Actualités : Crash du vol AH 5017
La communication officielle à la traîne
Suite au crash de l’avion espagnol battant pavillon
Air Algérie et assurant la liaison Ouagadougou-Alger, survenu dans la
nuit de mercredi à jeudi, le Président Bouteflika a décrété, vendredi,
un deuil national de trois jours. Jeudi, alors que les médias
occidentaux diffusaient en continu les détails de la mobilisation de la
France officielle, la disparition de l’avion n’a pas constitué le fil
rouge des antennes publiques algériennes.
Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir)
La gestion de la communication autour de cette catastrophe aérienne
s’est faite en décalé par Air Algérie et les autorités algériennes. En
effet, ce n’est que jeudi, quelques heures après le lever du jour, que
la compagnie aérienne affirmait avoir perdu le contact avec le vol AH
5017 aux environs d’une heure du matin. A ce moment-là, le crash, qui
s’est malheureusement avéré, n’était qu’une vague hypothèse. N’empêche
que de l’autre côté de la Méditerranée, en France, notamment, la
mobilisation était à son paroxysme. Durant toute la journée du jeudi,
les chaînes de télévision françaises, publiques et privées rivalisaient
de plateaux dédiés à la catastrophe.
Des avis d’experts sont sollicités, des infos sont distillées à mesure
qu’elles sont récoltées, le président français, François Hollande, a
annulé un déplacement en Océanie…
En un mot, la France, dont une cinquantaine de ressortissants était à
bord du vol AH5017, a montré une préoccupation extrême tout le temps que
durèrent les recherches de l’avion porté disparu depuis jeudi vers 1
heure du matin. En revanche, les autorités algériennes se sont montrées
extrêmement circonspectes. C’était à croire qu’il ne s’agissait pas d’un
avion affrété par Air Algérie et qu’il ne se trouvait pas de
ressortissants algériens à bord.
La nouvelle de la disparition puis du crash de l’avion a été traitée
comme un fait anodin, qui ne devrait pas tenir en haleine. Les autorités
algériennes se sont contentées d’annoncer l’installation immédiate d’une
cellule de crise et de suivi de la situation, notamment des recherches
de l’avion. Ceci avant que le ministre des Affaires étrangères, Ramtane
Lamamra, ne confirme que l’avion s’est crashé en territoire malien,
juste après avoir franchi la frontière entre le Burkina Faso et le Mali.
Le ministre des Transports Amar Ghoul prendra, lui, tout son temps avant
de souligner que l’avion en question avait subi tous les contrôles et
disposait de toutes les autorisations réglementaires et techniques pour
voler.
Les deux déclarations des deux ministres algériens restent insuffisantes
aux yeux d’une opinion nationale qui, pour s’informer de la catastrophe,
a dû se brancher sur les médias français, ce qui pouvait faire accroire
qu’il n’y avait que les autorités de l’Hexagone qui se démenaient à
l’occasion de cette catastrophe. Toutes les informations importantes
liées au crash ont été données en primeur par le président français.
La France est présente militairement au Mali, à travers la dernière
opération antiterroriste qu’elle a lancée et baptisée Barkhane. L’armée
française à, donc, tout naturellement pris part aux recherches qui ont
associé, il faut le préciser, l’armée algérienne et l’armée burkinabé.
Mais il se trouve que c’est la France qui s’est investie dans la
communication autour de son effort.
S. A. I.
24 heures d’attente
Jeudi 24 juillet 2014 :
Vers 9h 45 : Air Algérie annonce avoir perdu le contact avec un de ses
appareils 50 minutes après son décollage de Ouagadougou (Burkina Faso)
alors qu’il survolait la région de Gao au nord du Mali. L’avion assurait
jeudi matin la liaison Ouagadougou-Alger. La compagnie aérienne
nationale précise qu’il a décollé d'Ouagadougou à 01h17 GMT et devait
arriver à Alger à 05h11 GMT (6h11 heure locale).
- Installation d’une cellule de crise et de suivi de la situation et des
recherches de l'avion et de ses occupants, présidée par le ministre des
Transports à l'aéroport d'Alger, dès l'annonce de la perte de contact
avec le vol AH 5017 d'Air Algérie reliant Ouagadougou à Alger.
Vers 11h 30 : un communiqué d’Air Algérie indique que l’avion disparu
est un appareil appartenant à la compagnie espagnole Swift Air et
affrété par Air Algérie. A son bord 119 passagers, dont 7 membres
d'équipage de nationalité espagnole.
- Air Algérie a mis à la disposition des familles concernées par ce vol
un numéro de téléphone pour tout renseignement.
Vers 11h : le nombre des passagers de l’avion a été officiellement
communiqué. Selon le porte-parole d’Air Algérie, Zoheir Houaoui, 119
passagers étaient à bord de l’avion qui a été affrété par la compagnie
aérienne nationale auprès d’une compagnie espagnole.
Vers 11h 30 : le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, précise que
l’avion a disparu dans la région de Gao (Mali) à 500 km au sud des
frontières algériennes. Selon lui, l’appareil transportait des Algériens
et d’autres passagers de différentes nationalités. Il affirme qu’à
l’heure actuelle (ndlr jeudi), les opérations de recherche pour
localiser l'appareil affrété par Air Algérie, se poursuivent en
coordination avec les autorités concernées.
