Chronique du jour : Kiosque arabe
Du poulet et des poules «halal»
Par Ahmed Halli
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Je
ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais chaque fois que les Israéliens
agressent et tuent en Palestine et qu'ils sont montrés du doigt par la
communauté internationale, l'actualité leur offre une échappatoire. La
fusillade du musée juif de Bruxelles survient, en effet, à point pour
détourner les doigts accusateurs qui pointaient vers l'État sioniste,
après le meurtre de deux jeunes Palestiniens. Je ne pousserais pas le
raisonnement jusqu'à suggérer que les auteurs de l'attentat pourraient
être les Israéliens eux-mêmes, à qui le crime semble profiter comme
toujours. Bien sûr, tout semble indiquer que l'attentat de Bruxelles est
imputable à ce terrorisme, auquel les musulmans bien-pensants dénient le
qualificatif «islamiste», dans une tentative dérisoire pour s'en laver
les mains. Il était donc plus facile de rattacher la fusillade de
Bruxelles aux épisodes tragiques, dits antisémites, comme l'équipée de
Mohamed Merah, dont l'ombre vient de ressurgir comme par hasard(1). Ce
hasard qui fait si bien les choses que les quatre victimes du musée juif
ont instantanément relégué au second plan les six tués de Santa Barbara,
alors que l'amnésie assassine a déjà eu raison des infortunés
Palestiniens.
Loin de moi l'idée d'atténuer quelque peu la responsabilité et la
culpabilité des politiques islamistes et de leur bras armé, au
contraire. Tous les actes de violence commis par les islamistes, au nom
du combat contre Israël, ne servent qu'à redorer le blason de l'Etat
sioniste(2) aux yeux des autres nations, tout en discréditant l'Islam et
ceux qui s'en réclament avec plus ou moins de tiédeur. De là à dire que
tout comme pour le Hamas, jadis en Palestine, la main israélienne
actionne le djihad de certains, il n'y a qu'un pas. Et je suis sûr que
nous avons déjà franchi ce pas ensemble pour ne pas dire que vous l'avez
fait avant moi. Tout comme la tragédie de Bruxelles, l'actualité
politique offre souvent des occasions propices à Israël pour redorer son
image. Ainsi, lors de l'enlèvement des jeunes filles nigérianes par le
groupe islamiste Boko Haram, les Israéliens ont aussitôt proposé de
mener une action militaire pour les libérer. Ceci, alors que les nations
musulmanes, arabes en tête, réfléchissaient au meilleur moyen de ne pas
être éclaboussées par le scandale. Les musulmans les plus orthodoxes
n'ont pas été non plus choqués par le fait que le Boko Haram convertisse
ses captives à l'Islam et se propose ensuite de les vendre comme
esclaves.
Signes des temps, les musulmans de l'exil semblent se radicaliser
beaucoup plus que ceux de leurs pays d'origine, et ils sont prêts à
gober, c'est le cas de le dire, tous les mensonges estampillés «halal».
Après la scabreuse filière viande halal en France, le magazine
électronique Al-Basra dénonce à son tour les mêmes méthodes en
Angleterre, où vivent quelque trois millions de musulmans. Selon les
statistiques, cette communauté consomme environ le quart de la
production de viandes rouges écoulée sur le marché britannique. Citant
un expert des services de santé britannique, chargés de surveiller la
consommation, le site affirme que 70 à 80% de ces viandes estampillées
«halal» ne le sont pas en réalité. Quant à l'abattage rituel proprement
dit, il ne correspondrait pas aux normes, puisqu'il se fait dans les
mêmes conditions que pour la viande de porc. Ainsi, note cet expert, les
animaux sont d'abord assommés par une décharge électrique et meurent
souvent avant d'être égorgés, ce qui est contraire au rituel. Par
exemple, ajoute ce spécialiste, en Grande-Bretagne, on abat 10 000
poulets par heure, après leur électrocution. Or, les musulmans sont
tenus de prononcer la formule rituelle avant l'égorgement, comment
peut-on le faire pour un nombre si élevé de poulets ?»
Plus vaste est encore la filière internationale du mensonge puisque,
selon cet expert, des viandes en provenance du Brésil et de Chine
transitent par l'Europe pour y être congelées. Elles subissent des
adjonctions de gélatine de porc et d'autres produits pour qu'elles
pèsent plus lourd, puis elles sont expédiées dans les pays musulmans
avec l'étiquette «conforme à la Charia». Or, note Al-Basra, ces
manipulations sont souvent validées par des religieux spécialement et
grassement rétribués. Pendant que des cheikhs imaginatifs s'emploient à
découper le porc en tranches et à y choisir des morceaux «halal»,
d'autres s'ingénient à rendre licite ce qui est formellement interdit.
Après le «bar halal» du footballeur, dont on attend de voir ce qu'on y
boit ou se consomme, c'est un autre «bar halal», mais en plus corsé,
qu'un commerçant se propose d'ouvrir en juin prochain aux Pays-Bas, plus
précisément à Amsterdam. L'écrivaine palestinienne Ahlem Akram a reçu
tous les détails de cette opération, et elle en parle dans le magazine
Elaph. Cet établissement offrira, en effet, les services de prostituées
en guise d'hôtesses, mais des prostituées qui activeront selon des
conditions établies par des «imams modérés». Parmi ces conditions, pour
la pratique de ce tourisme sexuel, et je vous fais grâce des plus
triviales, il y a : l'interdiction de consommer des boissons alcoolisées
et des drogues et l'obligation d'accomplir les cinq prières, y compris
durant les «heures de travail». Ahlem Akram prédit un grand succès à ce
succédané de la libre entreprise, notamment par l'existence d'une
clientèle potentielle arabe et riche. Et pour mieux ferrer le «client»,
elle suggère que l'un de ces «imams modérés» rédige un «contrat de
mariage» portant la mention : coutumier (orfi), visiteur (missiar)
jouissance (mut'aâ), estival (missiaf). «Ainsi, la relation sera halal à
mille pour cent», dit-elle.
A.H.
(1) Inconséquence des dirigeants de la France : après avoir ouvert les
portes de la Syrie aux djihadistes citoyens français, ils veulent
désormais les refermer, alors que le mal est consommé. Sans compter ce
laxisme à l'égard de l'expansion du wahhabisme qui produit des
fanatiques comme Souad Merah et ses frères.
(2) Ceux qui vivront assez longtemps pour voir la fin du conflit
principal du Proche-Orient s'apercevront qu'il y avait déjà d'autres
prétextes et causes de guerres dans les gibecières des «cheikhs du mal».
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