Actualités : Benflis dénonce l’ensemble du processus :
«Un gouvernement et une APN illégitimes. Un plan d’action qui n’en est
pas un» !
C’est sans concession aucune que Ali Benflis
appréciera la soumission, par Abdelmalek Sellal, du plan d’action du
gouvernement à l’Assemblée populaire nationale, depuis hier dimanche.
Pour Benflis, c’est simple : c’en est là «un gouvernement illégitime qui
présente à une Assemblée, elle-même en déficit de légitimité, un plan
d’action qui n’en est pas un» !
Kamel Amarni - Alger (Le Soir)
Pour l’ancien chef de gouvernement et deux fois candidat aux
présidentielles en 2004 et en 2014, le gouvernement Sellal est déjà
lui-même, «une anomalie institutionnelle. Il n’appartient à aucune
catégorie de gouvernement connu dans le monde», tranche-t-il dans une
déclaration rendue publique hier dans l’après-midi. Pour cause, n’étant
pas un gouvernement émanant d’une majorité parlementaire, «(…) il n’est
pas non plus un gouvernement d’ouverture car toutes les tentatives
désespérées du régime en place en ce sens ont essuyé des refus
systématiques des forces politiques sollicitées». Pas même qu’il ne soit
«un gouvernement de compétences nationales qu’un consensus des forces
politiques et sociales auraient choisi comme option dans l’intérêt du
pays».
Pour Ali Benflis, en fait de gouvernement, il ne s’agit que «d’un
produit d’une volonté personnelle (de Bouteflika ndlr ) sans légitimité
confortée par un régime politique complaisant». C’est donc l’ensemble du
processus et même de l’édifice institutionnel que l’ancien SG du FLN
épingle sans ménagement. Ainsi, et en plus du gouvernement, «le procès
en illégitimité de l’Assemblée populaire nationale n’a même pas besoin
d’être instruit. Il fait l’objet d’un jugement unanime prononcé dès son
investiture, il y’a deux ans. Bien mieux, même des partis qui y sont
représentés réclament sa dissolution au motif de sa non
représentativité».
Produit d’une fraude où la logique des quotas avaient effectivement
prévalu, cette Assemblée se voit invitée à se prononcer sur ce que
Benflis appelle un «plan d’action qui n’en est pas un» ! Un plan
d’action dont le souci, lit-on toujours dans la même déclaration, est de
faire illusion : «Que le pays est gouverné alors qu’il ne l’est plus,
qu’il (le régime en place) a un projet pour le pays alors qu’il n’est
guidé que par le sien propre et que le pays avance alors qu’il est
maintenu , contraint et forcé, dans l’immobilisme et la stagnation».
Pour couronner le tout, Benflis ajoutera cette remarque assassine :
«Comment ne pas relever le manque de sérieux, la précipitation et
l’improvisation lorsque l’on se réfère aux délais exceptionnellement
courts —cinq jours — impartis à l’élaboration d’un plan d’action pour
les cinq années à venir ?». Un plan d’action qui, par ailleurs, relève
encore Ali Benflis, se distingue par «la hâte, le tâtonnement et
l’indigence de la réflexion», faisant que l’on s’y contente de
«reprendre des engagements anciens non tenus. Un plan qui se résume à
des slogans plus qu’à des mesures concrètes».
Il est désormais clair que Ali Benflis se place en position d’opposition
frontale au régime Bouteflika. Opposition qu’il veut cette fois visible
et de tous les jours.
K. A.
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