefours du quartier,
bloquant la circulation automobile. La police, qui a pris position aux
alentours du carrefour, hésitait encore en début d’après-midi à les
faire disperser. Une attitude que les Mozabites disent ne pas
comprendre.
D’ailleurs ils maintiennent de revendiquer l’ouverture d’une enquête sur
les comportements de la police pendant les affrontements de la semaine
dernière. La Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a reconnu
qu’il y a eu des cas d’indiscipline parmi les policiers déployés à
Ghardaïa et qu’elle allait prendre des sanctions.
S. A. I.