Sports : Il devait rendre sa réponse définitive hier soir
Halilhodzic, une autre histoire algérienne !


L’aventure de Vahid Halilhodzic à la barre technique des Verts n’est peut être pas finie. Malgré les certitudes affichées par les voix proches de la FAF et les responsables de l’Etat.
Avant de repartir en France pour se ressourcer, le Bosnien a été accueilli, avec le reste de son équipe, en héros. Le président de la République lui a même réservé un amical tête-à-tête auquel le président de la FAF, Mohamed Raouraoua assistait.
Avant de clore cette rencontre, le chef de l’Etat a convenu avec le patron de la Fédération algérienne de football de reconduire le Bosnien quel qu’en soit le prix à payer.
Raouraoua qui préparait son retour au Brésil pour honorer ses obligations au sein de la Fifa a acquiescé en déclarant notamment qu’il a écouté les «sages conseils» de Bouteflika. Et de conclure : «Nous sommes certains que ses orientations, déjà émises à plusieurs reprises, seront suivies d’effet.»
C’est un virage à 180% que le président de la FAF venait de prendre dans le dossier de la succession de l’entraîneur de l’EN A. Lui qui, officieusement, préparait le terrain pour l’intronisation du Français Christian Gourcuff à la place à l’ancien sélectionneur de la Côte d’Ivoire dont le contrat expirait le 1er juillet dernier. Las d’attendre une réponse ferme de Halilhodzic, Raouraoua, qui avait fixé la date du 31 janvier dernier comme délai de rigueur pour renouveler le bail avec le technicien bosnien, a fini par prendre langue avec le désormais ex-coach de Lorient. Et à finaliser avec lui l’accord d’engagement dont les détails devaient être annoncées quelques jours après la fin de cette Coupe du monde. Un tournoi que Christian Gourcuff a suivi de près. En tant qu’un des experts engagés par le journal Le Monde mais surtout en observateur attitré de tout ce qui entoure la participation des Verts durant cette compétition planétaire. Gourcuff qui évitait d’évoquer le sujet de sa venue en Algérie ne se dérobait pas des flashs des photographes et des caméras en marge de la seconde rencontre de l’Algérie durant le premier tour, face aux Sud-Coréens. Après avoir supervisé le Mali, à Colombes, contre la Guinée, en match amical en mai dernier, Gourcuff attestait, de par sa présence quasi-protocolaire (il avait pris place dans une loge du stade Beira-Rio de Porto Alegre), de sa disponibilité immédiate pour assumer ses nouvelles fonctions. Sans l’annoncer officiellement, Gourcuff avait comme déjà pris les affaires de la sélection algérienne. Ceci au moment où la FAF continuait à observer un silence radio qui n’avait qu’un seul objectif : palper les opinions publiques et des décideurs avant de passer à l’acte. Pour ce faire, un nouvel échec, après celui essuyé par les troupes de Halilhodzic lors de la CAN-2013, scellerait le sort du Bosnien qui, de son côté, se préparait à être viré bien avant l’expédition du Brésil.

La voix du peuple, le poids des décideurs
L’ultimatum fixé par Raouraoua à Halilhodzic intervenait un an, presque jour pour jour, après les déboires d’une Coupe d’Afrique des nations pour laquelle Halilhodzic s’est vu fixer les demi-finales (au moins) comme objectif. Eliminés au bout de la deuxième rencontre (deux défaites face à la Tunisie puis le Togo) du premier tour, les Verts version Halilhodzic étaient voués aux gémonies. L’éjection de celui que la FAF a choisi pour rebâtir la sélection devenait, quinze mois après la gifle de Marrakech, imminente. Inévitable.
Mais, au prix d’un soutien renouvelé des supporters et d’un cercle du pouvoir (on dit que Sellal a pesé de tout son poids pour que Halilhodzic ne soit pas dégommé), la FAF finit par «renouveler sa confiance» au Bosnien.
Ce dernier a grillé un joker mais pouvait capter, outre la confiance de ses employeurs, quelques nouvelles cartes pour éviter un second crash. L’arrivée des Ghilas, Taider, Brahimi et autre Belfodil allait faire du bien à cette sélection nationale ragaillardie, par ailleurs, par le come-back de certains cadres de la défunte structure bâtie par Saâdane. Bouguerra et Yebda, absents à Rustenberg, seront de retour dès la reprise des éliminatoires africaines du Mondial brésilien. Comme par enchantement, le Club Algérie réussit son pari, et Halilhodzic sauve sa peau. Mieux, la qualification de l’Algérie au tournoi final du Mondial-2014 ouvre les yeux à l’ancien coach de Beauvais désormais ciblé par nombre de clubs et sélections en Europe, en Afrique et en Arabie. Des «rumeurs» que la fédération algérienne prendra à la légère.
L’épisode d’un cataclysme semblable aux lendemains calamiteux vécus par l’EN de Saâdane au sortir du Mondial-2010 refait surface. Halilhodzic dont le CV fut redoré par cette historique qualification fait de la surenchère. Des clubs européens et surtout qataris lui offrent un pont d’or : la seule prime de signature proposée était quatre fois supérieure aux émoluments annuels touchés par Halilhodzic en Algérie (des estimations évoquent quelque 780 000 euros/an). Dès lors, la succession devenait une question de mois. Raouraoua, irrité par les déclarations de son employé faites à la presse française, entame la démarche en ciblant nombre de «grosse pointures» à l’instar de l’Italien Trapattoni ou le Français Troussier. L’hiver sera chaud et les deux hommes, Raouraoua et Halilhodzic, vont en découdre par médias interposés. Surtout après l’inspection faite, en catimini, par Gourcuff au CTN de Sidi-Moussa quelques jours avant que Halilhodzic n’entame les grands chantiers préparatoires pour le Mondial-2014.
Une visite qui a intrigué plus d’un mais qui a le mérite d’avoir ouvert la voie à la succession d’un entraîneur contesté plutôt pour sa communication, avec les joueurs et les médias, que pour ses méthodes de travail. L’accalmie qui a suivi la tempête de janvier-février a été mise à profit par chaque antagoniste, FAF et Halilhodzic, pour se donner de l’air. Et gagner du temps. La Coupe du monde arrive. Et les Verts ratent leur entrée en matière face aux Diables rouges.
Halilhodzic est comme fragilisé et son départ est alors fortement clamé. Puis, exploit après exploit, la tendance se renverse : Halilhodzic est au panthéon. Le «peuple» retourne sa veste, le pouvoir récupère le cuir. «Halilhodzic doit rester», ordonne le chef de l’Etat. Celui de la FAF tente une dernière offensive sans conviction. Coach Vahid temporise, lui que la presse turque annonce officiellement à Trabzonspor. «Je donnerai ma réponse dans trois, quatre jours», a-t-il promis avant de retourner en France. L’Algérie retient son souffle. Gourcuff panique. La FAF ne sait pas sur quel pied danser…
M. B.





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