Actualités : L’ÉQUIPEMENTIER FRANÇAIS RENCONTRE DES DIFFICULTÉS
Les projets d’Alstom en Algérie remis en cause ?


Les projets de l’équipementier et fabricant français Alstom en Algérie seraient-ils remis en cause ? Un questionnement légitime, le groupe français rencontrant actuellement des difficultés. Cela même si ce groupe pourrait faire, dès aujourd’hui, l’objet d’un rachat partiel par le constructeur américain General Electric.
Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Le groupe industriel français Alstom rencontre d’importantes difficultés dont la presse internationale, notamment celle de l’Hexagone, a fait l’écho. Engagé dans la fabrication de turbines, la réalisation de centrales électriques, éoliennes, la construction de trains et de tramways, l’industriel français pâtit actuellement d’une conjoncture assez difficile, exécrable selon d’aucuns. Certes, les résultats financiers d’Alstom sont bons mais loins d’être excellents et l’équipementier n’est pas en faillite. L’entreprise affiche ainsi un chiffre d’affaires de 20,3 milliards d’euros, avec un bénéfice de plus de 800 millions d’euros pour l’exercice 2012-2013. Toutefois, les flux de trésorerie d'Alstom, ses cash flows, sont négatifs et inquiètent les marchés. En effet, les activités d’Alstom ne sont plus aussi florissantes en Europe où la transition énergétique n’encourage plus la construction de centrales à gaz. Il en est de même pour l’installation d’éoliennes terrestres ou en mer, malgré l’expertise d’Alstom dans ce domaine. Il en est de même pour le matériel ferroviaire, un marché en situation de léthargie en Europe avec des entreprises ferroviaires qui retardent leurs investissements. Dans ce contexte, l’équipementier français doit œuvrer à reconsolider son positionnement et pouvoir affronter la concurrence tant allemande (celle de Siemens) ou japonaise (Mitsubishi) qu’américaine, celle du géant américain General Electric. Or, l’éventualité que le constructeur américain rachète le fleuron de l’industrie française, pour un montant d’au moins 9,4 milliards d’euros, a été soulevée mercredi dernier par l’agence d’information Bloomberg. Certes démentie telle quelle par le management d’Alstom (réfutant une offre d’achat mais n’évoquant qu’une opération industrielle), cette éventuelle cession a, cependant, impacté sur la cotation boursière de la compagnie (suspension du cours du titre Alstom). Comme elle a provoqué un branle-bas au niveau du gouvernement français, soucieux de développer des solutions alternatives (telle la fusion avec Siemens, Schneider Electric ou Areva...) et dans la mesure où l’Etat français a déjà participé au sauvetage d’Alstom dès 2004. Ce faisant, cette cession pourrait être confirmée dès aujourd’hui,  quoique à titre partiel, General Electric ne reprenant que les activités d’Alstom liées à l’énergie (équipements pour centrales thermiques, lignes à haute tension...). Ainsi, GE ne rachèterait que 70% des activités d’Alstom qui maintiendrait alors les activités liées au ferroviaire (métros et trains). Or, ces difficultés ont-elles un impact sur les projets d’Alstom en Algérie ? La question reste posée. Présente en Algérie depuis six décades, la société française y développe une large gamme d’activités industrielles, essentiellement le transport ferroviaire et l’énergie et a initié des partenariats avec des sociétés nationales. Plusieurs projets et chantiers ont été déjà lancés ou en voie de l’être par Alstom en matière d’automation, électrification et signalisation, l’engineering, la réalisation et la maintenance d’installations électriques, fourniture d’équipements, turbines et transformateurs, ainsi que dans la maintenance et l’assemblage de tramways... Rappelons qu’Alstom est également présente dans le domaine de la sécurisation d’installations pétrolières. Estimés à plusieurs milliards d’euros, ces projets confortent la présence d’Alstom en Algérie, un marché émergent très attractif au regard des nombreux contrats remportés ces dernières années. De fait, le programme de développement infrastructurel (transport ferroviaire et génération électrique ) lancé en Algérie intéresse fortement l’équipementier français. Néanmoins, ces projets risquent- ils d’être remis en cause en raison de la conjoncture du groupe français ? Peu évident d’y répondre de manière affirmée. Certes, les difficultés d’Alstom pourraient se répercuter négativement sur ses engagements algériens, en termes de retards, problèmes socioéconomiques et nécessités de changements tactiques et opérationnels, si elles perduraient. Toutefois, des difficultés qui pourraient être moindres, voire disparaître si la cession d’Astom à des opérateurs solides, notamment General Electric, était avérée. Notons que aussi bien Alstom que GE sont bien positionnés sur le marché algérien de l’équipement en turbines et la génération électrique. Par conséquent, une participation renforcée de GE dans le fleuron industriel français ne devrait pas impacter négativement sur les activités d’Alstom en Algérie. A contrario, le partenariat engagé par les compagnies énergétiques nationales (Sonatrach et Sonelgaz) avec Alstom et GE en devrait sortir renforcé, avec une plus-value certaine. De fait, la question dépend de l’identité de l’éventuel partenaire ou repreneur d’Alstom, relèvent des experts du secteur de l’énergie. Soit, un impact nul ou faible en cas de prise de participation par des compagnies solides et d’autant que les projets ferroviaires ne sont pas concernés, ou un impact négatif le cas contraire échéant.
C. B.





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