Soirmagazine : ATTITUDES
Une nounou pas comme les autres
Par Naïma Yachir
[email protected]
Elle se lève aux aurores, se débarbouille le visage à la hâte, enfile sa
«tenue de travail» comme aiment la taquiner ses proches, et entame une
journée pour le moins harassante. Les courses, c’est son époux qui s’en
occupe. Chômeur, il lui doit au moins cela. Elle, maniaco-dépressive de
la propreté, entame le nettoyage, ou comme le lui répète sans cesse sa
fille, passe à «la désinfection journalière des lieux». «Oui, vous
pouvez penser ce que vous voulez, moi, les enfants que je garde doivent
se sentir dans un endroit propre et agréable.» Mais ce n’est pas tout !
Cette nourrice hors pair exerce chaque jour que Dieu fait ses talents de
cordon-bleu. Sa joie, c’est de voir les enfants réunis autour d’une
table gastronomique, à se lécher les babines après avoir dégusté un
gratin de pommes de terre généreusement rissolé, des cuisses de poulet
rôties, soigneusement dorées, ou des quiches aux crevettes
croustillantes. Elle a plus d’un tour dans son sac pour épater les
enfants, qui, sortis de l’école, se précipitent vers la table qu’elle a
amoureusement dressée. Infatigable, elle veille à ce que tous se lavent
d’abord les mains. Des serviettes brodées de leurs initiales sont
accrochées dans la salle de bains, nette et éclatante.
Le déjeuner pour ces gamins est une véritable partie de plaisir, ils
mangent et en redemandent. «Nina» est là pour satisfaire leurs désirs.
Il y en a même qui ne veulent pas quitter la cuisine. Le flan au caramel
qu’elle a réalisé elle-même était trop délicieux, tout comme la tarte
aux fraises qui fond dans la bouche. Ils s’en délectent !
Mais où puise-t-elle toute cette énergie ?
«Ce n’est pas seulement l’argent. Les enfants que l’on me confie sont
les miens. Quand ils rentrent chez moi, ils sont joyeux, heureux, ils
m’enlacent et me couvrent de baisers. Leur première question : «Nina,
qu’est-ce que tu nous as préparé aujourd’hui ?» Et moi, je fonds comme
beurre au soleil. C’est ça qui me fait réveiller à 6h du matin pour être
au rendez-vous de midi, pour leur offrir les meilleurs plats. Parfois
c'est eux qui me proposent le menu, et c'est avec plaisir que je me plie
à leurs exigences. On me dit souvent que j’en fais trop, mais moi, je
vois mes gamins, ils ne laissent jamais rien dans leurs assiettes, et ne
tarissent pas d’éloges à mon égard.
Ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Pour la
petite histoire, un de mes petits refuse de manger le couscous de sa
maman. Le vendredi, il lui est arrivé de venir à la maison, quand j'y
suis, pour le déguster.
Eh bien, c’est cela ma réussite. Toute jeune, j’ai rêvé d’ouvrir un
resto, je n’ai pas eu cette chance, et c’est tant mieux. J’ai plus : une
grande cuisine, une table digne d’un grand restaurant, et des enfants
qui se régalent dans la joie et la bonne humeur !
|