Contribution : Israël ou la criminelle démesure
Par Abdelkader Leklek
On prête à Hérodote cette citation : «C’est par la fin que tout
commence.» Comme qui dirait, sagement, répondre à la mort par la vie.
Cependant, et si les malheurs des juifs avaient disparu avec la fin de
la Shoah ? Mais qu’également, la criminelle démesure des Israéliens
sionistes avait commencé avec la catastrophe, comme ils disent ?
Cette tranche d’histoire, que les juifs prosélytes expliquent comme
étant : «la punition infligée par Dieu contre son peuple qui avait
abandonné la Torah» et sur laquelle, l’écrivain italien et juif
survivant de la Shoah, Primo Lévi, dans son célèbre livre Si c’est un
homme se questionne à l’opposé de ce jugement, mais «aussi pourrait-on
se demander si l’on doit prendre en considération un épisode aussi
exceptionnel de la condition humaine, et s’il est bon d’en conserver le
souvenir» ? Tous les hommes et toutes les femmes du monde répondront par
l’affirmative. Cependant, pour en faire quoi ? Et là est le hic. Si
c’est pour la mémoire et le souvenir, si c’est pour que cela ne se
reproduise plus, cela anoblira tous les combats menés pour la cause
humaine. A contrario, si c’est pour en faire un fonds de commerce
turpide et cupide ; la trahison de la mémoire humaine et la faillite du
«pour que nul n’oublie» est caractérisée, avilie et crapuleuse. Si c’est
également entretenir ce souvenir pour qu’à toutes les occasions, il soit
brandi pour culpabiliser tous les autres, cela aussi est une entreprise
qui reproduit plus sournoisement ce que firent les doctrinaires et les
théoriciens de la solution finale.
La reproduction de traumatismes et de violences collectives, qui est une
conséquence des psychopathologies endurées du fait de sévices et
d’agressions piégeant la mémoire, peut être traitée, quand elle est
maladive. Mais quand elle sert de motifs et d’alibis à la perpétuation
des malheurs, sans liens ni rapports avec ces blessures, physiques ou
bien morales soient-elles ; il y a une volonté délibérée et un
comportement de reproduction raciste, xénophobe, et fanatique
nationaliste. Cela se manifeste, en pratique, par la barbarie, la
sauvagerie, la férocité, la brutalité et par l’inhumanité. Ainsi les
théories qui avaient sous-tendu le nazisme et le fascisme ont élaboré un
système reproductible à merci. Il suffit pour cela d’être dans cette
position qui procure les privilèges de pouvoir terroriser les autres,
comme conséquence allant de soi.
Regardons de plus près ce qui se passe à Ghaza, du fait des politiques
et de la soldatesque israélienne, sionistes. On devrait à ce sujet, un
jour savoir combien il y a de binationaux dans l’armée israélienne, et
ainsi découvrir, combien d’Etats sont —qu’ils le veuillent ou pas —
engagés dans les monstruosités, les cruautés et les horreurs que
subissent les enfants palestiniens ? De ce fait, au lieu d’être gazées,
comme ce fut le cas dans les camps nazis, les populations palestiniennes
reçoivent des obus à fléchettes. Ces projectiles sont bourrés de clous
en acier, d’une importante dimension, allant jusqu’à 4 centimètres selon
les spécialistes. Quand l’obus explose, il libère plus de 5 000 de ces
pointes de la mort, qui se répandent et couvrent une superficie de 300
mètres de long, sur 90 mètres de large. Ces armes avaient été conçues
pour pénétrer, en temps de guerre, des végétations denses. A Ghaza ils
sont, non seulement utilisées contre des populations civiles mais en
prime, dans l’une des zones les plus peuplées au monde, puisque la
densité au kilomètre carré est 4 726 habitants. En plus d’utiliser des
bombes à sous-munitions et autres à phosphore blanc. Alors quelle
différence y aurait-il entre l’emploi par les armées allemandes durant
la Première Guerre du gaz ypérite, dit gaz moutarde, cette arme
chimique, comme également le gazage de juifs avant de brûler leurs
cadavres dans les fours crématoires des camps nazis, et ce qui se passe,
aujourd’hui, à Ghaza ?
