Chronique du jour : Kiosque arabe
«Tous avec Dalia», faute de mieux !
Par Ahmed Halli
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Génocide,
chut ! Exclusivité israélienne : il n'y a que les Israéliens qui ont le
droit d'utiliser ce mot, en référence unique, et pérenne, à
l'holocauste. C'est pour ne pas briser ce monopole que la «purification
ethnique» a été inventée, pour qualifier le massacre des musulmans de
Bosnie. Parler d'un génocide à Ghaza, c'est faire preuve
d'antisémitisme, et l'antisémitisme aujourd'hui c'est l'apanage des
Arabes(1). C'est la version islamisée du projet de Choukeiri de «jeter
les juifs à la mer», l'arme fatale des «guerres préventives»
israéliennes. Alors que les victimes semblent devoir se compter par
milliers, les lucarnes arabes pavoisent, en brandissant des crânes
d'enfants défoncés en guise d'étendards. Il y a de quoi être effaré à la
vue de certains titres qui proclament déjà la victoire du Hamas à Ghaza,
alors que la cité martyre n'en finit pas d'enterrer ses morts. Pour ces
supporters acharnés et aveugles, la «victoire» du Hamas est évidente,
puisque les assaillants israéliens n'ont pas réussi à venir à bout de
l'organisation islamiste. Or, il apparaît de plus en plus que
l'éradication du Hamas n'est pas un objectif de guerre, mais que le but
à atteindre, c'est d'éliminer le plus grand nombre, et de terroriser les
survivants. Il est de plus en plus clair, à chaque opération sur Ghaza,
que la disparition du Hamas n'entre pas dans les plans d'Israël, plus
que jamais accros à la guerre, leur guerre, celle de leur pot de fer
contre le pot de terre palestinien. Et qu'a donc fait le Hamas de si
grandiose pour justifier une guerre impitoyable, susceptible d'aboutir à
sa destruction ? Le fait qu'il y ait plus d'un millier de morts, et que
la tuerie continue, n'arrête pas plus les amis bornés qu'il ne suscite
le remords des agresseurs. La sinistre vérité des chiffres, et la
qualité des victimes, des civils et des enfants dans leur écrasante
majorité, n'arrivent pas à étouffer les clameurs triomphalistes. Et l'on
voit surgir çà et là des banderoles et des slogans saluant la
«résistance» du peuple de Ghaza, alors que des centaines d'hommes, de
femmes, et d'enfants, ne songent qu'à échapper aux bombes et à la
mitraille. La seule «résistance» dont il s'agit en l'occurrence et celle
du corps humain aux objets perforants et à l'effondrement des bâtiments
et des maisons bombardés. Ces illuminés qui voient de l'héroïsme dans
ces corps d'enfants à moitié enfouis sous les gravats, peuvent-ils nous
dire à partir de combien de milliers de morts, ils s'arrêteront de crier
victoire ?
La résistance : jamais mot ne fut aussi galvaudé, autant soumis à
l'usage des propagandistes qui exaltent des victoires illusoires, sur
des champs de bataille virtuels, où leurs invocations ne font pas plus
d'effets que les roquettes sur Israël. C'est ainsi que la milice
iranienne du Hezbollah au Liban s'est emparée du mot pour en faire son
fonds de commerce, et soumettre le pays des cèdres à ses quatre
volontés. Ceux qui applaudissaient le Hezbollah, lorsqu'il jouait à
cache-cache avec l'armée d'invasion israélienne, rivalisent de mutisme,
quant à la soudaine disparition des «résistants» de Nasrallah au
Sud-Liban. Depuis les événements de Syrie, il est vrai, des alliances se
sont nouées et dénouées, et les amis d'hier sont devenus les amis
d'aujourd'hui à la grande satisfaction d'Israël. À un État fondé sur
l'appartenance religieuse, il fallait des adversaires tournant le dos à
des décennies de résistance, et menant une guerre religieuse. Tous
comptes faits, et avec le recul, Leïla Khaled était beaucoup plus
dangereuse pour l'État sioniste que ne l'a été cheikh Yassine, le
prédicateur du Hamas. À mon humble avis, les Algériens Mohamed Boudia,
et Mohamed Benmansour, ont plus donné à la cause palestinienne que
Khaled Machaal, et consorts, ces «Salafistes cinq étoiles». Et l'on se
surprend à évoquer avec nostalgie les anciennes figures de la vraie
résistance, telles que Georges Habbache et Nayef Hawatmeh, des hommes
qui ne se contentaient pas de lever les mains vers le ciel.
