C’est un véritable réquisitoire contre la justice
qu’a dressé hier Ali Benflis. S’adressant aux membres de la Coordination
nationale des avocats, le candidat aux élections présidentielle a
dénoncé une justice qui n’existe qu’à travers les textes, promettant une
réforme en profondeur du système judiciaire.
Nawal Imès — Alger (Le Soir)
Sujet de prédilection du candidat Benflis, la justice a été au cœur
du discours qu’il a prononcé devant un parterre d’avocats. D’emblée, il
dira que la justice en Algérie est «lente, complexe, onéreuse et
enfermée dans des règles de procédure souvent paralysantes» et que
«l’indépendance de la magistrature est proclamée dans les textes mais
est fragilisée dans la pratique». Résultat : «La justice est mal rendue
en raison notamment de la massification des contentieux et des pressions
subies par les magistrats», dit-il.
Il en résulte selon lui un déficit de crédibilité et une crise de
confiance puisque, admet-il, «les citoyens ne sont pas toujours égaux
devant la loi et les droits de la défense sont souvent bafoués». Se
disant désireux de «redorer le blason d’une autorité judiciaire faible»,
l'ancien ministre de la Justice a déroulé son programme en la matière,
estimant qu’il était plus que nécessaire de réviser le code de procédure
pénale avec une refonte totale de l’information judiciaire afin
d’arriver à «rééquilibrer le rôle du magistrat et de l’avocat tout en
mettant l’accent sur la présomption d’innocence qui, dit-il, doit
devenir une règle et non une exception. Ali Benflis a plaidé pour la
dépénalisation de «certaines affaires», comme les actes de gestion
puisqu’il considère que «certaines affaires qui passent en justice et au
pénal pourraient être traitées devant une juridiction de droit civil».
Le candidat Benflis a promis d’instituer l'appel en matière criminelle
et de garantir la transparence dans les dépenses publiques, estimant
qu’actuellement, des institutions de contrôle sont créées pour être
mieux ligotées par la suite. Et de terminer en disant qu’il avait
l’intention de «faire de la justice algérienne une justice de haute
qualité», et que cela n’était pas qu’une simple promesse électorale.
N. I.