Actualités : LES 116 PASSAGERS ONT TOUS PÉRI DANS L’ACCIDENT
Le mystère du crash de l’AH 5017
«Conformément aux règles et lois régissant le
fonctionnement de l’OAIC, l’enquête sur le crash de l’avion affrété par
Air Algérie sera menée par la partie malienne, en étroite collaboration
avec les autorités des pays concernés, dont l’Algérie, la France et le
Burkina Faso». Le ministre des Transports Amar Ghoul a longuement
insisté sur ce point, évacuant ainsi toute «fausse interprétation de
cette démarche».
Abder Bettache - Alger (Le Soir)
C’est en présence des ministres des Affaires étrangères et de la
Communication, que le premier responsable du département des transports
s’est exprimé pour la dernière fois sur le drame avant de prendre
l’avion vers le Mali avec d’autres responsables pour s’imprégner de la
situation sur le terrain.
Cette sortie médiatique d’Amar Ghoul est la seconde, depuis la
disparition du McDonnell Douglas 83, affrété par Air Algérie auprès de
la compagnie espagnole Swiftair, et de l’annonce de son crash.
La première prise de contact d’Amar Ghoul avec la presse a eu lieu plus
de dix heures après la disparition du Boeing.
Cette seconde sortie médiatique du président de la cellule de crise a
été notamment marquée par l’annonce officielle de la mort de toutes les
personnes se trouvant à l’intérieur de l’avion.
«Il n'y a aucun survivant du crash», a indiqué avec consternation Amar
Ghoul, avant de rappeler pour la énième fois que conformément aux «us
notamment aux Etats-Unis, sont concernés par l’enquête le pays où s’est
déroulé le drame (le Mali), le transporteur (Air Algérie) et le
constructeur de l’appareil».
Et pourtant, la veille tout le monde nourrissait l’espoir de voir «les
événements prendre une autre approche». «Il n'y a aucun survivant du
crash de l'avion de la compagnie espagnole Swift Air affrété par Air
Algérie et qui assurait la liaison Ouagadougou-Alger, dont les débris
ont été localisés dans la nuit de jeudi à vendredi au nord du Mali.
Les recherches de l'appareil et ses occupants, entamées par l'Algérie
dès l'annonce de sa disparition dans l'espace aérien malien, ont permis
de localiser l'épave à Gossi, à environ 100 km au sud-ouest de Gao, la
plus grande ville du nord du Mali et Kidal», a expliqué Amar Ghoul.
AH 5017 en provenance de Ouaga retardé
Ayant déjà assuré cinq vols entre Alger et Ouagadougou, le McDonnell
Douglas 83, affrété par Air Algérie auprès de la compagnie espagnole
Swiftair et devant atterrir sur le tarmac de l’aéroport international
d’Alger à 05h40 mn est porté disparu. Il n’était plus en contact avec
les responsables de la navigation aérienne cinquante minutes après son
décollage.
Avant sa disparition de l’écran, l’équipage espagnol avait demandé de
changer de direction en raison de conditions météorologiques
particulièrement difficiles.
C’était le dernier contact avec les services de la navigation aérienne
algérienne avant que l’appareil ne disparaisse totalement de l’écran.
L’angoisse et la panique s’installent. Au niveau d’Air Algérie, c’est le
mutisme total. Point d‘information. Sur le tableau d’affichage à
l’intérieur de l’enceinte aéroportuaire, une seule indication est
visible : le AH 5017 en provenance de Ouagadougou est en retard.
A 10h30, le doute s’installe. L’hypothèse d’un crash est vite avancée,
mais sans preuve palpable. L’information a déjà fait le tour de toutes
les rédactions. Les premières infos sont diffusées par les chaînes de
télévision. Une évidence : l’avion a disparu et à son bord 116
passagers, dont six Algériens. La panique s’installe.
Les familles de deux passagers sont déjà sur les lieux. Les mères et
frères sont en pleurs. Scène de désolation. «Oh mon Dieu soyez avec
nous, et que mon fils Hakim soit parmi nous», prie la mère d’un passager
résidant à Ouagadougou, qui n’a pas tardé à éclater en sanglots.
L’avion a disparu à Gao
C’est le Premier ministre Abdelmalek Sellal qui annonce la nouvelle. Il
dira que «l'avion a disparu à Gao, à 500 km de la frontière algérienne»,
faisant état de «victimes», mais sans avancer le moindre chiffre.
L’opération de recherche est aussitôt lancée. Il est 14h30mn. C’est au
niveau du terminal T3, réservé pour les opérations de hadj, où est
installée la cellule de crise. Un lieu déjà pris d’assaut par la presse
venue nombreuse en la circonstance.
La disparition de l’avion est désormais confirmée. Mais le mystère de
cette disparition est resté entier. S’agit-il d’un détournement ? D’un
crash ou d’une attaque terroriste ? Des questions qui sont restées sans
réponse, d’où la confusion totale.
Pendant ce temps, les télés et autres médias français assurent une large
couverture de l’événement. D’ailleurs, on annonce que parmi les 116
passagers, une cinquantaine de français y figurent. Il y avait aussi des
Libanais, une vingtaine, soit au total une quinzaine de nationalités. A
15h passées de quelques minutes, les médias français avancent
l’hypothèse d’un crash.
