De nos envoyés spéciaux, Tarek Hafid et Samir Sid
La neutralité de l’armée est une réalité et nul n’a le droit de
parler au nom de l’institution militaire. C‘est le message transmis,
hier après-midi, par Ali Benflis lors de son dernier meeting à Rouiba.
Durant la matinée, à partir de Guelma, ville natale du Président Houari
Boumediène, le candidat indépendant avait rendu hommage à l’armée et aux
services de sécurité pour avoir triomphé contre le terrorisme islamiste.
Ambiance des grands jours, hier après-midi, à la
salle omnisports de Rouiba pour le dernier jour de campagne électorale
de Ali Benflis. Une salle archicomble pour l’ultime meeting du candidat
indépendant. Après avoir appelé les cadres et les agents de
l’administration à ne pas succomber aux pressions pour participer à la
fraude jeudi prochain, Benflis est revenu sur la question de la
neutralité de l’armée. Se basant sur les déclarations du chef
d'état-major de l'armée et vice-ministre de la Défense, le général de
corps d'armée Ahmed Gaïd-Salah, il a déclaré être totalement confiant en
l’impartialité de l’institution. «Certains tentent d’impliquer l’Armée
nationale populaire pour masquer leur faillite. Je dis que nul n’a le
droit de parler au nom de l’ANP. L’institution possède un commandement,
et lui seul dispose des prérogatives pour s’exprimer. C’est justement ce
qui s’est produit lorsque le chef d'état-major de l'armée a déclaré
publiquement l’impartialité de l’armée lors de la prochaine échéance
électorale », a-t-il souligné. Des propos adressés au clan Bouteflike.
«La stabilité de l’Algérie ne peut être assurée avec un système corrompu
qui a démontré son échec. Pour ma part, sachez que je serai le plus
grand défenseur de la stabilité». Benflis a de nouveau mis en garde le
clan du Président sortant contre toute tentative de fraude. «S’ils
fraudent, je ne me tairai pas. Celui qui fraude devra prendre ses
responsabilités», insistera-t-il. L’avant-dernier meeting de cette
campagne électorale, Ali Benflis a tenu à le consacrer à Guelma, région
natale du Président Houari Boumediène. La salle de la Maison de la
Culture Abdelmadjid-Chafaï a fait le plein dès les premières heures de
la matinée. Des centaines de personnes venues écouter le discours du
candidat indépendant. L’assistance observe le silence dès sa prise de
parole. Il débute par un hommage à Mohamed Boukharrouba. «Le Président
Boumediène était un chef d’Etat modeste. Ils ont voulu tuer Boumediène
une seconde fois mais n’ont pas réussi. Ils n’ont pas réussi à le faire
oublier car il a écrit des pages entières de l’histoire de l’Algérie
contemporaine », dira-t-il. L’évocation de Houari Boumediène, «principal
fondateur de l’Armée populaire nationale», facilite la transition vers
le sujet du jour: le rôle joué par l’institution militaire et ses
missions futures. «L’Armée nationale populaire est le bouclier
protecteur de la Nation. Elle est le bras armé du peuple algérien tout
entier. Elle fera toujours notre fierté tout comme elle sera toujours
l’objet de notre attention pour que rien n’affecte les capacités de
défense de territoire et de protection de la souveraineté et de
l’indépendance de notre pays. Je ne peux manquer cette occasion de
rendre hommage à notre vaillante Armée nationale populaire et à tous les
corps de sécurité pour le grand professionnalisme, le haut degré de
préparation et le sens du sacrifice dont ils ont fait l’éclatante
démonstration dans la lutte contre le terrorisme destructeur et plus
récemment encore à Tiguentourine où leur riposte à une nouvelle
agression terroriste a forcé l’admiration de toute la nation»,
dira-t-il. Benflis a tenu à casser le mythe imposé ces 15 dernières
années selon lequel Abdelaziz Bouteflika a sauvé l’Algérie de l’emprise
du terrorisme islamiste. Une mise au point devenue nécessaire.
«N’oublions jamais que c’est à l’Armée nationale populaire, à nos forces
de sécurité, aux Patriotes et au peuple algérien, et à eux seuls, que
revient le mérite de la victoire sur le terrorisme. Nul ne peut réclamer
indûment le partage de ce mérite avec eux.» Avec Guelma et Alger, Ali
Benflis a achevé son long périple à travers les 18 wilayas du pays. Les
trois prochains jours seront déterminants.
T. H.