Actualités : Le Bonjour du «Soir»
Je sais, ça ne se fait pas...
Par Maâmar Farah
Aujourd'hui, je veux transgresser une règle d'or qui veut que le
journaliste mette en sourdine ses problèmes personnels. L'armée
coloniale a occupé notre maison familiale, entouré notre ferme de
barbelés et de mines, tué nos vaches, détruit nos récoltes, éventré nos
terres avec deux routes nationales. Sans aucune indemnisation !
L'administration algérienne a pris nos meilleurs lopins, des dizaines
d'hectares, pour y édifier hôpital, logements, routes, école de
gendarmerie, avec une indemnisation ridicule : 12 DA le mètre carré. Et
parfois sans payer ! Chaque jour qui passe, nous voyons débarquer des
ouvriers qui lancent de nouveaux chantiers, sans nous consulter! Il y a
des centaines d'hectares qui ne servent à rien autour de M'daourouch et
notamment au sud de la ville. Mais, non! La France et l'Algérie adorent
les terres des Farah !
Il y a quelques semaines, un engin, dépêché par la direction des Postes
de Souk-Ahras, est passé sur nos lopins, a brisé un petit trottoir
privé, rompu une canalisation et détruit une passerelle, condamnant
l'accès principal à notre demeure ! Il fallait faire vite pour la fibre
optique. Quand ils se lancent dans les grands projets, leur regard porte
certainement loin et ils ne peuvent voir les petits citoyens que nous
sommes, ni entendre nos appels au secours.
Toutes mes excuses aux lecteurs. Mais qu'ils sachent que si j'étais
cousin de Bouteflika ou ami de Sellal, je leur aurais épargné la lecture
d'une si banale «lettre des lecteurs» en page Une de ce respectable
journal !
[email protected]
|