Culture : Le coup de bill’art du Soir
«Elisée Reclus» est toujours à Alger
Par Kader Bakou
Dans un épisode de la série en langue kabyle Arraw N’Tmurt d’Ammar Arab,
diffusé sur la Chaîne 4 de la Télévision algérienne, Da Mokrane (Djaâfar
Chibani), un des «anciens» du village, a cité «le grand explorateur
Elisée Reclus».
Jean Jacques Elisée Reclus, né en 1830 à Sainte-Foy-la-Grande (Gironde,
France) et mort à Thourout, en Belgique, en 1905 est un géographe
libertaire. Ce communard et communiste, militant et théoricien
anarchiste, membre de la Première Internationale, est un citoyen du
monde avant l’heure. Avec Pierre Kropotkine et Jean Grave, il participa
au journal Le Révolté. Il fut également un pédagogue et un écrivain
prolifique précurseur de la géographie sociale, de la géopolitique et de
l’écologie. Ses ouvrages majeurs sont Histoire d’un ruisseau, Géographie
universelle (en 19 volumes) et L'Homme et la Terre (6 volumes). La revue
Hérodote le considère comme l'un des géographes les plus importants de
son temps et a consacré deux numéros entiers à son œuvre, en 1981 et
2005.
Elisée Reclus a appelé à une langue universelle qui ne viendrait pas se
substituer aux langues maternelles mais qui serait une langue commune à
l’humanité. Cette langue, selon lui, ne peut pas être une langue
ancienne : «A de nouveaux pensers, il faut un instrument nouveau. Nulle
langue moderne ne convient non plus au rôle de véhicule universel de
l’intelligence humaine.» Il avait cité l'espéranto en exemple et s’est
réjoui du fait que dix ans seulement après son invention, cette nouvelle
langue réunisse déjà quelque 120 000 adeptes. Dans L'Homme et la Terre
(1905), Reclus a écrit : «C’est dans la famille surtout, c’est dans ses
relations journalières avec les siens que l’on peut le mieux juger
l’homme : s’il respecte absolument la liberté de sa femme, si les
droits, la dignité de ses fils et de ses filles lui sont aussi précieux
que les siens, alors la preuve est faite ; il est digne d’entrer dans
une assemblée de citoyens libres ; sinon, il est encore esclave,
puisqu’il est tyran.»
A Alger, au quartier du Sacré-Cœur, on peut encore voir une plaque «rue
Elisée Reclus» qui cohabite avec celle portant le nouveau nom de la rue
: Omar-Amimour. Cette plaque est historique : elle a, entre autres,
survécu à la fameuse campagne d’«arabisation de l’espace» et à la chasse
aux «vestiges coloniaux».
K. B.
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