Actualités : Ramtane Lamamra à propos du conflit libyen :
«L’intervention militaire ne favorise pas la solution consensuelle»
Tout en exprimant «la pleine solidarité avec l'Égypte
sœur qui a été durement frappée par le terrorisme», le ministre algérien
des Affaires étrangères a tenu à réaffirmer que toute intervention
militaire en Libye et la fourniture d'armes aux parties en conflit ne
sont pas favorables à la solution consensuelle tant attendue. Une
position partagée par le chef de la diplomatie britannique qui se
trouvait jeudi à Alger.
Salah Benreguia - Alger (Le Soir)
Ramtane Lamamra ne rate jamais l’occasion de réaffirmer la position
algérienne vis-à-vis du conflit libyen.
Avant-hier, au cours de la conférence de presse conjointe organisée avec
son homologue britannique, le chef de la diplomatie algérienne, compte
tenu de l’évolution dangereuse de la situation politico-sécuritaire en
Libye, avec l’enlèvement de 21 Égyptiens de confession chrétienne copte
puis leur décapitation par l'organisation autoproclamée Etat islamique,
est revenu sur ce dossier. Tout en indiquant, de prime abord, que la
position claire et intransigeante de l’Algérie est partagée par les
Britanniques,
M. Lamamra dit «ne croire ni à la solution militaire, ni au fait de
nourrir l'escalade par la fourniture d'armement ou par des mesures de ce
genre mais favoriser le nécessaire apaisement des cœurs et des esprits
afin d'aller vers la solution consensuelle à laquelle que nous appelons
tout le temps». «L’Algérie et la Grande-Bretagne souhaitent, appellent
et travaillent ensemble à ce qu’un gouvernement d'union nationale soit
mis en place par les différentes forces politiques libyennes dans les
plus brefs délais», a-t-il ajouté. Même son de cloche chez le secrétaire
d'Etat britannique aux Affaires étrangères et du Commonwealth. «Notre
position est tout à fait la même et elle est très claire, nous sommes
pour la solution politique, pour le dialogue inclusif, pour des
institutions démocratiques et représentatives dans le cadre de l'unité
nationale, de l'intégrité territoriale, de la souveraineté de la Libye»,
a expliqué Philip Hammond.
Par ailleurs et au-delà du conflit libyen, la lutte contre le terrorisme
et contre toutes formes d’intégrisme, de par le monde, nécessite
également l’apport des intellectuels et prédicateurs et pas seulement
l’affaire de l’arme. C’est le message qu’a voulu passer le ministre
Lamamra. «Il est nécessaire pour les intellectuels et les prédicateurs à
travers le monde arabo-musulman de développer un discours de modération
et d'équilibre afin d'éclairer sur les véritables enseignements de la
religion musulmane», a-t-il plaidé.
Et d’ajouter :«Le terrorisme d'une manière générale est une menace
sécuritaire caractéristique bien que contemporaine, qui se manifeste
surabondamment sur le continent africain, comme à travers le monde
arabe.» À cet effet, éviter les amalgames et l'intolérance au sein de
certaines sociétés occidentales, notamment, qui produisent
l'islamophobie, devient une nécessité, selon le chef de la diplomatie
algérienne.
A propos de la coopération algéro-britannique, un centre d'enseignement
de la langue anglaise rattaché au British Council sera ouvert au large
public en mai prochain, selon
M. Hammond. Pour ce dernier, le pays de Sa Majesté ne lésinera pas sur
les moyens afin de renforcer l’enseignement de la langue de Shakespeare
en Algérie.
S. B.
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