Par ailleurs, quand la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme,
madame Navi Pillay, indique que : «Une forte possibilité que le droit
international humanitaire ait été violé, d'une manière qui pourrait
constituer des crimes de guerre» toute la presse israélienne et
occidentale en particulier, assène que cette fonctionnaire
internationale accuse Israël de crimes de guerre, en sous-entendant et
suggérant, la calomnie et la diffamation en direction de l’Etat
sioniste. Que faudrait-il à tout ce beau monde, nous vendant cette
fiction de la plus grande démocratie du monde qui n’hésite ni ne s’émeut
de bombarder tout ce qu’elle juge suspect.
Des centres d’accueil pour personnes handicapées, à l’école primaire de
Beit-Hanoun, au nord de la bande de Ghaza, le 24 juillet 2014, gérée par
l’ONU, où s’étaient abritées plus de 800 personnes, dont 15 seront
tuées, par l’armée sioniste qualifiée par les mêmes thuriféraires comme
étant l’armée la plus morale du monde. Rien que cela ! Alors, que tous
ces courtisans flagorneurs sachent que depuis le 17 juillet 1998, selon
l’article 8 du statut de Rome, qui définit les règles de fonctionnement
de la Cour pénale internationale, le fait de lancer des attaques
délibérées contre la population civile en général ou contre des civils
qui ne prennent pas directement part aux hostilités ; comme également,
le fait d’attaquer ou de bombarder, par quelque moyen que cela soit, des
villes, des villages, habitations ou bâtiments qui ne sont pas défendus
et qui ne sont pas des objectifs militaires, mais aussi, le fait
d’affamer délibérément des civils, comme méthode de guerre, en les
privant de biens indispensables à leur survie, notamment en empêchant
intentionnellement l’arrivée des secours prévus par les conventions de
Genève, et encore, la prise d’otages et les déportations ou transferts
illégaux ou les détentions illégales, cela s’appelle en droit, des
crimes de guerre et bien sûr, punis en conséquence. Il y a eu, depuis
les hostilités, la déportation de 100 000 Palestiniens, habitants le
nord de Ghaza, dans les localités de Zeïtoune, Choujaya, et Beït-Lahya.
Et même si cela avait été annoncé par des tracts et des messages
téléphoniques et des SMS, short message service, pour évacuer leurs
domiciles, cela demeure irréfutablement des crimes contre l’humanité,
imprescriptibles, selon les conventions internationales. Quand il
s’était agi de punir les responsables de la Shoah, en solidarité avec
les juifs qui en furent victimes, le monde entier s’était ligué pour
intenter aux responsables du 3e Reich, le procès de Nuremberg, qui se
déroula du 20 novembre 1945 au premier octobre 1946. Ils furent inculpés
et condamnés sous les chefs d’accusation de complots et crimes contre la
paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Pourquoi en
serait-il autrement s’agissant de populations palestiniennes. Ou bien
l’être humain n’aurait-il pas la même valeur, s’agissant de Palestiniens
ou bien d’Israéliens ? Bien plus frustrant encore, quand cela vient de
la part des champions toutes catégories de la démocratie, en la personne
de leur secrétaire d’Etat, John Kerry, qui fit courbette devant l’Etat
sioniste quand il avait été surpris manifestant discrètement, le fin
fond de sa pensée.
Evoquant la suite que donnera Tsahal à la mort de 13 de ses soldats, il
s’affranchit en déclarant : «J’espère que les Israéliens ne vont pas
considérer cet évènement comme une invitation à en faire plus !» Il
serait mieux qu’ils le prennent comme un avertissement.» Et quand un
animateur de télé lui demanda de s’expliquer sur son irritation verbale
exprimée en tapinois, il répondit, se morfondant, tel un gosse pris en
flagrant délit de vol par sa grand-mère, les doigts dégoulinant de
confiture : «Israël a le droit à l’auto-défense, je crois que c’est
très, très difficile dans ce type de situations, c’est, de toute
évidence, très difficile.» Bizarre, bizarre, comme dirait l’autre.
Disparus la loquacité et la volubilité ,les coups de gueule et les coups
de poing sur les tables de discussion quand il s’était agi d’intervenir
dans d’autres conflits, que cela soit en Irak, en Ukraine ou bien dans
le bourbier afghan. D’ailleurs, nous sommes toujours dans la même
linéarité ainsi que dans le même esprit du discours du Caire prononcé
par Barack Obama à l’université, le 4 juin 2009, intitulé pompeusement
«a new biginning» un nouveau départ, qui depuis, sur le terrain, fait du
sur-place en matière d’amélioration des relations américaines avec les
musulmans, dont c’était angéliquement, l’objectif. Volatilisées les
critiques à l’égard d’Israël sur le traitement de la question
palestinienne, envolées les pressions à engager en direction du
gouvernement Netanyahou, qui sévit encore et avec plus de férocité
contre des civils.
