Actualités : Révision de la gestion des portefeuilles des entreprises publiques
Vers la dissolution des SGP
Lors de son intervention devant les présidents
d’organisations patronales et le secrétaire général de l’UGTA, le
nouveau ministre de l’Industrie et des Mines, M. Abdesselem Bouchouareb
avait annoncé que des «mesures révolutionnaires» verront le jour
prochainement dans son secteur. Il cite notamment l’idée de la création
de groupes industriels. Décryptage.
Abder Bettache - Alger (Le Soir)
Le nouveau ministre avait avant-hier affirmé qu’il entend se pencher
sur plusieurs dossiers. Parmi eux, l’amendement de la loi sur
l’investissement et la révision du fonctionnement des sociétés de
gestion et de participation de l’État, à travers la création de groupes
industriels.
Abordant le climat des affaires en Algérie, le ministre a évoqué des
«mesures révolutionnaires» à même de l’améliorer, mais sans pour autant
les dévoiler. Selon lui, «ces mesures vont accélérer la mise en
application de l’engagement du gouvernement à lever toutes les
contraintes qui entravent l’investissement, notamment en matière de
législation et d’accès au foncier».
C’est dans cette optique que des spécialistes de la question économique
soutiennent l’hypothèse «d’une dissolution» prochaine des Société de
gestion de participation de l’Etat (SGP) pour les remplacer par des
«groupements industriels», ou plutôt de holding, qui faut-il le rappeler
avait vu le jour au lendemain des premières mesures portant
restructurations de l’économie nationale.
C’était à l’époque du premier gouvernement post-octobre 1988 dirigé par
feu Kasdi Merbah. Nos sources indiquent à ce sujet, qu’à l’origine de la
décision qui sera prise par le successeur d'Amara Benyounès à la tête du
département de l'industrie «le laxisme dans lequel se trouvent
aujourd'hui les SGP, notamment en termes de prise de décision mais
surtout l'absence d’initiative, une situation due essentiellement à la
nature de l’organisation mise en place».
Il est à rappeler que les pouvoirs publics avaient demandé aux SGP au
lendemain de leur création, la mission de «vendre le capital des
entreprises» qui relèvent de leur portefeuille.
Une démarche qui rentrait dans le cadre de l'opération de privatisation
des entreprises publiques ou dans le cas échéant «réunir les conditions
pour mettre en place des opérations de partenariat avec le privé».
«Or, la réalité sur le terrain était tout autre. Autrement dit, il a été
constaté soit une lourdeur dans la gestion de leur structuration et un
manque de stratégie dans les objectifs qui leur ont été assignés, d’où
l'urgence de la mise en place du groupement, soit des holdings», nous
explique une source proche du département de l'industrie. Cette dernière
nous cite, l'exemple des groupes comme Sonelgaz ou Sonatrach qui
disposent d'un vis-à-vis qui est le ministère de tutelle (ministère de
l’Energie) et d'un autre côté, ils disposent d’une marge de manœuvre
très large dans la gestion de leurs filiales.
Créées dans une conjoncture économique particulière marquée par les
privatisations en remplacement des holdings, les SGP n’ont finalement,
selon nos sources, pas réussi à déclencher le démarrage de l’économie
nationale. Ce qui a poussé les responsables qui se sont succédé à la
tête de l’industrie à revoir leurs copies à maintes reprises. Ainsi,
dans le but d’accélérer la création d’entreprises championnes, un
programme spécifique avait été arrêté par le gouvernement en 2009.
Chapeautée par Abdelhamid Temmar, l’opération visait à mettre en place
des groupes performants et concurrentiels. Des plans de développement
avaient été adoptés pour certaines entreprises qui ont fini par sortir
de l’emprise des SGP dont certaines ont disparu au fil des ans. Il y a
eu également, en avril 2010, la circulaire adressée aux membres du
Conseil des participations
de l’Etat (CPE), aux ministres ainsi qu’aux présidents des Assemblées
générales des SGP et des entreprises publiques non affiliées. Cette
circulaire a mis fin à l’autonomie des entreprises publiques. Résultats
des courses : Il n’y a pas de grandes avancées. Mais des retours en
arrière. De même qu’il n’y a pas eu de mise en place des champions
nationaux relevant de différentes branches industrielles.
Ni d’autres restructurations. Les SGP sont toujours là, mais en termes
de résultats, c’est pratiquement le statu quo. Il faut dire aussi que
sur le plan managérial très peu de changements sont intervenus.
Appelés à faire fructifier le capital des entreprises, à intégrer
l’entreprise publique dans la stratégie nationale de développement
économique et industriel, notamment par l’investissement et le
partenariat, ces SGP n’ont pas relevé le défi.
C'est peut-être ce constat qui justifie la nouvelle stratégie que le
nouveau ministre de l'Industrie veut mettre en place. Wait and see.
A. B.
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