Actualités : Ali Benflis à propos des conclusions de l'UE sur les
présidentielles :
«Ce rapport rejoint intégralement notre livre blanc sur la fraude»
Ali Benflis a longuement commenté, hier, via un
communiqué, le rapport de la mission d'observation de l'Union européenne
sur les dernières élections présidentielles du 17 avril 2014. Un
rapport, écrit l'ancien chef du gouvernement «accablant et affligeant
(et qui) révèle toutes les instrumentalisations-manipulations
frauduleuses dont a fait l'objet ce scrutin» de la part du pouvoir, au
profit de Abdelaziz Bouteflika, s'entend.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Pour Ali Benflis, le concurrent le plus
sérieux du candidat «officiel» en avril 2014, le rapport de la mission
d'observation de l'Union européenne «vient s'ajouter au constat établi
par “The Electoral Integrity Project” et qui a valu à notre pays le
classement à la peu honorable 103e place du point de vue de la
transparence, de la régularité et de la sincérité des processus
électoraux».
Les présidentielles d'avril 2014, pour rappel, ont été certainement les
plus atypiques du genre. En Algérie et ailleurs. Victime d'un terrible
AVC une année auparavant, Abdelaziz Bouteflika n'en avait pas moins
maintenu son projet de s'offrir un quatrième mandat en dépit des lourdes
séquelles de son accident de santé.
Un projet qui donnera lieu à un passage en force qui n'épargnera ni le
gouvernement, ni le Conseil constitutionnel, ni même la classe politique
comme ce changement imposé à la tête du FLN ou alors le réaménagement
opéré au sein même des services de sécurité. Ali Benflis, qui, comme en
2004, aura eu affaire à toute la machine du pouvoir, était bien sûr la
principale victime de «l’assaut», version 2014.
Lui-même avait d'ailleurs eu à dénoncer la fraude électorale et à en
faire un livre blanc, rendu public le 30 septembre 2014. «Le rapport de
la mission d'observation de l'Union européenne invitée par le
gouvernement algérien lui-même rejoint intégralement le livre blanc dans
l'identification de tous les mécanismes mis en place et de tous les
instruments auxquels a eu recours le régime politique en place à l'effet
de dénaturer et de fausser le dernier scrutin présidentiel», écrira
ainsi Benflis dans son communiqué.
Et d'expliquer : «Qu'il s'agisse du contexte politique propice à la
fraude qui a été créé, des remaniements institutionnels qui ont été
opérés pour faciliter cette fraude, de l'instrumentalisation de ces
mêmes institutions à l'effet de conduire et de couvrir toutes les
opérations frauduleuses, de la mise au pas de l'administration ou de la
soumission de tout le contentieux électoral au bon vouloir de l'appareil
politico-administratif en place», le rapport de l’Union européenne
rejoint les constats du livre blanc. Aussi, notera encore Benflis, outre
les carences relevées, «le rapport de la mission de l'UE et le livre
blanc se rejoignent, enfin, sur la nécessité de l'instauration d'une
autorité indépendante pour les élections, comme voie obligée devant
mener au démantèlement du véritable système de fraude électorale qui
s'est implanté dans notre système politique et au respect des
engagements internationaux et régionaux souscrits par notre pays au
titre de la conduite de tous les processus électoraux sous le contrôle
d'une institution nationale indépendante, impartiale et transparente».
L'ancien chef du gouvernement qui, depuis son retour au-devant de la
scène n'a jamais cessé de mener une opposition frontale à Bouteflika,
«frappera» encore au sujet d' un point sensible et qu'il ressort à
chacune de ses interventions publiques : «la vacance du pouvoir» ! Une
vacance, écrira-t-il, que «le régime en place a cru pouvoir impunément
reconduire et dont la réalité se révèle jour après jour (...) et qui a
parié sur le fait qu'à l'intérieur comme à l'extérieur, les résultats
faussés des élections finiront par être acceptés et les conditions de
leur obtention oubliées (...) paye aujourd'hui le prix fort de ces faux
calculs».
Ali Benflis conclura sa sortie en insistant sur «la crise de régime à
laquelle le pays est actuellement confronté», ne manquant pas de
préconiser une impérative «relégitimation de toutes les institutions».
A commencer, bien sûr par la plus importante d'entre elles,
l'institution présidentielle dont Ali Benflis ne cesse de dénoncer la
vacance.
K. A.
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