D’ailleurs à l’époque, malgré toutes les bonnes volontés de croire en ce
nouveau départ, il y avait dans ce discours un relent de continuation du
parti-pris de tout temps manifesté par les républicains, comme par les
démocrates de l’administration étasunienne. Ainsi Obama proclamait en
direction d’Israël, à partir de l’université du Caire : «Les liens
solides entre l'Amérique et Israël sont bien connus. Cette relation est
indestructible. Elle est fondée sur des liens culturels et historiques,
et la conscience que l'aspiration à une patrie juive est enracinée dans
une histoire tragique qui ne peut être niée.» Et qu'en direction du
peuple palestinien, dans le même discours, le président US suggérait :
«Il est aussi indéniable que le peuple palestinien - musulmans et
chrétiens - a souffert dans sa quête d'une patrie. Pendant plus de 60
ans, il a enduré les douleurs du déracinement. Beaucoup attendent, dans
les camps de réfugiés en Cisjordanie, à Ghaza et aux alentours, une vie
de paix et de sécurité qu'ils n'ont jamais pu mener. Ils subissent les
humiliations quotidiennes — grandes et petites — qui accompagnent
l'occupation. Alors qu'il n'y ait aucun doute : la situation du peuple
palestinien est intolérable. L'Amérique ne tournera pas le dos aux
aspirations légitimes des Palestiniens à la dignité et à un Etat à eux.»
Je n’engagerai aucun commentaire sur ces tirades, mais j’évoquerai, pour
ce faire, l’analyse faite par Noam Chomsky, de ce discours qui édifiera
plus le lecteur, parce que fine et clairvoyante. Le linguiste concluait
de la sorte, sur le fameux exposé : «Obama utilise le style bien rodé de
la « page blanche » (« blank slate»), qui consiste à ne pas dire
grand-chose sur le fond, mais en le faisant d'une manière si séduisante
qu'elle permet à ceux qui l'écoutent de lire sur la page ce qu'ils
veulent entendre.» Ce qui est le cas pour tous les godiches du monde,
qui attendent et espèrent que la solution viendra d’outre-Atlantique.
Forts de cela, les Israéliens sionistes demeurent prisonniers de cette
aliénation, connue depuis la présence de l’homme sur terre, qui
commanderait que les hommes passent d’une illusion à une autre. Quand
les prétendus oppresseurs sont défaits et détruits, c’est l’ancien
opprimé qui devient oppresseur à son tour. Ayant ancré la borne
universellement culpabilisante, et collectivement paralysante, nommée
Shoah, il n’y a plus de limites dans la barbarie envers les autres.
Ainsi les Allemands ne finiront jamais de payer, et les Français après
avoir fourni tout l’arsenal nucléaire à l’Etat sioniste, continueront de
se mettre au garde-à-vous à chaque occasion. En France, dans chaque
grille de programmes télé des chaînes publiques, il est impérativement
réservé un temps important et un créneau de grande écoute pour la
diffusion de reportages ou bien de fictions en relation avec
l’Holocauste.
La comparaison des malheurs humains est une aventure intellectuellement
malhonnête, car, d’un côté, simplificatrice des afflictions et des
infortunes des victimes, comme elle dédouane les bourreaux de leur
cruauté, de leur bestialité et de la monstruosité.
Aussi poussé à l’extrême intimidation, pour se racheter de la perfidie
de la France officielle, durant les déportations juives vers les camps
nazis de la mort. La compagnie française des chemins de fer, SNCF, qui
avait transporté 76 000 juifs, avait choisi de se repentir publiquement
de ses actions, à travers la voix de son patron Guillaume Pépy, le 10
novembre 2010, à partir des Etats-Unis, où il avait remis une
déclaration aux élus de Floride. Lors de cet acte de repentance, il
avait fait part «du souhait de la SNCF d’exprimer sa profonde peine et
son regret pour les conséquences de ses actes». D’accord, il était allé
négocier un contrat pour l’exploitation d’une ligne de train à grande
vitesse en Californie, mais aurait-il pu s’excuser, par rapacité, sans
l’aval de la France officielle de 2010 ? En fait un élu démocrate, Bob
Blumenfield, avait fait voter une loi qui contraignait les candidats à
ce contrat à faire la lumière sur leur éventuel rôle dans le transport
de prisonniers de 1942 à 1944. On s’interrogerait sur le poids et
l’empire d’une loi californienne aussi contraignante soit-elle, face au
millefeuille de résolutions onusiennes rappelant à l’Etat sioniste les
règles des droits humains ? Ainsi la boucle est bouclée.
