Actualités : Développement des énergies renouvelables
Le projet Desertec est-il encore viable ?
Lancé en grande pompe en 2011, le programme national
du développement des énergies renouvelables peine à avancer au rythme
souhaité. Et dire que l’Algérie considère ce programme comme un levier
de développement économique et social.
Salah Benreguia - Alger (Le Soir) - Le Premier ministre, Sellal, a
préconisé, il y a quelques jours, à l’Union européenne, la relance de
plusieurs projets énergétiques à l’instar de Desertec ayant trait à la
production de l’énergie solaire.
Lors d’une conférence de presse animée conjointement avec son homologue
portugais, Pedro Passos Coelho, à l’issue de la quatrième réunion algéro-portugaise
de haut niveau qui s’est tenue il y a quelques jours, M. Sellal s’est
entretenu avec son homologue sur la possibilité de relancer le projet
Desertec, prévu avec l’Allemagne, car, il est possible, aux yeux de
Sellal, de «produire une énergie solaire en Algérie et de la
commercialiser en Europe».
En effet, l’Algérie ou la région du Sud algérien possède un gigantesque
réservoir d’énergie solaire. Le potentiel de ce type d’énergie dans le
Sud algérien appelé également GSA (Grand Sahara algérien) est l’un des
plus importants au monde.
Pour un bon nombre d’organismes spécialisés, le temps d’insolation sur
presque la quasi-totalité du territoire algérien excède 2 500 heures par
an et peut atteindre jusqu’à 3 900 heures par an.
Egalement, le potentiel solaire algérien, c’est 37 milliards de m3,
l’équivalent de 10 grands gisements de gaz naturel qui auraient été
découverts à Hassi R’mel.
Lancé en grande pompe en 2011, le programme national de développement
des énergies renouvelables peine à avancer au rythme souhaité. Et dire
que l’Algérie considère ce programme comme un levier de développement
économique et social. Et pourtant cet ambitieux programme, dont le
solaire, essentiellement, prévoit la production de
22 000 mégawatts à l’horizon 2030, dont 12 000 mW pour le marché
intérieur, soit 37% des besoins en électricité.
Ces 12 000 mW ont été même portés récemment à
25 000 mW. Si les déclarations (politiques) du Premier ministre Sellal
devant son homologue portugais s’inscrivent, a priori, dans le sillage
de la nécessité de diversification des sources d'approvisionnement
énergétique du pays, les chances de réussite d’un projet de partenariat
avec l’Union européenne, tel que Desertec, sont minimes.
Paul Von Son, P-dg de Desertec Industrial Initiative (DII), en
annonçant, le mois de novembre dernier, lors de la tenue de la cinquième
et dernière conférence annuelle de la DII qui s’est tenue à Rome, le
changement du statut et mode de fonctionnement de Desertec en simple
«prestataire de services pour faciliter des projets d’énergies
renouvelables concrets», jette quelques brins de suspicion quant à la
réalisation dudit projet en Afrique du Nord.
D’ailleurs, depuis 2009, année de la création de la fondation (lire
l’encadré ci-après), les pays où entreprises européennes actionnaires de
Desertec ont mis en valeur le facteur «stabilité» dans la région MENA
pour tout éventuel investissement. Un facteur qui fait défaut depuis
2011 où plusieurs pays arabes ont été marqués par une instabilité
politico-sécuritaire.
Si l’Algérie est relativement épargnée par les conséquences
socio-économiques du printemps arabe, il n’en demeure pas moins que ce
projet de coopération est très coûteux. En effet, l’investissement dans
le domaine des énergies renouvelables est excessif, car il nécessite une
technologie de pointe et un immense savoir-faire.
Bien que disposant d’immenses réservoirs solaires, les pays du sud de la
Méditerranée, et particulièrement l’Algérie, s’attachent grandement au
soutien financier des pays européens. Toutefois, ces derniers, en raison
de la crise qu’ils traversent, ne semblent pas être disposés à financer
ce projet qu’eux-mêmes ont initié.
L’ex-commissaire européen chargé de l’énergie l’a bien dit lors de la
troisième édition de la DII qui s’est tenue il y a deux ans, à Berlin.
«La Commission européenne peut aider au financement mais ne peut pas
tout couvrir, le financement privé est très important», avait-il dit.
Il est utile d’indiquer qu’au-delà de l’instabilité politique et
sécuritaire de certains pays de la région MENA, pour le cas de
l’Algérie, ce sont surtout les barrières réglementaires qui rendent
aujourd’hui difficiles les investissements dans les énergies
renouvelables. En effet, les choses avancent lentement sur ce terrain
notamment au point de vue mécanismes réglementaires permettant de
promouvoir et encourager cette forme d’énergie.
C’est quoi Desertec ?
Initié en 2009, le Desertec est le nom d’un concept qui prévoit
d’exploiter le potentiel énergétique des déserts afin d’approvisionner
durablement toutes les régions du monde en énergie propre.
DII (fondée sous le nom de «Desertec Industrial Initiative») est une
initiative industrielle privée dont l’objectif est la mise en œuvre de
ce concept en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (région
Eumena). Il ambitionne de couvrir jusqu'à 15% des besoins en électricité
de l’Europe à partir de 2025.
S. B.
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