Actualités : Fièvre aphteuse
Abdelouahab Nouri : «Le pays est en danger»


Jusqu’à samedi, l’épizootie de fièvre aphteuse s’est étendue à neuf wilayas du pays (Sétif, Batna, Bouira, Médéa, Béjaïa, Tizi-Ouzou, Constantine, Alger et Khenchela).
«Cette propagation est due à l’acquisition, par les éleveurs de ces wilayas, de bovins qui leur ont été vendus par les éleveurs de la daïra de Bir El Arch (Sétif). La situation est grave et le pays est en danger. Si on ne parvient pas à éradiquer cette maladie, ce sera une véritable catastrophe pour l’Algérie», a déclaré hier dimanche, Abdelouahab Nouri, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, lors de sa visite de travail et d’inspection menée dans la wilaya de Sétif et principalement à Bir El Arch, lieu où est apparu le premier foyer de la fièvre aphteuse. Selon lui, la contrebande (importation non contrôlée de bétail) a largement contribué à la propagation de cette maladie dans le pays.
«Dès l’apparition de la fièvre aphteuse en Tunisie, il y a de cela trois mois, nous avons pris d’importantes mesures de prévention à travers les wilayas frontalières et les wilayas intérieures de l’est ainsi que des campagnes de vaccination. Nous pensions que nous étions à l’abri de cette maladie. Mais des éleveurs sans foi ni loi, irresponsables et n’ayant aucune règle ni valeur morale ont importé frauduleusement de Tunisie du bétail infecté de la fièvre aphteuse. Ne cherchant que le gain facile, ils ont tout simplement importé la maladie sans se soucier des conséquences désastreuses causées au pays. Ces gens ne se sont pas contentés d’importer le bétail mais ont caché cette maladie aux services concernés. Si au moins ils nous avaient avertis à temps, nous aurions pu éviter d’arriver à ce stade», a affirmé le ministre.
Le foyer en question est constitué d’un ensemble d’éleveurs et de maquignons qui pratiquent exclusivement l’engraissement de bovins. Ce foyer a enregistré près de 75 cas de mortalité qui ont été enfouis par les services de l’APC.
L’ensemble de ces exploitations ont été mises sous séquestre avec interdiction de déplacement et une vaccination autour du foyer a été opérée. Aussi, il a été procédé à la fermeture des marchés à bestiaux de la wilaya de Sétif.
Mais malgré toutes ces mesures, l’épidémie de fièvre aphteuse s’est vite propagée à d’autres localités de la wilaya et à d’autres régions du pays. La wilaya de Sétif a enregistré à elle seule l'abattage de plus de 500 bêtes.
«Certaines défaillances relevées au niveau des barrages routiers de la police et de la Gendarmerie nationale ont fait que des mouvements de bétails n’ont pas été contrôlés, ce qui a contribué à la propagation de la maladie. A cet effet nous demandons aux différents services de sécurité d’intensifier les actions de contrôles ainsi que des patrouilles inopinées», dira le ministre de l’Agriculture.
Pour ce qui est des vaccinations, le ministre a affirmé que jusqu’à ce jour, les services sanitaires ont procédé à la vaccination de plus d’un million de têtes de bovins. Concernant la wilaya de Sétif, 15 000 bovins issus des foyers contaminés ont été également vaccinés.
Enfin, le ministre a affirmé qu’en dépit de l’énorme préjudice causé, l’état sera toujours aux côtés des éleveurs. A cet effet, M. Nouri a déclaré que la vache laitière sera remboursée à hauteur de 80% de sa valeur réelle, alors que pour le veau, le taux de remboursement sera annoncé dans les prochains jours.
A Constantine, Abdelouahab Nouri a rappelé l’importance d’impliquer les autorités locales dans cette affaire, «il faut associer les autorités locales et veiller à la sensibilisation de certains éleveurs. Ces derniers ont des droits et des obligations, l’un de leur premier devoir est de prévenir et d’informer les services vétérinaires les plus proches de toute apparition de cas suspect et il est intolérable et insoutenable qu’en 2014, des éleveurs se permettent encore d’agir d’une manière irresponsable et inconsciente, ne se souciant guère de la santé de la population et des animaux», dira-t-il. Et de poursuivre : «Il faut qu’ils sachent, que pour élever un animal, il faut la réunion de beaucoup de conditions de nature préventive et sanitaire et nous n’avons pas le droit d’improviser en ramenant du cheptel de Tunisie l’introduire frauduleusement dans le pays et se donner tout le plaisir à le répandre sur le territoire national».
Imed Sellami et Rym Souici

