Actualités : Ali Benflis annonce le congrès de son parti pour juin et dénonce :
«Ce régime ne règle plus les problèmes du pays mais en crée de nouveaux»


Ali Benflis a procédé, hier samedi, à l'installation officielle de «l’Instance nationale de préparation du congrès constitutif» de son nouveau parti, les avant-gardes pour les libertés. (Talaiou El Houriyat). Une instance pléthorique, regroupant des représentants de l'ensemble des wilayas ainsi que de l'émigration et subdivisée en huit grandes commissions en plus d'une multitude de sous-commissions. L'ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, est, lui, désigné pour coordonner le travail de tous ces groupes de travail.

Kamel Amarni - Alger (Le Soir)
«Avec l'installation de cette instance nationale, commence le compte à rebours pour la constitution de notre parti politique», lancera l'ancien chef du gouvernement dans son discours d'installation au cours d'une cérémonie organisée à son imposant quartier général de Ben Aknoun à Alger.
L'homme qui avait mené la vie dure à Bouteflika en 2004 et en 2014 et qui se distingue par une opposition frontale et sans concession au locataire d’El-Mouradia, se sait toujours dans le collimateur du pouvoir. Il rappelle d'ailleurs toutes les entraves dressées sur le chemin de son nouveau parti depuis bientôt une année. «Nous avons surmonté les épreuves les unes après les autres. Rien ne nous a été épargné et nous ne devons rien à personne.» N’empêche, Benflis insiste sur la rigueur morale et l'éthique politique. «Notre pays, dira-t-il, traverse une crise de régime d'une gravité exceptionnelle. Cette crise occasionne des ravages politiques, économiques et sociaux. Mais elle n'a pas occasionné que cela. Elle a aussi causé une dégradation des mœurs politiques, un affaissement des comportements civilisés et la perte de l’élémentaire sens civique. Dirigez vos regards, et je sais que vous le faites chaque jour, vers vos gouvernants et vers ceux qui gravitent autour d'eux. Jamais des gouvernants de notre pays n'ont eu un comportement aussi arrogant, aussi méprisant et aussi amoral ; jamais des gouvernants de notre pays n'ont usé d'un langage aussi agressif, aussi bas et aussi vulgaire (...)»
Pour autant, l'ancien chef du gouvernement n'en reste pas moins insistant sur cette question d'éthique en politique. «Laissons-leur ce terrain, car il n'est pas le nôtre ; laissons-les à leur jeu favori car ce n'est pas notre jeu favori et laissons-les à la démesure et à leur irresponsabilité et gardons tout notre sens de la mesure et de la responsabilité». Plus explicite, Benflis ajoutera à l'adresse des cadres de son parti : «nous n'avons pas besoin de l'injure et de l'insulte ni des atteintes et des agressions verbales contre les autres. Même si nous devions nous-mêmes être victimes de ces atteintes et de ces agressions verbales (...)».
Benflis conclura cette question en précisant qu'en tout état de cause, il ne s’agira que «d'un combat politique et que de cela, un combat où nous n'avons pas d’ennemis mais seulement des adversaires politiques et rien d'autre».
S'agissant par ailleurs de l'actualité nationale «immédiate», l'ancien candidat aux présidentielles de 2004 et 2014 reviendra longuement, à l'occasion, sur l'affaire du gaz de schiste. «Tout au long de ces deux derniers mois, j'ai dénoncé à plusieurs reprises cette gestion irresponsable, désinvolte, et obstinée de ce dossier. Dans ce dossier comme dans bien d'autres, le régime politique en place révèle qu'il a perdu prise sur les événements, que la gestion des affaires les plus sensibles de la nation lui échappe, qu'il ne règle plus les problèmes mais qu'il en crée de nouveaux, qu'il entretient l'impasse et ferme toute perspective pour notre peuple et qu'il est à court de vision, d'ambition et de projet pour cette chère Algérie qu'il condamne à l'instabilité et où il entretient les antagonismes, les divisions et les déchirements».
Ce discours de Benflis donne un aperçu, au besoin, de ce que sera en fait la ligne politique du nouveau parti qui tiendra son congrès constitutif début juin prochain. Déjà présent sur tout le territoire national, le parti de Ali Benflis provoque, avant même sa «naissance», quelques défections dans les rangs du FLN et du RND.
A coup sûr, il constituera la première force de l'opposition avec une structure bien implantée et bien huilée comme l'atteste si bien l'extraordinaire campagne électorale des présidentielles de 2014. Tout cela, en plus d'un atout supplémentaire décisif sur tous les autres partis de l'opposition : avec ses centaines de cadres ayant tous eu à exercer les plus hautes fonctions au sein de l'Etat, le parti de Ali Benflis est un parti de gouvernement , prêt à gouverner à tout moment.
K. A.



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