Tomber
de rideau sur une campagne pas comme les autres. Escalade verbale,
échanges d’accusations auront marqué cette fin de campagne qui n’aura
cependant pas fait exception en matière de promesses. Des plus sérieuses
aux plus farfelues, les six candidats à la magistrature suprême se sont
livrés à l’exercice sans retenue aucune. Tour d’horizon de celles qui
ont été le plus souvent faites.
Fawzi Rebaine :
«Plus de service national !»
C’est une campagne électorale light qu’aura faite le président de Ahd
54, celle d’un militant, aime-t-il à répéter. En sillonnant quelques
villes du nord du pays, il n’a cependant pas fait l’économie de
promettre du changement. Plus de service national, promet-il s’il
devenait président de la République. «Je vous promets, si vous votez
pour moi, d'annuler le service national, en laissant ses portes ouvertes
à ceux qui veulent s'entraîner pour une durée de six mois», dit-il.
Toujours au sujet de l’armée, il promet un «armée professionnelle» avec
les moyens nécessaires, un rajeunissement des responsables de l'armée et
un retrait de cette dernière de la vie politique. Sur un plan purement
économique, le président de Ahd 54 plaide pour une réforme du système
monétaire et une révision profonde du fonctionnement des banques privées
et publiques. Rebaïne promet également de rendre sa place à l'université
algérienne dans la sphère économique, en développant les pôles de
recherches et d'excellence, ainsi que la promotion des compétences
nationales.
Moussa Touati :
«La bourse des étudiants sera revue à la hausse»
Le chef de file du FNA a privilégié les rencontres directes avec les
citoyens aux meetings. Un choix qui ne l’empêchera cependant pas de
faire des promesses telles que l’officialisation de tamazight et
l’intégration de son enseignement à tous les niveaux, du primaire
jusqu’aux études supérieures.
Moussa Touati promet de limiter l’influence des grandes puissances dans
la prise de décision et leur ingérence dans les affaires internes du
pays.
Il promet de renforcer la souveraineté nationale, de dénoncer les harkis
et de rester fidèle aux serments faits aux chouhada.
Aux jeunes, il promettra lui aussi de revoir la formule du service
national, en divisant la période de 18 mois en trois tranches, à raison
de six mois pour la formation militaire, six autres mois pour
l'apprentissage d'un métier et la troisième pour l'emploi des conscrits.
Les étudiants n’ont pas été oubliés. Touati leur propose de revoir à la
hausse leur bourse.
Abdelaziz Belaïd :
«Je ferai de l’Algérie le Japon de l’Afrique»
Le plus jeune des candidats n’a pas caché son ambition de faire de
«l’Algérie, le Japon de l’Afrique». Abdelaziz Belaïd a durant toute
cette campagne, misé sur les jeunes en promettant la réduction du
service national, la création d’un fonds pour le mariage et
l’intégration en masse des jeunes cadres aux postes de responsabilité.
Abdelaziz Belaïd a promis la promotion de la langue amazighe au rang de
langue nationale.
Il affirme avoir l’intention de miser l'élément humain «capable de créer
la richesse» et promis de ne confier la responsabilité qu’aux personnes
compétentes, intègres. Au volet politique, c’est la révision de la
Constitution avec la participation de toutes les franges de la société
qui est promise.
Ali Benflis :
«Plus de règle 49-51 !»
En sillonnant le territoire national, l’ex-chef de gouvernement a, comme
le reste des candidats, multiplié les promesses. La Constitution sera
révisée pour revenir à la mouture de 1996, dit-il, notamment en matière
de limitation du mandat présidentiel à deux quinquennats. Benflis
président fera annuellement un discours devant le Parlement sur l’état
de la nation et choisira un chef de gouvernement issu de la majorité
parlementaire. Ali Benflis a promis un nouveau découpage administratif.
De nouvelles wilayas et communes seront créées. Sur le plan économique,
il promet de mettre un terme à la règle des 49/51% ayant trait au
plafond du taux de participation des investisseurs étrangers au capital
des entreprises. Les femmes n’ont pas été laissées pour compte au volet
des promesses. Benflis leur promet davantage d’égalité et une plus
grande protection pour les femmes divorcées.
Sellal au nom de Bouteflika :
«Faire de l’Algérie le joyau de la Méditerranée»
La promesse a été faite et refaite à plusieurs reprises. Le directeur de
campagne du Président-candidat a promis des dizaines de fois de
promouvoir des localités au rang de wilaya. Sellal ne dira pas combien
de wilayas comptera l’Algérie après le 17 avril. Il affirme d’autre part
que la Constitution sera révisée, que la crise du logement durant les
cinq prochaines années sera définitivement réglée et que l’Algérie
deviendra le «joyau de l'Afrique et de la Méditerranée». La période du
service national sera revue à la baisse promettant que les jeunes
conscrits ne passeront plus qu’une année sous les drapeaux. S’adressant
aux femmes, le directeur de campagne de Bouteflika dira que «nous
renforcerons les droits de la femme dans tous les domaines et, plus que
cela, nous défendrons la femme pour préserver la société contre la
précarité. La violence contre la femme sera interdite, c’est haram et
plus personne ne pourra porter atteinte à la dignité de la femme.
Soyez-en tranquilles !». Les jeunes quant à eux ont été assurés que la
manne financière servant à financer l’Ansej sera maintenue.
Louisa Hanoune :
«J’abrogerai le code de la famille»
La seule femme candidate à ces élections présidentielles a promis
l’abrogation du code de la famille et son remplacement par une loi plus
égalitaire. Hanoune fait de la révocabilité des mandats un leitmotiv. Du
président de la République aux élus au niveau des communes, la candidate
du Parti des travailleurs promet de donner au peuple la possibilité de
révoquer les responsables. Elle promet également l’ouverture des
dossiers de corruption, la remise en cause des accords internationaux de
libre-échange signés par l’Algérie et une politique de plein-emploi. La
secrétaire générale du Parti des travailleurs promet un «Maghreb des
peuples avec ses dimensions arabes et musulmanes et de la suppression
des frontières qui se dressent contre la fraternité entre ses peuples»,
et la promotion de tamazight au rang de langue nationale.
N. I.