Vers 12h 00 : Air Algérie a mis en place un numéro d’urgence pour les
familles des passagers.
Vers 13h 30 : Air Algérie communique les nationalités des passagers de
l’avion disparu. Selon le porte-parole de la compagnie aérienne
nationale, six Algériens, 50 Français, 24 Burkinabés, un Malien, un
Belge, deux Luxembourgeois, cinq Canadiens, un Camerounais, quatre
Allemands, un Nigérian, huit Libanais, un Égyptien, un Ukrainien, un
Suisse, un Roumain, trois passagers non identifiés et six membres
d’équipage de nationalité espagnole étaient à bord de l’avion.
Vers 20h : le ministre des Transports, Amar Ghoul, indique que des
débris de l'avion disparu auraient été aperçus au Mali. Des informations
qui restent selon lui, à confirmer.
Vers 22h : le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra,
confirme que l’avion disparu s'est écrasé en territoire malien juste
après avoir franchi la frontière entre le Burkina Faso et le Mali. Selon
lui, des équipes se rapprochent de l'épave.
Vendredi 25 juillet 2014 :
- Aucun survivant parmi les 116 passagers de l'avion écrasé de la
compagnie espagnole Swift Air affrété par Air Algérie et qui assurait la
liaison Ouagadougou-Alger, dont les débris ont été localisés dans la
nuit de jeudi à vendredi au nord du Mali. Les recherches auxquelles ont
pris part l'Algérie, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et la France ont
permis de localiser les débris de l'épave, complètement désintégrée.
Vers 11h 45 : le président de la République, Abdelaziz Bouteflika,
décrète un deuil national de trois jours à compter de vendredi, à la
suite de l'accident.
Vers 13h 00 : l’une des deux boîtes noires de l'avion qui assurait le
vol AH 5017 Ouagadougou-Alger et crashé jeudi dans le nord du Mali a été
retrouvée vendredi. Une annonce fait par le ministre des Transports,
Amar Ghoul.
Rym N.
Ce qu’il faut savoir sur l’affrètement
Air Algérie a-t-elle recours à l’affrètement
d’avions d’autres compagnies ?
Air Algérie dispose d’une quarantaine d’appareils, essentiellement des
moyens courriers. La compagnie nationale affrète souvent des appareils
lors de la saison estivale. Elle a également recours à l’affrètement
lors de la période du pèlerinage à La Mecque.
Cette pratique n’est pas nouvelle, elle existe depuis des décennies. La
procédure d’affrètement est soumise à une autorisation de la Direction
de l’aviation civile. La compagnie est censée respecter le code du
marché public en lançant un avis d’appel d’offre. Le gré-à-gré n’est pas
accepté dans ce type de contrat.
Air Algérie a-t-elle affrété des avions auprès d’autres opérateurs ?
Selon le site suisse spécialisé www.ch-aviation.com, Air Algérie a loué
pour la saison estivale 2014 plusieurs avions : un A330-300 de la
compagnie malaisienne Air Asia, deux A340-300 de la compagnie portugaise
Hi Fly ainsi que le McDonnell Douglas MD83 de Swiftair.
Le site précise par ailleurs que Swiftair a mis à la disposition d’Air
Algérie un second MD83 pour remplacer le premier avion qui s’est crashé
au Mali.
Comment se déroule la sélection de l’avion ?
La sécurité étant une priorité dans le secteur de l’aérien, cet
aspect est le facteur de sélection prioritaire dans toute opération
d’affrètement. L’entreprise propriétaire de l’avion doit présenter une
série de documents : le permis d’exploitation aérienne, un certificat de
navigabilité, un rapport récent d’audit de sécurité et les licences des
membres d’équipage. L’âge des avions est également pris en compte. Ainsi
Air Algérie a pour habitude d’affréter des avions ne dépassant pas
quinze ans d’âge. Cette règle semble ne pas avoir été respectée puisque
le McDonnell Douglas MD83 aurait été mis en service en 1996.
Les avions de l’affréteur Swiftair sont-ils aux normes ?
Swiftair dispose d’une trentaine d’appareils, dont des Boeing 727 et
737, des McDonnell Douglas MD83, des ATR 72 et 42, des Embraer 120 ainsi
que des Metroliner. 0L’entreprise étant de droit espagnol, basée à
Madrid, ses appareils répondent tous aux normes européennes de sécurité.
Le MD83 affrété par Air Algérie avait subi, quelques jours avant le
crash, un contrôle de sécurité à Marseille par une équipe de la
Direction générale de l’aviation civile française. Jeudi, le directeur
général de la DGAC avait indiqué que l’avion «état vraiment en bon
état».
Quels types d’appareils Air Algérie affrète-t-elle habituellement ?
La flotte de la compagnie nationale est composée de Boeing B737 et
B767, d’Airbus A330-200 et d’ATR 72. Air Algérie dispose de sa propre
base de maintenance pour réparer ses avions.
La compagnie affrète habituellement des gros porteurs (Boieng B747 et
B767, Airbus A340) afin d’embarquer un maximum de passagers durant les
périodes de rush. Le choix du McDonnell Douglas MD83 semble être une
première.
T. H.
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