Mais pendant que Ghaza brûle, l'Irak se fissure, et se délite, alors que
le nouvel Islam sunnite programmé pour les Arabes s'installe et se
renforce dans un pays en ruines, à partir de sa forteresse de Mossoul.
Après la chasse aux chiites, et aux minorités religieuses comme les
chrétiens, le califat de l'émir des croyants, Al-Baghdadi, s'en prend
directement aux corps des femmes, après leur avoir imposé le voile
intégral. Toute personne de sexe féminin avéré sera désormais soumise à
l'horrible mutilation des organes génitaux qui est l'excision. Pour bien
montrer qu'ils ont de qui tenir, et ce qu'ils doivent au Wahhabisme, les
intégristes de l'EIIL se sont attaqués aux sépultures historiques. Selon
le programme commun aux «islamistes de tous pays», ils ont déjà détruit,
dans la portion d'Irak qu'ils contrôlent, une dizaine de mausolées et
tombeaux, dont celui du Prophète Younès (Jonas). Les islamistes ne se
donnent même plus la peine de se référer aux textes fondamentaux pour
justifier cette mesure. Ils savent désormais que l'ère de la raison est
révolue, et que «l'ignorance sacrée» a soumis l'esprit critique, et
s'est substituée à lui. En fait, toutes ces mesures qui paraissent
devoir choquer les non-musulmans sont inscrites en filigrane dans la
profession de foi de tous les tenants de l'islam politique. Il n'y a pas
de divergences doctrinales fondamentales, mais des différences
d'appréciation sur la longueur de la lame et la profondeur de la coupe.
Hormis quelques voix qui prêchent dans le désert, l'establishment
islamiste parlait d'une même voix, et poursuit les mêmes objectifs, y
compris et surtout lorsqu'ils parlent de l'Islam, «religion de paix».
Une paix qui ressemble, à s'y méprendre, à la «Pax Romana» impérialiste,
d'où seraient seulement exclus les dieux de l'Olympe. L'Islam d'Erdogan
qui a attendu que des compagnies américaines le fassent pour suspendre
les vols de la «Turquish Airlines»(2), vers Tel-Aviv, et au 12e jour de
guerre contre Ghaza. L'Islam du trémulant Fayçal Al-Kassem, l'animateur
de la chaîne «Al-Djazeera» qui recommande à l'armée syrienne de prendre
exemple sur «l'armée israélienne qui avertit les populations avant de
les bombarder». Fayçal Al-Kassem qui affirme, toute honte bue, que
l'armée d'occupation française en Syrie «respectait les villes et les
lieux de
culte» (!!!). Face à eux, il y a heureusement un Islam qui fait de la
résistance, qui marie heureusement raison et les sentiments, un Islam
comme celui de cette consœur irakienne. Dalia Al-Aqidi, célèbre
journaliste, musulmane et sunnite, est apparue dernièrement à l'écran,
arborant une croix, et proclamant «Nous sommes tous des chrétiens !».
Dalia Al-Aqidi, fille d'artistes irakiens connus, a voulu exprimer ainsi
sa solidarité avec les chrétiens opprimés par le «califat» de Mossoul,
alors que le monde arabe n'a d'yeux que pour Ghaza. Certes, nous sommes
tous des Palestiniens, plus ou moins convaincus, mais sachons aussi
faire l'effort d'être «tous avec Dalia Al-Aqidi», puisqu'il nous reste
encore un long chemin à faire avant d'être «tous des Dalia Al-Aqidi»,
purement et simplement !
A. H.
http://ahmedhalli.blogspot.com/
(1) Les Arabes sont choqués qu'on les traite d'antisémites, alors
qu'ils sont eux-mêmes d'authentiques sémites. C'est pourtant une
étiquette politiquement correcte à voir la haine qu'ils se vouent les
uns aux autres, et l'acharnement qu'ils mettent à s'entretuer. Pour se
laver de l'accusation d'antisémitisme, ils n'ont qu'un seul argument à
faire valoir, le masochisme, le credo enfoui dans le subconscient
islamiste.
(2) Pour mieux apprécier ce double jeu, il faut savoir que la compagnie
turque a choisi Messi, le joueur de Barcelone, comme vedette d'un de ses
spots publicitaires, alors que les sites islamistes ne parlent que de la
contribution du footballeur argentin à «l'effort de guerre» israélien.
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