Actualités : SAÂDANI - LOUISA HANOUNE
La guerre des mots
Réponse du berger à la bergère. Hanoune a tiré hier à
boulets rouges sur le secrétaire général du FLN. La première responsable
du Parti des travailleurs regrette que celui qui se présente comme la
première force du pays choisisse l’insulte pour régler ses comptes. Elle
en appelle à l’intervention de Bouteflika pour faire cesser ces
pratiques ainsi que pour réduire l’influence de l’oligarchie au sein des
appareils de l’Etat.
Nawal Imès - Alger (Le Soir)
La réponse de Louisa Hanoune n’a pas tardé. Hier, elle a répondu en
des termes tout aussi «amicaux» à Saâdani qui ne l’avait pas épargné
mardi dernier. A ce denier, Hanoune a tenu à rappeler de quelle manière
il avait été parachuté à la tête du FLN. A Saâdani qui l’accusait d’user
de pratiques peu démocratiques et d’être un parti anti-constitutionnel,
la première responsable du PT a répliqué que contrairement à lui, elle
ne servait aucun «centre d’intérêt», lui conseillant de réviser ses
classiques pour connaître la nature des partis politiques.
Au passage, elle fera allusion à l’affaire de détournement du foncier
dans laquelle est impliqué Saâdani. A ce dernier qui rappelait que le
FLN avait fait allégeance à Bouteflika , Hanoune réplique que l’Algérie
n’était pas un royaume et que le PT était fier de ne faire partie ni des
«prédateurs» ni des courtisans.
Regrettant que le premier responsable du FLN ait opté pour l’insulte,
Hanoune dénonce ce qu’elle qualifie de dérive et de décadence politique.
Elle n’hésite pas à rappeler à Saâdani que c’est lui qui met le pays en
danger en s’attaquant à un des corps constitués que représente le DRS,
ouvrant ainsi la voie à des ONG comme Amnysty International. Cela
confirme, dit-elle, son analyse selon laquelle, le pays est
véritablement en danger. Affirmant refuser ce niveau très bas de
«débat», Hanoune certifie avoir reçu des appels de dirigeants du FLN qui
se démarquent de ce qu’elle a qualifié de «pratiques de Daesh».
Louisa Hanoune s’est néanmoins demandé ce qui a bien pu provoquer un tel
revirement de ton chez celui qui, dit-elle, était favorable aux
positions du PT il n’y a pas si longtemps. Elle a cependant son idée :
il s’agirait, selon elle, de ses propos au sujet de l’oligarchie qui
gangrène les appareils de l’Etat.
Hanoune en appelle à l’intervention de Bouteflika afin qu’il mette un
terme aux dérives et aux pratiques immorales d’une oligarchie qui a pris
ses quartiers dans les rouages de l’Etat. La première responsable du PT
dit ne rien regretter de ce qu’elle a récemment déclaré, affirmant à
nouveau que le président de la République avait tardé à mettre à
exécution ses promesses en matière de réformes politiques. Il est,
dit-elle, non seulement «comptable» mais également «responsable». Mes
propos, conclut-elle, ont «peut être provoqué une réaction de Bouteflika
lui-même».
Evoquant la conjoncture actuelle, Hanoune estime qu’il y a péril en la
demeure, considérant que les dangers qui viennent de l’intérieur sont
plus «mortels» que les dangers induits par la conjoncture régionale.
Avec un front interne «fragile», des institutions «gangrenées» par la
corruption et un tissu social en effritement, l’Algérie ferait face à
l’une des périodes les plus «dangereuses». Probablement plus dangereuse
que celle de l’époque du terrorisme affirme Hanoune qui s’exprimait hier
à l’ouverture des travaux d’une réunion ordinaire de la commission des
élus de son parti. La première sortie médiatique de la SG du PT depuis
l’attaque frontale de Saâdani.
N. I .
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