Actualités : Front du boycott du scrutin présidentiel
Sit-in empêché par la police


La police, déployée en renforts considérables, a empêché le déroulement, hier, à l’endroit prévu, du sit-in auquel avait appelé la coordination nationale pour le boycott. Les animateurs de la coordination n’ont pu accéder à l’esplanade du monument aux martyrs, Maqam El Chahid. Et c’est à même la chaussée qu’ils ont tenu le sit-in.

Sofiane Aït Iflis — Alger (Le Soir)
La répression des manifestations de l’opposition, qui rejette le processus électoral et appelle au boycott du scrutin du 17 avril, accompagne le coup de force électoral.
L’empêchement du sit-in de la coordination national pour le boycott, prévu hier sur l’esplanade du Maqam Echahid, en donne la preuve supplémentaire. La police s’était déployée depuis les premières heures du jour pour bloquer l’accès à l’esplanade du monument aux martyrs.
Le dispositif était impressionnant également aux alentours du monument. En amont, les barrages routiers se chargeaient de filtrer les accès à la capitale. Aux abords du Maqam Echahid, la circulation automobile est maintenue. Des policiers se chargeaient de pousser sur les trottoirs les petites grappes de manifestants qui commençaient à se former dès 10 heures du matin, soit une heure avant l’horaire prévu pour le sit-in.
Soufiane Djilali, le président de Jil Jadid, qui s’est retiré de la course électorale, après avoir été candidat à la candidature, attendait, un brin nerveux, en compagnie de quelques cadres de son parti, l’arrivée du reste des animateurs du front pour le boycott.
D’un peu plus haut, également entouré des cadres de son parti, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, entreprenait sa marche vers le lieu du sit-in, pancartes où était inscrit le seul mot d’ordre du boycott brandies.
Frémissements dans les rangs des policiers positionnés en contrebas. Une escouade de policiers s’élance pour contrer Belabbas et son groupe. Une première mêlée, qui sera vite suivie d’autres, notamment lorsque le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrazak Mokri, et le secrétaire général d’Ennahda, Mohamed Douibi, foncent, entourés chacun par des cadres de son parti, pour fusionner avec le groupe conduit par Belabbas Mohcine. Vaine tentative de forcer le cordon de sécurité. Au bout d’une interminable bousculade avec la police, les animateurs de la coordination nationale pour le boycott décident de tenir le sit-in à l’endroit même où la police tentait de les contenir. Il ne manquait que le président du Front de la justice et du développement (FJD), Abdallah Djaballah, dont l’arrivée sera un peu tardive.
Alignés, debout face aux manifestants, Mohcine Belabbas, Mohamed Douibi, Abderrazak Mokri, Soufiane Djilali, Ahmed Benbitour procèdent à des courtes prises de parole. «Nous sommes ici pour une halte de protestation pacifique. Elle sera suivie par d’autres. Nous userons de tous les instruments de lutte politique, dont les manifestations et les meetings populaires», entonne Mohcine Belabbas d’une voix enrouée.
Abderrazak Mokri enchaîne avec la lecture de la déclaration de la coordination. «C’est une halte d’honneur et de conscience pour sensibiliser le peuple sur les dangers de la situation. Elle vise à concrétiser l’appel au boycott électoral, attitude dont la justesse est prouvée par les développements successifs que connaît la scène politique.»
Soufiane Djilali met l’accent, pour sa part, sur la nécessité de renforcer cette dynamique de contestation du «coup de force électoral». «On a démontré que ce pouvoir est un pouvoir répressif», invite-t-il à noter.
Ahmed Benbitour dira, lui, que c’est pour l’Algérie qu’ils se mobilisent ainsi, avant que Mohamed Douibi n’enchaîne lui avec un appel au peuple à rejeter l’élection présidentielle.
Arrivé légèrement en retard, Abdallah Djaballah prêche, patient, le changement qui doit passer par la disqualification du processus électoral.
Partisan du boycott, le général à la retraite Mohamed Yala a, lui, joint l’acte à la parole en prenant part au sit-in.
Les prises de parole se sont terminées par l’entonnement en chœur de l’hymne national et des chants patriotiques. Le rendez-vous est pris pour le méga-meeting à la salle Harcha, le vendredi 21 mars.
S. A. I.





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