Actualités : Gaz et pétrole de schiste
D’où vient la précipitation algérienne ?


Le dernier Conseil des ministres a résolu d’accélérer le processus devant aboutir à l’exploitation effective des gaz et pétrole de schiste. La résolution s’est imprégnée comme d’un caractère d’urgence. Pourtant, le débat autour de la problématique liée à cette exploitation n’est toujours pas épuisé. Y aurait-il anguille sous roche… mère ?

Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir)
La résolution du dernier Conseil des ministres situe une volonté des autorités à aller de l’avant mais surtout vite dans l’exploitation des gaz et pétrole non conventionnels, en dépit des nombreuses alertes quant aux risques sur la contamination de la nappe albienne et aux retombées néfastes sur l’environnement.
Elle a surpris plus d’un, tant est que le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait, dans un passé pas lointain, déclaré que la perspective n’était pas inscrite à courte et moyenne échéance. Alors la question qui se pose est de savoir ce qui a pu ainsi précipiter la démarche. Il va sans dire que ce ne sont ni l’aisance du procédé d’exploitation, la fragmentation hydraulique, encore moins la faiblesse du coût qui ont incité à cette décision diligente. La raison pourrait être, sinon commerciale, politique.
L’assèchement graduel des puits conventionnels (gaz et pétrole) constituerait une raison valable pour la recherche d’autres gisements à même de maintenir une production au niveau des engagements internationaux.
Un haut cadre de la Sonatrach, impliqué dans l’exploration des bassins contenant les gaz et pétrole conventionnels, une opération menée avec des sociétés américaines, croit savoir que c’est la crainte de ne pouvoir honorer des contrats de vente à long terme qui pousse ainsi les autorités algériennes à exploiter les énergies fossiles non conventionnelles, quitte à en payer un prix d’exploitation élevé. Corrélativement, il s’agirait, selon le même cadre, de maintenir un équilibre des recettes des hydrocarbures, principale ressource de financement de l’économie nationale. Les réserves algériennes en gaz et pétrole de schiste étant parmi les plus importantes de par le monde, leur exploitation permettrait, aux yeux des autorités algériennes, de maintenir un niveau appréciable de la rente. Elles auraient ainsi décidé d’aller de l’avant, sans prendre le soin, impérieux, d’ailleurs, d’en évaluer les risques. Peu de débats ont lieu autour de la question, hormis les tribunes fort pertinentes publiées dans la presse. Et quoique nécessaire, les autorités algériennes n’entendent pas instruire le débat. Evidemment, ce ne sont pas les Américains, qui exploitent chez eux cette ressource, qui plaideraient pour une évaluation préalable des risques à exploiter le schiste en Algérie.
Pionniers en matière de puisement de cette ressource non conventionnelle, les Américains ont tout à gagner à vendre leurs technologies et, partant, lorgner des participations dans les forages. Il n’étonnerait pas de découvrir qu’ils ont développé un lobbying dans ce sens.
Tout comme les Français d’ailleurs qui, même s’ils rechignent à faire l’expérience du forage dans l’Hexagone, seraient intéressés de tirer les enseignements de l’expérience algérienne en la matière, sans prise de risques.
S. A. I.





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