Actualités : PAS DE MESURES PARTICULIÈRES POUR LA RENTRÉE SCOLAIRE
La «révolution» Benghebrit attendra
Point de nouvelles mesures en septembre. Tout juste
la suppression des livres d’activité pour les élèves de 1re et de 2e
année primaire. Les recommandations issues de la conférence nationale ne
seront pas appliquées dans l’immédiat. Le ministère de l’Education
temporise pour, dit-on, éviter que la réforme de la réforme ne se fasse
à la hussarde comme sous Benbouzid.
Nawal Imès - Alger (Le Soir)
Les élèves et les enseignants ne risquent pas d’être dépaysés à la
rentrée. L’année scolaire se déroulera sans aucun changement notable en
dépit des nombreux chantiers que Nouria Benghebrit affirmait vouloir
ouvrir. Point de décisions sur la révision des volumes horaires, de la
réorganisation des examens ni encore moins des mesures pour l’allégement
des programmes.
Les recommandations émises par les participants à la conférence
nationale de l’éducation feront l’objet d’un examen par une commission
qui sera installée au niveau du département de Benghebrit.
Les participants ont axé leurs recommandations sur la formation des
formateurs, la refonte des programmes et l’équité. Les directeurs
centraux du ministère qui animaient lundi soir une conférence de presse
ont expliqué la démarche à suivre pour éviter les erreurs du passé. Plus
question de faire une réforme des programmes avant de commencer par la
formation des formateurs pour éviter les incohérences nées de la réforme
menée par Benbouzid. S’il n’est plus question pour l’inspecteur général
de la pédagogie d’aller vite, il est temps, selon M. Benramdane, de
mettre le cap sur la qualité et de ne plus «construire l’école sur des
non-dits».
Il dit miser sur des programmes de deuxième génération qui n’entreront
en vigueur qu’une fois les enseignants seront bien formés. Lorsqu’en
2003, la réforme avait été entamée, la démarche était inversée : les
enseignants découvraient des programmes en même temps que les
apprenants. Pire encore, les pédagogues chargés d’élaborer les
programmes naviguaient à vue.
Une réforme à la hussarde
De l’aveu même de Adel Farid, président de la commission nationale des
programmes, la réforme menée sous Benbouzid aura été un grand naufrage.
Portant un regard lucide sur ce qui avait été fait, il dira qu’à
l’époque, les conditions n’étaient nullement réunies pour mener une
réforme.
C’est dans l’urgence et sans plan de bataille précis que les pédagogues
avaient été sommés d’élaborer des programmes. Année après année, ils
devaient les mettre au point sans vision globale.
C’est ainsi que les programmes du cycle primaire avaient été élaborés
pour un cycle devant durer six ans avant qu’une injonction ne soit
donnée pour réduire ce cycle à cinq années sans que les programmes ne
soient ajustés. Il en a été de même pour l’expérience de l’introduction
du français en deuxième année primaire, de l’augmentation du volume
horaire de l’éducation islamique et de l’introduction de l’histoire et
de la géographie. Des décisions prises avec beaucoup d’interférences.
Résultat : entre 2003 et 2007, pas moins de 207 programmes avaient été
élaborés.
Si sur un plan méthodologique, ces derniers n’étaient pas mauvais, c’est
l’opérationnel qui a manqué. Les enseignants ne savaient pas comment les
mettre en application et étaient au même niveau d’information que des
inspecteurs qui eux-mêmes ne maîtrisaient pas leur sujet.
Conséquence : une école sinistrée et un apprentissage basé sur la
mémorisation-restitution où l’analyse et la critique sont bannies.
Les erreurs du passé ne seront pas reconduites, assure M. Adel qui mise
sur les programmes dits de deuxième génération. Ils seront articulés
autour de l’uniformatisation des repères en donnant plus d’espace à
l’autonomie et moins de centralisation de la décision.
Il faudra cependant que ces programmes soient approuvés par la ministre
de l’Education dont la volonté de réformer se heurte visiblement à la
réalité du terrain.
N. I.
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