Pas de vivats pour Amar Saâdani, auteur, lundi, de
graves accusations à l’encontre du patron du renseignement, le général
Médiene, dit Toufik. Les voix, partisanes ou autres, qui s’y sont
exprimées, ont été dans leur majorité celles adverses. Point de
soutiens.
Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir)
Après sa signature d’une virulente diatribe à l’encontre du général
Toufik, Amar Saâdani ne s’est pas vu submerger par les élans de
sympathie. Pourtant, il a dû en avoir attendu, même s’il ne devait pas
ignorer que, de par sa position de premier responsable du FLN, dont la
désignation est, de surcroît, contestée, sa sincérité est sujette à
caution.
Pas surprenant, cependant, qu’Amar Saâdani se retrouve solitaire sur la
ligne de front. Sa sortie, même si elle repose les termes d’un débat
autour du rôle et des missions des services de renseignements, reste,
aux yeux des acteurs politiques et des observateurs, hautement suspecte.
Dès lors qu’elle est endossée par le premier responsable du parti-Etat,
élément central du système politique algérien, la démarche ne participe
pas nécessairement d’une œuvre salutaire pour le pays. Elle traduit plus
une difficulté conjoncturelle à cohabiter qu’elle ne projette une
quelconque perspective démocratique, la reconduction de Bouteflika pour
un 4e mandat n’étant pas elle-même, loin de là, un gage d’émancipation
démocratique. Même s’il s’en trouve parmi la classe politique nationale
qui est d’avis que les services de renseignements doivent se départir du
rôle de police politique, ce n’est pas pour autant qu’il accourra pour
apporter son appui à Amar Saâdani, avec le risque inévitable d’aider à
la reconfiguration des rapports de force au sommet au profit du clan
présidentiel. Un clan qui s’emploie avec méthode à dégager à nouveau le
chemin de la présidence devant le candidat Bouteflika. D’aucuns
pourraient alors rétorquer pourquoi les nombreux adeptes du 4e mandat
pour Bouteflika se sont fait discrets, laissant Saâdani encaisser seul
les contrecoups de sa bravade. Il en va de la stratégie, répondraient
les observateurs avertis de la scène politique nationale. Dans pareille
bataille, à l’évolution incertaine, le repli s’intègre forcément comme
élément de stratégie.
C’est pour cela d’ailleurs que tout est fait pour que les attaques
répétées de Saâdani contre le DRS n’apparaisse pas comme des manœuvres
assumées par le clan présidentiel. D’où, d’ailleurs, cette distance
observée, publiquement, du moins, par rapport à la sortie de Saâdani.
Cette attitude présente l’avantage de tirer profit de la montée au front
de Saâdani sans devoir éventuellement souffrir de sa déroute. Pour faire
vrai, Saâdani ne répète-t-il pas, au demeurant, qu’il ne preste pour
personne, même pas au nom du FLN.
S. A. I.