Actualités : Ali Benflis tire à boulets rouges sur Bouteflika :
«Le comportement de ce pouvoir contredit ses intentions affichées»
Le «Pôle des forces du changement», une coalition
constituée par l’ensemble des partis et personnalités qui ont soutenu la
candidature de Ali Benflis aux dernières élections présidentielles a
tenu, hier mardi, une réunion «de coordination» et qui sera sanctionnée
par un communiqué au vitriol contre le pouvoir.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir)
Signé par l’ancien chef de gouvernement, Ali Benflis en sa qualité
de coordinateur dudit pôle, ce communiqué note d’emblée que l’on a
«relevé avec un sentiment de profond regret la poursuite des politiques
de rétrécissement continu du champ des libertés et de ce qui s’assimile
à une véritable guerre d’usure que le pouvoir en place livre à
l’opposition nationale, à l’effet de la mettre dans l’incapacité de
s’acquitter des missions qu’elle assume (…)». A juste titre, d’ailleurs.
Ali Benflis, la bête noire de Abdelaziz Bouteflika, et donc de
l’ensemble du pouvoir algérien, est tellement redouté que même son
dossier pour la création d’un parti politique au lendemain des
présidentielles du 17 avril, est tout bonnement «oublié» par le
ministère de l’Intérieur.
Un ministère de l’Intérieur qui n’a pourtant jamais hésité à donner des
autorisations et des agréments à certains personnages parfois
clownesques et qui font office de chefs de partis politiques de nos
jours ! «Ce pouvoir persiste dans ses pratiques non démocratiques au
moment même où, paradoxalement, il prétend mener une révision
constitutionnelle au nom d’une promotion des libertés qu’il endosse et
d’un renforcement du rôle de l’opposition nationale qu’il dépossède
systématiquement de ses droits les plus légitimes.» La rancune
légendaire de Bouteflika à l’égard de Ali Benflis a atteint des degrés
inimaginables lors de la dernière campagne électorale. Que l’on se
rappelle cette sortie inouïe lorsque, recevant un ministre espagnol, il
n’hésitera pas à traiter son principal rival de « terroriste ». Il n’en
fallait pas plus pour déclencher contre l’ancien chef de gouvernement,
une campagne médiatique franchement «médiévale» et qui se poursuit
d’ailleurs depuis ! «Tout dans le comportement de ce pouvoir, reprend le
communiqué du PFC, contredit les intentions qu’il affiche tant l’abus de
pouvoir, le déni des droits et la négation des libertés sont dans sa
nature intrinsèque». Pour le rédacteur du communiqué, «de telles
pratiques et de tels comportements suffisent par eux-mêmes à valider les
appels qui s’amplifient à un changement visant à assurer l’avènement
d’un ordre démocratique dans notre pays d’où émergera enfin l’Etat de
droit que notre société attend et auquel notre peuple aspire». Autres
griefs retenus à la charge du pouvoir, le Pôle des forces du changement
cite, prioritairement, la crise de Ghardaïa : «Les autorités publiques
assument une grande responsabilité dans les proportions tragiques prises
par ces événements du fait d’une gestion défaillante et d’une présence
de l’Etat insuffisamment assurée (…)
Les événements de Ghardaïa sont d’abord les révélateurs d’une crise de
l’autorité de l’Etat. Ils sont ensuite les révélateurs d’une crise de
confiance à l’égard des institutions agissant au nom de l’Etat. Ils sont
enfin les révélateurs des dégâts que peuvent provoquer, dans toute notre
société, une citoyenneté brimée et privée de tous ses attributs
naturels». Un vrai réquisitoire, sans appel, en somme. Au plan
international, la dramatique situation prévalant à Ghaza et celle non
moins préoccupante qui menace l’existence même de la Libye ont été
longuement évoquées dans ce communiqué du PFC.
K. A.
|