Soirmagazine : L’entretien de la semaine
KADRI Sofiane, membre fondateur et secrétaire général de l’association
Hum-Act, association de coopération et solidarité pour le développement
humain :
«Nous sommes conscients de la diffic
Par Sarah Raymouche
A travers ses différentes actions et rencontres, l’Association
de coopération et solidarité pour le développement humain a pu faire un
constat des difficultés de personnes vivant au seuil de la pauvreté.
Dans cet entretien, le secrétaire général de cette association explique
les différents moyens de débrouille mis en place pour que ces personnes
puissent vivre tout en gardant leur dignité.
Soirmagazine : Pouvez-vous présenter votre association et ses missions ?
Kadri Sofiane : Hum-Act Coopération et Solidarité pour le
développement humain est une association à caractère socioculturel
activant sur le territoire de la wilaya de Béjaïa.
Les membres fondateurs et adhérents de l’association mettent en commun,
bénévolement et dans un but non lucratif, leurs connaissances et leurs
moyens pour promouvoir et encourager les activités dans ce domaine.
Aussi, l’association a notamment pour objectif de promouvoir et soutenir
des initiatives visant la coopération et la solidarité pour le
développement humain et la protection de l’environnement dans ses formes
culturelle, sociale, artistique, touristique, historique et naturelle et
œuvrer activement en faveur du rapprochement entre populations des
régions d’Algérie et les peuples méditerranéens. L’association agit,
également, dans le cadre de larges réseaux de compétences pour la
promotion des solidarités concrètes locales, nationales et
internationales.
Vous organisez une caravane de solidarité en direction des familles
de couches sociales défavorisées. Pouvez-vous nous en parler ?
Tout d’abord, l’association Hum-Act tient à remercier toutes les âmes
charitables qui ont pu contribuer de près ou de loin à la réalisation de
la caravane de solidarité d’Ouled Saïd, Timimoun. C’est une grande
réussite pour une première, les objectifs sont atteints avec grand
succès, nous avons pu faire réapparaître le sourire sur les visages des
gens qui vivaient dans de piètres conditions.
La caravane a duré 10 jours, du 22 au 31 décembre 2014. Nous avons pris
en charge 162 familles pauvres, en leur assurant des couffins en denrées
alimentaires, couvertures, colis de vêtements et articles scolaires pour
80 enfants scolarisés. Quant à la campagne de santé et de prévention,
elle s’est réalisée grâce aux médecins bénévoles qui ont pu faire des
consultations et dépistages dans trois spécialités : gynécologie,
ophtalmologie et orthopédie rééducation.
Le but était d’approcher les gens malades et surtout les plus
défavorisés dans leur propre localité afin de leur prodiguer des soins.
Nous avons à cet effet examiné plus de 410 malades et procéder au
dépistage du glaucome, cancer du col de l’utérus et la scoliose. Aussi,
des dons en médicaments collectés dans diverses officines ont été cédés
chez le médecin généraliste de la localité afin de les distribuer aux
gens qui sont dans le besoin.
Une joie inouïe s’est exprimée chez la petite enfance lors des
manifestations sportives et culturelles. La commission qui s’est chargée
du volet loisirs et animation avait organisé un tournoi de football pour
les enfants avec installation de deux bibliothèques, et ce, avec la
collaboration de l’association Imédiwen Ténéné.
Il y a eu, également, des projections cinématographiques en
collaboration avec Ciné + dans des quartiers et villages et une kermesse
de jeux et d’amusement.
A travers vos activités, vous êtes en contact avec la couche
défavorisée ou carrément les pauvres. Comment définiriez-vous, notamment
à travers votre parcours, la pauvreté ? Quand peut-on dire, je suis
pauvre ?
La pauvreté c’est quand on n’arrive pas à subvenir à ses besoins les
plus élémentaires, à l’instar d’un toit, de quoi vivre et de se soigner.
Une personne peut dire qu’elle est pauvre, lorsqu’elle n’a plus de
ressources financières pour mener une vie correcte et digne, et qu’elle
se sente marginalisée, précaire et trahie par les conditions sociales et
économiques.
A travers nos actions, nous sommes conscients de la difficulté
financière de certaines personnes.
Selon vous, pensez-vous qu'on peut vivre dignement avec le SNMG, ou
moins, sans se priver des besoins essentiels ?
Personnellement, non. Déjà que le SNMG n’est même pas suffisant pour
un mois de loyer, comment voulez-vous en plus manger, s’habiller ou même
vivre dignement ? Cela dit, je considère le fait d’être un smicard comme
un signe de misère et de déchéance.
Quel impact peut-il avoir sur la vie sociale d'une personne de vivre
avec un revenu bas ?
Il sera conditionné à s’ancrer dans la plèbe et à être exploité
comme une fourmi ouvrière par la frange sociale dominante parce que sa
condition sociale ne lui permet pas de lutter pour l’amélioration de son
salaire et de ses conditions de travail.
Quels sont les types de comportement que cela peut engendrer
(augmentation de la violence par exemple) ?
Lorsqu’un besoin biologique se manifeste comme manger par exemple,
l’individu est prêt à se surpasser pour survivre, donc il pourrait être
violent au point de tuer rien que pour avoir une bouchée de pain. Ou
bien, il pourrait être passif avec sa faible latitude décisionnelle
engendrée par le mépris d’autrui, une situation qui va inévitablement
l’inciter à l’autodestruction.
Le fait de recourir à la négociation pour faire baisser les prix
systématiquement comme harceler les vendeurs, avoir des arriérés,
contracter des dettes, pour pouvoir subsister peut-il avoir un impact
sur la vie de la personne et sa famille, notamment sur le psychique ?
Ah ! non, même les personnes aisées négocient avec les vendeurs,
c’est culturel chez nous car les prix en Algérie ne sont pas contrôlés
et chaque commerçant applique sa propre règle au point de rajouter plus
de 100% de marge bénéficiaire. Mais, c’est vrai, les nécessiteux
essayent au maximum de faire baisser les prix car leurs conditions
déplorables les obligent à faire beaucoup d’économies, à faire plusieurs
petits boulots, à vendre leur force de travail à n’importe quel prix au
point de devenir parfois des larbins.
Cela peut-il engendrer la création de relations sociales difficiles
et des maux à la société ?
Oui, avec beaucoup de tentions et de conflits, où la lutte sociale
serait réduite à un cercle vicieux et subjectif et d’omettre les vrais
facteurs déclencheurs de tous les maux sociaux.
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