Actualités : YOUSFI À PROPOS DU GAZ DE SCHISTE :
«Tout ce qui est écrit est exagéré»
Le débat sur
l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels tels les gaz de
schiste, le ministre de l’Energie le qualifie d’«exagéré». Youcef Yousfi
estime que la valorisation de cette ressource relève d’une quête d’«
indépendance énergétique et financière».
Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir)
«Tout ce qui est écrit est un peu exagéré», déclarait hier le
ministre de l’Energie, Youcef Yousfi, à propos de l’exploitation des gaz
de schiste et autres hydrocarbures non conventionnels.
Ayant reçu en audience le Secrétaire américain à l’Energie, Ernest
Moniz, le ministre algérien de l’Energie a indiqué que les deux parties
«en ont convenu». Certes, Youcef Yousfi reconnaît que la valorisation de
ces hydrocarbures génère des risques potentiels liés à l’utilisation de
l’eau, l’introduction de produits chimiques et à la contamination des
nappes aquifères.
Une problématique abordée justement lors des discussions tenues par les
deux ministres, indique-t-il, tout en considérant, ce faisant, que
l’exploitation de telles ressources est possible, sur la base d’une
«réglementation» et en prenant des «mesures de très grandes
précautions». Néanmoins, ces risques «ne sont pas supérieurs», assure
Yousfi, à ceux liés à l’exploitation des hydrocarbures conventionnels ou
pour toute activité industrielle.
Or, Youcef Yousfi estime que la question de l’indépendance énergétique
constitue «une très grande préoccupation» pour l’ensemble des pays,
voire une question «vitale». Ainsi, l’Algérie est disposée à développer
«toutes les solutions», y compris les sources d’énergies renouvelables
(le solaire…) ainsi que le nucléaire et les ressources non
conventionnelles, affirme le ministre de l’Energie qui considère que la
valorisation des gaz de schiste et autres vise à garantir «deux
indépendances». Soit «l’indépendance énergétique à long terme et
l’indépendance financière», dira Youcef Yousfi, estimant qu’ainsi
l’Algérie aura toute latitude et liberté de se développer par ses
propres moyens.
De fait, le ministre de l’Energie indiquera que des tests sont déjà
effectués au niveau de certains bassins sédimentaires contenant des
hydrocarbures de schiste et compacts.
Des tests destinés à évaluer le potentiel et la qualité de la roche-mère
ainsi que «la faisabilité technique et économique» de l’exploitation
desdits hydrocarbures, indique le ministre de l’Energie. Et une
indépendance énergétique dont les Etats-Unis sont proches, observe
Youcef Yousfi, concernant tant le gaz que le pétrole à terme.
Le ministre de l’Energie prend acte, de fait, de «la révolution en
cours» aux Etats-Unis, de «leur prééminence» dans le domaine de
l’exploitation des hydrocarbures de schiste. Et une expertise dont les
Etats-Unis souhaitent faire bénéficier l’Algérie, assurera de son côte
le Secrétaire américain à l’Energie, Ernest Moniz. Hôte de l’Algérie à
l’occasion de la 47e Foire internationale d’Alger dont son pays est
l’Invité d’honneur, Ernest Moniz relèvera ainsi l’intérêt de son pays à
développer le transfert d’expertise dans le domaine du non-conventionnel
et à profiter des opportunités offertes en Algérie grâce à la révision
du cadre législatif et réglementaire régissant les hydrocarbures. Mais
aussi dans le cadre du processus en cours d’attribution de blocs de
recherche et exploitation d’hydrocarbures, assure-t-il, en indiquant que
«les sociétés américaines sont très intéressées».
Prônant le développement des partenariats public-privé, Ernest Moniz
évoquera également l’intérêt de l’establishment pétrolier américain à
développer le transfert d’expertise dans le domaine de l’offshore.
Mais aussi dans le domaine de la génération électrique à base nucléaire,
le Secrétaire américain laissant entendre la disponibilité des
Etats-Unis à participer au développement projeté du nucléaire civil en
Algérie. En ce sens, Youcef Yousfi indiquera que des études sont en
cours aux Etats-Unis pour la réalisation de petites centrales
électronucléaires.
L’opportunité pour les deux parties d’évoquer le partenariat croissant
entre le groupe algérien Sonelgaz et la firme américaine General
Electric dans le domaine de la construction de turbines et la génération
électrique.
De même que la formation constitue un axe majeur dans le renforcement de
la coopération énergétique bilatérale cible, indique Youcef Yousfi.
C. B.
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