Après le rejet par le bureau de l’Assemblée populaire
nationale (APN) de son projet portant proposition d’amendement de la loi
électorale pour instituer une instance indépendante à laquelle sera
confiée l’organisation des élections, le Front de la justice et du
développement (FJD) de son leader Saâd Abdallah Djaballah a tiré ses
conclusions : il n’y a aucune garantie pour une élection libre et
transparente, le boycott s’impose de lui-même.
«Le Conseil consultatif (Madjlis Echoura) décidera plutôt si ce boycott
sera actif ou passif. Nous allons publier un communiqué demain
(aujourd’hui, ndlr) pour l’annoncer officiellement», a ironisé Lakhdar
Benkhallef, numéro 2 du FJD, hier, avant l’entame des travaux de la
session ordinaire de l’instance délibérante du parti, tenue hier, au
siège national à Baba Hassen. Dans son allocution d’ouverture, Djaballah,
lui, a disserté longuement au sujet du concept du pouvoir et ses
extrapolations sur les institutions dans un Etat démocratique, il
évoquera ainsi le principe de séparation des pouvoirs et celui du
contrôle politique et judiciaire sur l’action du gouvernement. Et ce,
avant de commenter l’actualité politique et son lot de déballage. «Un
proche de l’ancien Premier ministre sous Chadli, Abdelhamid Brahimi, m’a
confié lors de mon dernier voyage à Londres qu’il s’est vu signifier un
rejet à sa demande de renouvellement de passeport parce qu’il a refusé
de se déjuger par rapport à ses déclarations fracassantes quantifiant
les détournements de fonds à l’époque à 26 milliards de dollars. Un
vilain marchandage qu’on lui a fait subir à son âge avancé (près de 78
ans) et sa maladie. Cela ne m’étonne pas ! Et pour cause, les
révélations du général à la retraite Benhadid il y a deux jours, parlant
de 50 milliards n’ont pas suffi à amener la justice à s’autosaisir
malgré la gravité du propos. Ni les citoyens à manifester dans la rue du
reste ! Profitant de cette démission générale des citoyens, les actuels
dignitaires du système politique s’affrontent justement pour s’assurer
de l’impunité pour les cinq ans à venir. En attendant de trouver un
moyen de s’en sortir», a-t-il indiqué. Et de s’interroger : «De quel
droit revendiquent-ils un quatrième mandat ? Pour le bien qu’ils ont
apporté au pays ? Les élections de 1991 étaient de loin les plus
transparentes depuis l’ouverture au pluralisme politique. Un quart de
siècle après, les choses ont évolué vers le pire. Personnellement, je ne
vois aucune amélioration.»
L. H.