Monde : Les chrétiens d’orient désemparés face au complot contre Bachar Al Assad
Résistances contre GME


De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
La résistance de Bachar et des chrétiens de Syrie fait grincer la machine criminelle du GME et perturbe l’Otan. Résistance.
Du temps où il était aux affaires en France et qu’en même temps l’Otan l’avait chargé de missions ciblées (Libye, notamment), N. Sarkozy conseillait aux chrétiens d’Orient de quitter leurs patries et de venir «s’installer en Occident». Paroles en l’air ? Mots dépassant la pensée de leur auteur ? Improvisations au Levant ? Il serait idiot de croire à ça. Sarkozy mandaté par l’Alliance atlantique, au parfum des intentions du «Traité», traduisait médiatiquement un plan étudié. Minutieux. Elaboré.
Les néoconservateurs américains emmenés par les deux Bush l’ont appliqué en Irak avec les résultats que l’on sait.
Pourtant, aussi paradoxal et criminel que ce dispositif le laisse paraître, il est aux yeux de ses concepteurs réussi, opérationnel, à nul autre pareil en génie et en haute stratégie. Le GME, ou Grand-Moyen-Orient pour les francophones, consistait et consiste toujours en le démantèlement des Etats nations, des entités reconnues à l’ONU pour les transformer en petites entités ethniques, confessionnelles, tribales, voire familiales. En Irak on parle, actuellement, plus de chiites, de sunnites, de Kurdes que de citoyens ou même de ressortissants irakiens. Le terrain est propice pour l’éclatement institutionnel du pays, sans doute faudra-t-il une étape transitoire qu’on appellera fédéralisme. Tout le monde y est prêt. Au Yémen, on dit les houtistes, ceux du sud ou du nord, les Ismaélites ou les non-musulmans, au Liban, plus question de parler d’autre chose que de Hezbollah, de Maronites ou de ceux du Djabal concernant les chiites.
Bahreïn, Soudan-Sud et Soudan-Nord, Sinaï qu’on prend soin médiatiquement de ne plus accoler à l’Egypte, partout c’est le chaos organisé, le désordre scientifique, la désolation travaillée et le désespoir entretenu. Le GME, pour rappel, concerne aussi l’Afrique du Nord. Les stratèges américains et de l’Otan considèrent la Libye, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc ou la Mauritanie comme l’autre versant du Levant, c’est tout bonnement le couchant. Donc le complot a commencé en Libye et a failli réussir en Tunisie grâce au duo infernal Marzouki-Ennahda. Les Tunisiennes et les Tunisiens ont été vigilants, mais ce n’est qu’une bataille de remportée, les comploteurs reviendront à la charge avec d’autres mots d’ordre et une autre tactique. L’argent ne manque pas.
Le Qatar et l’Arabie Saoudite y pourvoiront. Le GME est donc en marche, beaucoup plus raffiné avec Obama qu’il ne l’était avec Bush junior. Obama privilégie le renseignement, les élites locales et les forces d’appoint sur l’intervention militaire et le débarquement des bidasses.
L’affaire syrienne, pourtant, a fait grincer la machine impérialiste et a déjoué le plan global. La résistance de l’Etat syrien, la solidarité des citoyens entre eux et notamment le caractère laïque des institutions ont permis d’endiguer les vagues de la terreur islamiste, financée, armée, entraînée et instruite par l’Otan, la CIA, le Mossad et d’autres services comme ceux de la Turquie.
La présence en nombre d’autres obédiences que musulmanes, chrétiennes, polythéistes, des référents culturels et ethniques différents, le soutien sans faille de la Russie de Poutine à un Etat avec lequel il est lié par des traités suprêmes ont, pour le moment, défait le djihadisme assassin. Certes, la Syrie est en grande partie détruite, son histoire piétinée, ses musées saccagés, ses souks, les premiers au monde, ravagés et son économie au bord du gouffre. Mais c’est mieux qu’un Etat islamiste, bandit à la solde de l’Otan.
La Syrie a bénéficié aussi, c’est l’autre élément du maintien de Assad, des sympathies de l’Eglise catholique romaine. Pour des raisons de proximité religieuse avec les chrétiens de Damas et aussi parce que le pape françois est un homme juste, sincère et est un vrai croyant. Il a, à plusieurs reprises, pris la parole à Rome, à Bruxelles, à Paris, à Strasbourg pour défendre les musulmans. Argentin, ayant vécu à côté des humbles et des parias, il sait ce que veut dire exil, faim, sans-papiers, éloignement, relégation, vagabondage.
Pour être sûr et convaincu de la logique du GME, il suffit de constater que seules les Républiques, certes pas toujours parfaites, et les Etats séculiers qui sont visés. Egypte, Syrie, Tunisie, Libye, Algérie dans les années 90 et, sans doute, aussi à l’avenir, Yémen, Liban. Jamais l’Arabie Saoudite, Qatar, les Emirats, le Maroc, la Jordanie. La Turquie laïque, il est vrai, est préservée. Membre de l’Otan, elle joue un rôle déstabilisateur et criminel «intéressant» pour le GME.
A. M.



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