Par Boubakeur Hamidechi
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Après
l’appel de Hamrouche celui de Zeroual aura-t-il un impact décisif sur la
tournure que prennent les évènements et sera-t-il susceptible de mettre
un terme à la mystification électorale qui se prépare ? Or s’il ne fait
aucun doute que la solide analyse de l’ex-président légitime, en quelque
sorte, le combat que mènent les réseaux sociaux, par contre, les affidés
du palais, contraints alors à la riposte, n’hésiteront sûrement pas à
user de tous les moyens en leur possession pour durcir le ton jusqu’à
recourir aux injures comme mots d’ordre de campagne.
A l’instant où celle-ci s’ouvrira, l’on ne s’étonnera pas, en effet, de
revoir un Sellal dans son exercice favori qui consiste à flétrir la
dignité des gens qui ne partagent rien avec la coterie dont il fait
partie. 18 mois à la tête des affaires de l’Etat ont justement suffi à
faire de lui ainsi que les comparses qui l’entourent (Benyounès, Ghoul,
etc.), l’objet de toutes les répulsions dans l’opinion. Les écarts de
langage enrobés dans la plaisanterie tout autant que les insupportables
dérapages verbaux indiquent bien que nous n’avons guère affaire à de
respectables personnalités politiques mais à d’affligeants nervis
propulsés aux postes-clés de l’Etat. C’est par conséquent ce mercenariat
du palais qu’il va falloir affronter. Non pas au chapitre des arguments
contre arguments mais sur le terrain vague de la «voyoucratie».
Avec pour seul dessein d’imposer à la tête de la République un cabinet
noir vers lequel seront transférées toutes les fonctions régaliennes
d’un Président, ils s’apprêtent à établir une autre forme de
fonctionnement de la plus haute institution de l’Etat. En clair, ce sont
les dessous du complot contre l’ordre républicain que dénoncent les
courants sociaux loin de tout préalable idéologique concernant le choix
de l’électeur.
La disqualification par la grève nationale du vote prend tout son sens
dans la singulière situation d’un Président malade que l’on pousse à
succéder à lui-même. Certes, l’Algérie mérite bien mieux que ce drame de
la division qui ne se joue qu’autour du destin d’un homme. Mais puisque
seule l’alternative du refus s’impose autant qu’elle soit alimentée
publiquement afin qu’elle parvienne à convaincre le «bouclier armé» de
l’Etat de s’opposer à cette impensable confiscation de l’acte souverain
des Algériens.
Comme le qualifie avec justesse Boukrouh, l’on s’achemine vers «un crime
moral», sauf que celui-ci est également la résultante d’une terrible
dérive qui eut lieu le 12 novembre 2008. C’est ce délit initial, ayant
consisté à déverrouiller la limitation des mandats, qui a ouvert un
boulevard au profit de la mégalomanie du pouvoir.
Les Belkhadem, Ouyahia et quelque 300 députés furent les artisans de
l’opération. Les parlementaires par leur approbation coupable alors que
les premiers cités furent remarquables par leurs pernicieuses
rhétoriques. C’est d’ailleurs à eux que l’on doit cette acrobatie
sémantique qui, prétendait qu’il n’y a de «meilleure alternance que dans
la vertu exclusive des urnes» !
Une dialectique en apparence solide mais qui, dans la réalité des faits,
est profondément spécieuse dès l’instant où elle passait sous silence le
mode d’emploi des urnes et le trafic qu’elles ont tout le temps subi
dans nos contrées. Les constitutionnalistes de 1996, très au fait de la
culture de la fraude, étaient bien mieux inspirés lorsqu’ils rédigèrent
l’article 74 qui posait le principe de l’alternance en terme de
limitation du nombre de mandats.
En effet, dans un système de semi-liberté et d’interventionnisme
excessif de l’appareil de l’Etat, de quels crédits pouvaient se
prévaloir nos scrutins, sinon par le verrou de l’inéligibilité au terme
d’un parcours ? C’est donc à partir de cette porte étroite que l’Algérie
doit refaire le chemin inverse pour renouer avec un principe fondateur.
D’autant, qu’en la circonstance, puisque la nature vient de rattraper
l’ambition du leader «adulé», les Algériens se demandent simplement
comment l’on peut encore agréer une personnalité grandement handicapée,
qualifiée par le passé récent de dirigeant providentiel. Une
entourloupette sans précédent et qui, d’ailleurs, n’a existé que dans
les cercles des zélés courtisans.
B. Hamidechi