
Soirmagazine : C’est ma vie
Le tombeur de ces dames (2e partie)
Par Naïma Yachir
Souhila, décidée de revoir à tout prix Wahab, a, pour la première fois,
séché son TD(travaux dirigés). Elle s’installe à la bibliothèque et
l’attend. Elle a appris par Assia, son binôme, qu’il s’était absenté
quelques jours pour régler un problème familial.
Ne voulant surtout pas le rater, Souhila pointa à 8h30 devant la salle.
«Vous êtes bien matinale», lui lance, surpris, le gardien avant d’ouvrir
la porte. Elle fut la première à pénétrer dans la bibliothèque. Elle
choisit une place stratégique, prit son livre et attendit patiemment.
12h, pas l’ombre de Wahab. Dépitée, elle ramasse son ouvrage, se dirige
vers la sortie, quand elle l’aperçut. Prise au piège, elle ne pouvait
rebrousser chemin. Ils se croisent, se saluent, puis chacun suit son
chemin. Souhila, les nerfs à fleur de peau, s’en mordit les doigts.
«Mais quelle idiote je suis ! Qu’est-ce que ça m’aurait coûté de lui
dire merci ?»
Elle n’est pas arrivée au bout de sa pensée que Wahab, surgissant de
nulle part, lui tapote l’épaule.
- Au fait, tu ne m’as pas dit comment s’est passé ton examen ?
- Très bien, justement, on voulait te remercier mon binôme et moi. Grâce
à toi, nous avons eu la meilleure note. - Eh bien, pour fêter la bonne
nouvelle, je t’invite à prendre un thé à la cafétéria.
Ne se sentant plus de joie, Souhila accepte. Ils s’installent. Wahab
passe commande et, à brûle-pourpoint, entame sa sérénade. Souhila est
toute ouïe. Son séducteur, rusé comme un renard, ne lui fera pas
d’éloges sur ses magnifiques yeux noisette ni sur ses beaux cheveux
soyeux, mais parlera plutôt de ses cours, des synthèses qui approchent,
et se porte volontaire pour l’aider dans ses révisions. Elle n’en croit
pas ses oreilles, acquiesce et se confond en gratifications. Il lui
donne rendez-vous le lendemain à la bibliothèque, la quitte en lui
promettant que désormais elle n’avait plus à s’en faire. «Je serai ton
serviteur», lui dit-il avec des yeux libidineux. «Excuse-moi, je dois
filer, j’ai une réunion avec mon directeur.» Sa joie sera cassée quand
Fayçal, son amoureux transi, se dirige vers elle sous les yeux ahuris de
Wahab. «Celui-là se croit malin. Souhila tu ne l’auras jamais tant que
Wahab est vivant.» Agacée, elle tente de quitter les lieux, mais Fayçal
insiste pour qu’elle lui accorde quelques minutes d’attention. Il prend
son courage à deux mains, le visage rouge de colère lui annonce sans
ambages : «Souhila, je suis un garçon sérieux, et j’ai des intentions
honnêtes. Je voudrais demander ta main. Bien sûr, tu ne vas pas de me
répondre sur- le-champ, tu as tout le temps de réfléchir. Je suis
patient, j’attendrai le temps qu’il faudra.» Souhila tomba des nues. «Ma
parole, il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Et moi qui voulais le
prendre pour ami.» Elle décide de rentrer chez elle, mettre un peu
d’ordre dans ses idées. Fayçal insiste pour la conduire dans son
rutilant 4x4. Elle céda et garda le silence tout au long du trajet.
Ne voulant pas l’importuner, Fayçal ne prononcera pas un mot. Elle
sortit de son mutisme lorsqu’elle se rapprocha de son quartier.
«Dépose-moi là, je ne veux pas que mes frères me voient.» Il s’exécuta
tout en lui précisant : «Je n’ai rien à cacher, justement, j’ai envie de
les rencontrer.»
Elle le quitte, bouleversée. «Mon Dieu, il n’a pas compris qu’il ne
pourra jamais devenir mon mari, que je le considère comme un ami, sans
plus.» Elle rentre chez elle, s’enferme dans sa chambre et pense déjà à
Wahab qu’elle doit rencontrer le lendemain.
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