Plus de 40 cas ont été détectés en l’espace de quelques jours
Propagation inquiétante à Bouira

Désormais, avec la détection de plus de 40 cas de fièvre aphteuse en l’espace de quelques jours, soit après le premier cas enregistré à Aïn Turk le mercredi dernier, la wilaya de Bouira se place parmi les wilayas les plus touchées par cette maladie dévastatrice du cheptel bovin.
Hier dimanche, les responsables des services agricoles ainsi que ceux de la chambre d’agriculture, ont organisé une rencontre en présence des vétérinaires du secteur public et privé, afin de sensibiliser les éleveurs sur cette maladie virale très dangereuse pour le cheptel bovin.
Ainsi, l’accent a été mis sur les mesures de prévention à prendre, mais aussi, les cellules de veille à installer à travers les communes frontalières pour signaler toute intrusion de troupeaux de bêtes d’une manière clandestine, mais également le signalement de toute bête présentant des signes avant-coureurs de cette maladie afin de l’isoler à temps et l’abattre. Cela tout en rassurant les éleveurs sur la prise en charge par l’Etat de tous les frais d’abattage et leur indemnisation à hauteur de 80% du prix de la bête dans le cadre du dispositif Syrpalac.
Cela étant, rappelons qu’hier dimanche, et après seulement cinq jours depuis la détection du premier cas à Aïn Turk, commune située à 10 kilomètres au nord-est de Bouira, plus de 40 nouveaux cas de fièvre aphteuse ont été enregistrés au niveau de plusieurs communes de la wilaya, tout aussi éloignées les unes des autres comme Guerrouma située dans la daïra de Lakhdaria, au nord-ouest de Bouira, ou encore Chorfa dans la daïra de M’chédallah, à l’extrême est de la wilaya, et enfin, la région de Bouira avec Aïn Turk, Haïzer et Oued El Berdi. Tous ces foyers ont amené les responsables des services agricoles à déclarer un plan d’urgence pour prendre des mesures en pareil cas comme l’abattage des bêtes confirmées, l’isolement des étables et des foyers déclarés ainsi que leur désinfection et enfin, la vaccination du cheptel qui vivait dans ces étables où des cas de fièvre aphteuse sont signalés.
Cela étant, il faut souligner que la maladie, selon les spécialistes, se propage à un rythme alarmant puisque le virus est transporté dans l’air et peut contaminer les bêtes sur un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres à partir du foyer où la maladie est détectée.
C’est ce qui explique peut-être le signalement de cette maladie au niveau de la wilaya de Bouira qui est considérée comme une wilaya carrefour où transitent des milliers de bêtes surtout avant la fermeture du marché à bestiaux qui compte parmi les plus importants à l’échelle nationale puisqu’il couvre plusieurs wilayas du centre du pays.
Rappelons que les responsables de la direction des services agricoles avaient pris toutes les mesures nécessaires en pareille situation, sitôt le premier cas déclaré à Bouira. D’après le directeur que nous avions contacté le mardi dernier, plusieurs mesures avaient été prises à temps dont entre autres, la désinfection du foyer où a été détecté le premier cas à Aïn Turk, la fermeture du marché hebdomadaire à bestiaux avec instructions des services de sécurité pour interdire tout transport ou transfert des bêtes à l’intérieur et en dehors de la wilaya de Bouira, et enfin, l’entame d’une campagne de vaccination contre la fièvre aphteuse pour l’ensemble du cheptel existant au niveau de la wilaya de Bouira et évalué à plus de 50 000 bêtes, avec dans un premier temps, et prioritairement, la vaccination des bêtes encore vivantes et se trouvant dans le périmètre où cette maladie est signalée.
Y. Y.





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