A Alger, on ne fait aucun commentaire. Le chef de la diplomatie
française, Laurent Fabius, annonce que l'avion s'est «probablement
écrasé » dans la région de Gao. Ce même responsable dira aussi qu'on ne
«doit exclure aucune hypothèse». «La seule chose que nous sachions de
manière certaine, c'est l'alerte météo». Or, du côté algérien, «on
n’exclut aucune hypothèse. Il y a des pistes plus sérieuses que
d’autres, mais seule l’enquête déterminera les causes exactes du crash.»
Et le ministre de la Communication de renchérir «toute spéculation ne
fera que brouiller l’enquête. N’avançons pas d’informations non
vérifiées jusqu’aux résultats de l’enquête».
Crash ! Aucun survivant ! Mystère !
Intervenant juste après le ministre des Transports, le chef de la
diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a indiqué pour sa part que «nous
pouvons confirmer que l'avion s'est écrasé en territoire malien juste
après avoir franchi la frontière entre le Burkina Faso et le Mali.
En effet, aucun survivant du crash de l'avion n’a été signalé dont les
débris ont été localisés dans la nuit de jeudi à vendredi au nord du
Mali.
Les recherches de l'appareil et ses occupants, entamées par l'Algérie
dès l'annonce de sa disparition dans l'espace aérien malien, ont permis
de localiser l'épave à Gossi, à environ 100 km au sud-ouest de Gao, la
plus grande ville du nord du Mali et Kidal.
Ainsi, outre les six Algériens, le reste des passagers sont des Français
(50), Burkinabés (24), Libanais (8), Espagnols (6), Canadiens (5),
Allemands (4), Luxembourgeois (2), Malien (1), Belge (1), Nigérien (1),
Camerounais (1), Égyptien (1), Ukrainien (1), Roumain (1), Suisse (1) et
3 nationalités en cours de recherche.
Cela dit, les circonstances du drame seront élucidées une fois que les
deux boîtes noires seront récupérées. Il n’en demeure pas moins que le
mystère de cette tragédie reste entier.
A. B.
Ils étaient en mission à ouagadougou
Un pilote et un chef de cabine d’Air Algérie parmi les victimes
Le sort a voulu que deux pilotes de la compagnie Air
Algérie trouvent la mort dans le crash du vol AH 5017 sans qu’ils ne
soient aux commandes de l’appareil. Il s’agit de Lotfi Debaili,
commandant de bord et de Omar Merbah chef de cabine. Les deux hommes
étaient en mission à Ouagadougou et devaient prospecter des hôtels
devant servir de points de chutes aux équipages assurant la liaison
Alger- Ouagadougou. L’annonce de leur décès a suscité beaucoup d’émotion
auprès de leurs collègues. Une émotion relayée par les réseaux sociaux
où les photos des deux victimes du crash avaient été publiées. Les
quatre autres Algériens morts dans le crash avaient des relations de
travail au Burkina Faso.
N. I.
Les précédentes catastrophes aériennes en Algérie
Avec le crash de l’avion affrété par Air Algérie au
Mali, la compagnie nationale enregistre une des plus importantes
tragédies aériennes après le crash d’un Boeing en 2003 à Tamanrasset.
Avec un nombre de victimes s’élevant à 116, le crash au Mali est sans
doute la plus grande catastrophe qu’ait connue la compagnie qui tout au
long de son existence, aura vécu deux accidents de ce type. Le 6 mars
2003, un Boeing 737-200 de la compagnie Air Algérie assurant la liaison
entre Tamanrasset et Alger s’était écrasé faisant 102 morts. L'appareil
avait tenté de décoller de l'aéroport de Tamanrasset. Il s'était éloigné
de la piste durant le décollage et
avait fini par s'écraser causant la mort de 96 et des six membres
d’équipage. Le 13 août 2006, un avion-cargo de type Lockheed L-382
appartenant à Air Algérie et assurant le vol AH 2208 Alger-Francfort
s’était crashé sur le territoire italien, à proximité de Piacenza au sud
de Milan. L’accident avait coûté la vie aux trois membres de l'équipage.
En termes de crashs, les avions militaires détiennent la palme. En
février dernier, un hercule C-130 de la compagnie assurant la liaison
entre la Tamanrasset et Constantine s'était écrasé peu avant son
atterrissage, faisant 76 morts. Un seul passager a survécu.
En décembre 2012, deux avions militaires, se livrant à des
entraînements, se sont percutés en plein vol à Tlemcen causant la mort
des pilotes. En novembre 2012, un bimoteur militaire de type CASA C-295,
qui transportait une cargaison de papier fiduciaire pour la fabrication
de billets pour la Banque d'Algérie s'était écrasé en Lozère. Les cinq
militaires à bord et le représentant de la banque d'Algérie ont péri
dans le crash. Le 30 juin 2003, un appareil de transport militaire, de
type Hercule C130, s'était écrasé sur un quartier de Beni Mered. 17
personnes, dont 4 membres de l’équipage, avaient été tuées.
N. I.
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