Actualités : PARTICIPATION AU GOUVERNEMENT
Le RND surclasse le FLN
Quarante-huit heures après
l’annonce du nouveau gouvernement Sellal, on s’interroge sur la place
qu’occupent réellement le FLN et le RND au sein de l’exécutif. Or, à la
lecture de la composante du gouvernement, il ressort nettement que les
deux formations sont loin d’être bien représentées, et ce, même si le
RND semble «surclasser» son rival le FLN.
Abder Bettache - Alger (Le Soir)
Il y a quelques jours, soit au lendemain de l’élection
présidentielle du 17 avril dernier, plus exactement lors de sa dernière
conférence de presse, le secrétaire général du FLN, M. Amar Saâdani,
avait réclamé haut et fort le poste de Premier ministre.
«Le gouvernement doit revenir au parti majoritaire. Il n’y a qu’en
Algérie que cette règle n’est pas respectée», a-t-il souligné.
Cependant, au sein de la nouvelle composante gouvernementale, seulement
trois ministres du FLN y figurent. Il s’agit de Tayeb Louh, Khelil Mahi
et Abdelkader Messahel respectivement ministres de la Justice et garde
des Sceaux, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères,
chargé des Affaires maghrébines et africaines et ministre des Relations
avec le Parlement. Or, son rival le RND est mieux placé, puisqu’il a
réussi à placer cinq de ses militants à la tête des départements
ministériels. Il s’agit d’Abdessalem Bouchouareb ministre de l’Industrie
et des Mines, de Abdelwahab Nouri à la tête du département de
l’Agriculture et du Développement rural, de Tayeb Zitouni, au ministère
des Moudjahidine, de Mohamed Mebarki au ministère de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche scientifique et de Youcef Yousfi, ministre
de l’Énergie. Pour de nombreux observateurs de la question politique
nationale, l’absence «remarquée» (7 ministres sur 34) des deux
principaux partis de l’alliance présidentielle au sein de l’exécutif
s’explique par deux approches : soit, le président de la République
considère que ces deux partis ne sont pas aptes en la phase «actuelle»
de dominer l’exécutif, du fait de l’idée d’un gouvernement d’union
nationale à capoter, soit on estime que le grand remaniement
n’interviendrait qu’au lendemain de la révision de la Constitution et
là, le gouvernement «politique» y verra le jour.
Et c’est cette seconde approche que le secrétaire général du FLN a
plaidé hier, en laissant croire que «le Président a opté pour un
gouvernement de technocrates». Probablement destinée à la consommation
interne, Amar Saâdani dans une déclaration faite à TSA, a tenté
d’expliquer cette nouvelle donne, en indiquant que «le FLN n’aura pas à
assumer seul les changements qui sont annoncés, notamment la révision de
la loi fondamentale ou encore la nouvelle loi sur la publicité, puisque
le secteur sort de notre main. Il est, désormais, confié à une
personnalité apolitique».
Pour d’autres analystes, il n’est pas exclu que le FLN a opté pour un
«choix tactique», qui serait étroitement lié aux rendez-vous électoraux
prochains. Autrement dit, Saâdani semble détenir une information
politique de taille, à savoir préparer sa formation pour une future
bataille électorale (!), ce qui lui permettrait de faire face à une
opposition qui affûte d’ores et déjà ses armes et qui n’hésiterait pas à
faire d’une élection législative anticipée une des principales
revendications.
«Personne ne pourra dire que le FLN a géré unilatéralement ces réformes.
Personne ne pourra nous reprocher quoi que ce soit», a soutenu Saâdani.
Du côté du RND, aucun commentaire n’a été fait à ce sujet.
En pleine phase de «convalescence», le parti du RND se replace
discrètement sur la scène politique nationale, tout en tentant de
reconquérir ses espaces perdus au sein des institutions de la
République. C’est le message clé qui ressort des portefeuilles
ministériels qu’il détient au sein du nouvel exécutif.
A. B.
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