Actualités : Le Bonjour du «Soir»
Jusqu'où ira la presse «caniveau» ?
Par Maâmar Farah
Que peut-on dire aux pères fondateurs de la presse algérienne
révolutionnaire ? Que peut-on dire à ces hommes qui, le fusil dans une
main et la plume dans l'autre, ont lutté inlassablement pour donner
naissance à une presse humaniste, progressiste, tolérante, nourrie des
valeurs républicaines qui ont longtemps guidé ses pas dans le tumulte
des violences et des remises en question. Que pourrait-on dire à ces
géants s'ils venaient à lire certains torchons de la presse algérienne
actuelle où tout ce qu'ils nous ont enseigné a disparu pour laisser
place à l'insulte, l'invective, l'abject, le racisme ordinaire,
l'intolérance. Les immigrés africains seraient responsables de la
propagation du sida chez nous ! Et comme cela ne suffisait pas, voilà
que cette presse caniveau se double de chaînes télé encouragées par le
pouvoir qui les utilise pour faire sa propagande. Et les insanités,
jusque-là seulement écrites, deviennent des images et des sons qui puent
la manipulation et transforment le journaliste en petit soldat d'une
guerre menée par les officines qui investissent notre métier avec force
!
Nous ne pouvons nous cacher derrière un quelconque corporatisme pour
ignorer ces dépassements intolérables. Heureusement que nous avons connu
une autre époque où les Africains étaient fiers de l'Algérie ! Ils y
venaient comme des amis et des frères privilégiés... Et nos journaux,
qu'on accable de tous les maux aujourd'hui, ont su maintenir cette ligne
de conduite morale irréprochable et cette solidarité à toute épreuve que
nous avions héritées de nos prédécesseurs.
Alors, aux pères fondateurs de la presse algérienne révolutionnaire,
nous dirons : «pardon !»
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