Actualités : Sortie médiatique de Liamine Zeroual
Les partis politiques partagés
La sortie médiatique de l’ex-président de la
République, Liamine Zeroual, après quinze années de réserve, qu’exige
son statut, n’a pas manqué de susciter la réaction de la classe
politique nationale. Si certains, comme Ali Benflis, se reconnaissent
entièrement dans sa déclaration, d’autres, à l’exemple du MSP et Jil
Jadid, ne partagent pas son avis quant à la solution qu’il prône pour
une transition démocratique : le passage par les urnes. Restent ceux, et
pour ne citer que le PT, qui n’ont pas oublié la plus grande fraude
électorale de toute l’histoire de l’Algérie, à savoir les législatives
de 1997.
DjelLoul Djoudi, chargé de communication du PT :
«Nous n’avons pas oublié la fraude de 1997»
«C’est un personnage qui a son poids et son avis compte, pour avoir
dirigé le pays pendant une période sensible. Après chacun son opinion,
le Parti des travailleurs est pour la liberté d’expression. Lorsque
l’ex-président de la République, Liamine Zeroual, parle de rupture avec
les pratiques du parti unique, nous nous reconnaissons dans son
discours, à plus forte raison que le PT milite depuis longtemps pour la
deuxième République. Mais quand M. Zeroual avance que c’est grâce à l’ANP
que l’Algérie a renoué avec le calme et la stabilité, nous ne sommes pas
d’accord là-dessus. D’abord, parce qu’il y a eu le sacrifice du peuple,
à savoir le simple citoyen. Ensuite, l’option du tout sécuritaire
adoptée à son époque avait montré ses limites, pour ne pas dire n’a pas
donné ses fruits. Il fallait donc une solution politique et notre parti
l’avait déjà relevé pendant les années 1990… pour avoir participé aux
négociations de Sant’Egidio. Maintenant, et sur un autre chapitre, si
l’ex-président de la République évoque l’importance de la transparence
des élections, il faut quand même se rappeler de la plus grande fraude
électorale de l’histoire de l’Algérie qui a eu lieu pendant les
législatives de 1997, avec un parti comme le RND qui a raflé la mise
après seulement trois mois d’existence. Quant à la question de la
démocratie, le PT n’a pas oublié l’histoire de ses listes électorales
des communales et APW de 1997 qui ont été rejetées par rapport à notre
programme qui prônait la paix à travers la solution politique.»
Zineddine Tebbal, porte-parole du MSP :
«Nous ne sommes pas d’accord sur la solution par les urnes»
«Nous partageons parfaitement la lecture qu’a faite l’ex-président de la
République, Liamine Zeroual, de la gravité de la situation politique que
traverse le pays, et pas seulement. Son analyse est très proche de la
nôtre. Mais à la différence, et lorsque M. Zeroual appelle le peuple à
voter massivement pour changer le cours des choses, c'est-à-dire contrer
le quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, nous ne partageons pas son
avis. Le MSP pense que ce n’est pas la solution adéquate, du moment que
les jeux sont faits d’avance et les échéances du 17 avril 2014 ne sont
qu’une simple formalité.»
Sofiane Sakhri, porte-parole de Jil Jadid :
«Nous condamnons autant que lui le viol de la Constitution»
«Nous respectons beaucoup la personne de Liamine Zeroual, pour avoir
gouverné le pays pendant sa plus critique période que sont les années
1990. Lorsque l’ex-président de la République condamne la violation de
la Constitution en 2008 et évoque l’importance de l’alternance au
pouvoir, nous partageons entièrement son avis. C’est pour dire que Jil
Jadid s’inscrit même dans cette logique. Mais si M. Zeroual espère
toujours un changement à travers les urnes, nous ne sommes pas d’accord
là-dessus, car cette fois-ci, nous ne sommes plus dans un processus
électoral mais dans un coup d’Etat.»
Ali Benflis, candidat à la présidentielle :
«Je m’associe pleinement à son appel»
«Le président Liamine Zeroual n’a pas agi seulement en qualité d’ancien
chef d’Etat mais également en tant que patriote, conscient de la gravité
de la situation et soucieux de la stabilité de l’Algérie qu’il a servie
avec courage, intégrité et dévouement. Il fait le diagnostic. Il fait le
diagnostic d’un sage de la Nation qui a dirigé notre pays dans ses
moments les plus difficiles depuis l’indépendance. Il propose une issue
à l’impasse à laquelle est confrontée l’Algérie, une réhabilitation des
missions des institutions et l’organisation de l’alternance politique
dans des conditions ordonnées et apaisées. Il propose d’adopter une
démarche qui tend vers les convergences nationales et qui s’appuie sur
le dialogue, la concertation et l’écoute mutuelle. Le projet de
renouveau national que je propose aux Algériennes et aux Algériens
s’inscrit dans cette perspective et vise le même objectif. Je partage, à
ce titre, son inquiétude sur la situation politique actuelle, marquée
par l’aventurisme politique et un coup de force contre les institutions.
Je m’associe pleinement à son appel, à prendre conscience que le pays
est en danger ainsi qu’à son invitation à un sursaut patriotique pour
que les prochaines élections représentent une véritable transition vers
un Etat de droit, porté par des institutions légitimes et crédibles,
garantes de la stabilité nationale et mises au service exclusif du
citoyen.»
Propos recueillis par
Mehdi Mehenni
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