L’Etat d’Israël est une entité composite et une nature multiple. Son
cœur et son cerveau sont aux Etats-Unis, ses intérêts sont en Europe
riche, un tiers en France, un tiers en Allemagne et un dernier en
Grande-Bretagne. Mais son corps, fait d’outils et d’instruments de
barbarie, d’horreur, de sauvagerie et cruauté, de négation de la
personne humaine, de dénégation de ses droits et du refus de tout
dialogue exception faite de celui des engins de la mort contre des
gosses, est en Palestine.
Et quand les sionistes israéliens ont terminé avec cette danse macabre
et abominable, ils nous balancent comme ultime provocation, de
l’académique pourri. C’est ainsi qu’un ancien sbire du Mossad, où il
avait «barbouzé» 25 ans durant, un certain Mordechaï Kedar, extrémiste
de droite, reconverti en spécialiste douteux de littérature et de
populations arabes, assénera doctement aux oreilles du monde entier :
«La seule chose qui pourrait dissuader un candidat à un attentat suicide
serait qu’il sache que s’il est attrapé, sa sœur ou sa mère, sera
violée. Que pouvons-nous faire ? C’est une culture que nous vivons.»
Perfide comme communication, mais les services psychologiques de l’armée
font pire en la matière. Le lundi 28 juillet 2014, ils balançaient des
tonnes de tracts listant tous les dirigeants du Hamas, ou supposés
l’être, qui ont été assassinés par Tsahal, avec au bout, cette question
en bas de page : d’après vous quel est le prochain nom sur cette liste ?
Insidieusement venimeux, mais en face, énormément d’antidote au sein de
la population sur place, selon les médias.
En ce jour d’Aïd el-Fitr, les frappes israéliennes ciblées avaient tué
huit enfants habillés pour l’occasion et qui s’amusaient sur une aire de
jeux du camp de réfugiés de Chatti, sur la rive ouest de Ghaza. Avant
cela, c’est-à-dire le 27 juillet, un gosse de 10 ans avait été assassiné
à coups de canon de char. Mais au-delà de ce funèbre inventaire de la
démesure criminelle, est-ce la légitimité de cet Etat d’Israël,
artificiellement bâtie sur une fallacieuse infidélité à l’ancien
testament, et une trompeuse déloyauté au pentateuque ; sur la
culpabilisation du monde entier pour cause de Shoah, tenacement
entretenue depuis 1948, sur l’antisémitisme européo-centré, continument
ressassé et décliné selon un nuancier infini ? S’autorisant comme Néron,
tous les excès pour cette chimérique terre promise aux frontières
inconstantes et aux imprécis tracés, et bénéficiant pour cela de
complicités publiquement formulées mais aussi insoupçonnées.
Ou bien est-ce la structure de tout ce qui fait la Palestine,
Cisjordanie et Ghaza ? Serait-ce son Etat, fait et défait par les
soutiens d’Israël, manœuvrant jusque dans le cœur même de l’ONU, selon
les intérêts des sionistes ? Ou bien son autorité contestée à Ghaza,
sinon son peuple, dont un million de personnes sont déportées et
exilées, depuis 1948, qui font les malheurs des Palestiniens ? Par
ailleurs, et si les pays arabes, les pays musulmans et ceux arabophones,
apportaient ces soutiens qui manquent aux Palestiniens, comme le fait
l’Occident pour Israël, comme début de solution ? Pour avoir un début de
réponse, faudrait-il encore que les Palestiniens eux-mêmes acceptent de
remiser leurs oppositions idéologiques, comme point de départ à ce
projet. Je crains à ce sujet que la démesure criminelle d’Israël ait
encore de beaux jours devant elle pour massacrer des gosses.
A. L.
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