«Arrêtons la mascarade.» C’est l’intitulé de la
déclaration rendue publique hier, par les animateurs d’initiative pour
la refondation démocratique (IRD). La question des présidentielles, mais
surtout la candidature du président sortant ont occupé l’essentiel du
communiqué.
Les rédacteurs de la déclaration, à savoir Badaoui Ahmed, Mira Tarik,
Moula Ramdane, Ouazar Hamid, Si Mohamed Baghdadi, considèrent que
l’annonce de la déclaration de candidature du chef de l’Etat sortant à
sa propre succession «met en évidence la violation de l’esprit et de la
lettre des règles régissant cette élection centrale au plan
institutionnel».
Selon la même source, «s’il restait encore un soupçon de crédibilité à
la prochaine élection présidentielle, la déclaration de candidature du
chef de l’Etat sortant, à sa propre succession, lève toute ambiguïté».
«L’esprit voudrait que ce soit l’intéressé lui-même qui fasse sa propre
déclaration car une élection présidentielle est un contrat entre le
candidat et le peuple. Les rédacteurs du communiqué indiquent que «la
lettre est violée du fait que le président de la commission électorale,
et tout à la fois Premier ministre, est tenu à la neutralité et donc au
devoir de réserve».
Et d’ajouter : «L’acceptation par le Conseil constitutionnel de la
remise du dossier de candidature de Bouteflika en son absence est la
preuve supplémentaire de la partialité de cette instance de régulation
censée être le juge. Tout cela n’est pas surprenant du fait que le
système en place a vécu en toute anticonstitutionnalité depuis sa mise
en place. La loi n’est pas la norme à respecter, mais un moyen pour
détourner le sujet, instrumentaliser les situations et justifier
l’invraisemblable.»
Constitués de personnalités venues d’horizons politiques divers, les
signataires du document considèrent d’ores et déjà que «l’élection
présidentielle est truquée comme les précédentes. L’échéance de cette
année ajoute à la récurrence de la fraude, l’absurdité d’une candidature
fantomatique. Cautionner ce grossier jeu de dés pipés reviendrait à
apporter son soutien à un système parvenu au terme de sa logique
mortifère. Miser sur le sort qui viendrait contrarier l’ambition du
Président sortant est inefficace politiquement et inacceptable au plan
de l’éthique. Il est encore temps pour que les candidats se retirent de
cette mascarade». Enfin, dans le document, il a été plaidé pour que
«l’Algérie bénéficie d’un autre système de légitimation devant être issu
d’une transition, en dehors des mécanismes que l’administration
s’emploie à rendre crédibles. Mais plus personne n’est dupe. Les phases
émanant du mouvement national et de l’arrêt du processus électoral sont
terminées». Et de conclure : «Il est donc temps d’ouvrir d’autres
perspectives qui garantissent à l’Algérie une entrée graduelle,
pacifique et consensuelle vers la démocratie et l’Etat de droit. L’une
des conditions majeures pour aborder cette phase est de laisser le
candidat imposé, malgré tout, par le système, face à lui-même.»
A. Bettache