L’élection présidentielle du 17 avril prochain
n’emballe pas le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD).
Le conseil national du parti, réuni hier en session ordinaire, s’est
prononcé, à l’unanimité de ses 256 membres, et après plus de quatre
heures de débats, pour le boycott de l’échéance, jugée déjà compromise.
Ce boycott n’aura pas d’incidence sur les concertations que le parti a
menées avec d’autres formations politiques, a précisé le chargé de la
communication du parti.
Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir)
La décision du RCD ne devrait pas surprendre les observateurs
attentifs de la scène politique nationale, tant le parti avait déjà posé
et revendiqué les conditions pour un scrutin libre. Une demande que le
gouvernement a rejetée, maintenant les mécanismes traditionnels pour
l’organisation et la supervision des élections. Le RCD a, donc, choisi,
conséquemment, de ne pas s’impliquer dans un jeu qu’il considére fermé.
Dans son propos liminaire aux travaux de la session du conseil national,
le président du parti, Mohcine Belabbas, a souligné que l’échéance
présidentielle censée consacrer une rupture avec les pratiques
frauduleuses en cours depuis 1962 par une légitimation populaire qui en
appelle à un scrutin libre est encore compromise», ajoutant que
«l’élection de cette année n’est rien d’autre qu’une tromperie
continuellement reproduite». Ce constat s’en trouvera partagé par les
membres de l’instance délibérante du parti qui, à l’issue d’intenses
débats, lui donneront un prolongement concret et pratique en votant
l’option du boycott. Pour le RCD, tout indique que le système se prépare
à maintenir en poste le Président Bouteflika, en dépit de sa maladie
convalescente. «Ce sont les médecins d’une puissance étrangère — dont le
Premier ministre récemment gratifié de contrats scandaleusement
préjudiciables pour l’Algérie a commis un faux témoignage envers le
peuple algérien — qui délivreront le certificat médical attestant des
capacités physiques et mentales du candidat du système», a relevé
Mohcine Belabbas qui n’a pas manqué de rappeler que, par ailleurs, la
demande du RCD de dessaisir le ministère de l’Intérieur de la gestion
des élections et l’institution d’une commission de gestion permanente et
autonome, bien qu’ayant été reprise par plus de 40 partis politiques et
d’autres personnalités, a été ignorée et rejetée. «Le flou et l’opacité
qui ont prévalu durant toute cette période sur la présidentielle d’avril
2014 sont un signe de plus sur le refus de l’alternance déjà consacré à
travers le viol de la Constitution en 2008.» Evoquant la situation
générale du pays durant l’année écoulée, le président du RCD a affirmé
que «si elle a été singulière et tragique au regard des différents
événements qui l’ont marquée, elle ponctue, au fond, dans la confusion
et l’incertitude trois mandats qui ont ébranlé et profondément
destructuré le pays». Cela sur tous les plans, y compris sécuritaire
avec l’attaque de Tiguentourine. Pour Mohcine Belabbas, cette attaque
«renseigne sur l’insécurité qui continue de régner sur nos frontières en
l’absence d’un service de renseignement qui accomplit ses missions de
contre-espionnage et de lutte contre le crime économique au lieu de
sévir en tant que police politique».
Au plan politique, le président du RCD a relevé que «l’hospitalisation
de plus de trois mois du chef de l’Etat dans un hôpital français a
aggravé l’état de convalescence politique dans lequel est rentré le pays
depuis sa première admission dans le même établissement en 2005» et que
«le débat sur la Constitution annoncé depuis le 15 avril 2011 a été
réduit aux artifices permettant de prolonger la durée de vie d’un
système condamné par l’Histoire. L’Assemblée nationale issue de la
fraude électorale d’avril 2012 est devenue une structure budgétivore
sans aucune influence sur le cours des événements. Le Conseil de la
nation est transformé en maison de retraite pour les acteurs de
l’échec».
S. A. I.