Actualités : VENTE DE VÉHICULES
Ce qui va changer
Annoncé depuis plusieurs mois et attendu avec tant
d’appréhension par les concessionnaires, l’arrêté ministériel fixant les
modalités d’exercice de l’activité automobile vient enfin d’être signé,
lundi dernier, par le ministre de l’Industrie avec une mise en
application immédiate.
Préparé et élaboré par le département de Abdesselam Bouchouareb après
une large consultation des intervenants dans le secteur y compris
l’Association des concessionnaires automobiles algériens (AC2A), ce
document fondateur d’une activité longtemps laissée en jachère, se
propose de mettre fin à une anarchie qui a favorisé l’émergence d’une
faune de revendeurs informels dont le seul souci était la vente de
véhicules loin des règles élémentaires de respect des droits du client
en matière de garantie et autres prestations techniques. Mais c’est
aussi pour rappeler à l’ordre les concessionnaires officiellement
installés, submergés par les flots ininterrompus de milliers de
commandes, et qui ont pris de la légèreté avec les standards
internationaux de fonctionnement d’une concession automobile. Le service
après-vente est devenu, au fil des années, le parent pauvre de ce
secteur. Les clients se trouvent livrés à eux-mêmes et des centaines de
véhicules sont alors immobilisés faute de prise en charge sérieuse et
efficace et de disponibilité de la pièce de rechange.
Des investissements industriels
Cet arrêté vient en application des dispositions du décret exécutif
n°15-58 du 8 février 2015 relatif aux conditions et modalités d’exercice
de l’activité de concessionnaires de véhicules automobiles, remorques,
semi-remorques et engins roulants neufs. Il définit ainsi les conditions
à respecter pour l’obtention de l’agrément, notamment le contrat établi
directement avec le constructeur. Un filtre qui permet une première
décantation et l’évacuation d’une grande partie des revendeurs.
Le document ministériel précise, toutefois, que les «commandes de
véhicules automobiles neufs passées et ayant fait l’objet d’une
domiciliation bancaire avant la date de signature de cet arrêté ne sont
pas concernés par les dispositions de l’article 23 relatif aux nouveaux
équipements de sécurité exigés par le cahier des charges» ; les
rédacteurs du document souligneront que l’objectif recherché est de
corriger «les insuffisance relevées sur le terrain et la nécessité de
rechercher des retombées industrielles pour un marché en expansion».
Pour ce faire, l’obligation faite désormais à tout concessionnaire de
prévoir dans un délai de 3 ans un investissement industriel dans le
domaine du montage de véhicule ou de la fabrication de pièce de
rechange.
Par ailleurs et tel un leitmotiv, «l’intérêt et la protection des
consommateurs» sont maintes fois réitérés pour mettre au pied du mur les
concessionnaires ainsi que les membres de leur réseau d’agents agréés en
cas de «manquement à leurs obligations légales et contractuelles».
Au-delà de l’obligation d’investissement industriel, le volet
équipements de sécurité a fait déjà couler beaucoup d’encre. Si certains
concessionnaires, particulièrement ceux représentant les marques
européennes et allemandes, accueillent avec satisfaction dès lors que
l’essentiel de leur gamme en est largement pourvue, les autres, tous les
autres, dont les véhicules viennent de Chine, du Japon, de Corée du Sud
ou d’Inde s’accordent à dire que la barre a été hissée trop haut par les
pouvoirs publics. Ils n’en veulent pour preuve que les réglementations
en vigueur au Japon ou en Corée du Sud et qui ne sont pas aussi sévères.
Les équipements de la discorde
L’arrêté ministériel précise, en effet, que tout véhicule de transport
de personnes comportant au plus neuf places assises y compris celle du
conducteur doit être obligatoirement doté des équipements de sécurité
suivants : système anti blocage des roues ABS, le contrôle électronique
de stabilité ESP, limiteur ou régulateur de vitesse, 4 airbags (2
frontaux et 2 latéraux), ceintures de sécurité pour tous les passagers,
des appui-tête pour les sièges avant et arrière, système de rappel de
bouclage de la ceinture de sécurité et une conception de la caisse de
sorte à assurer la protection des piétons et des autres usagers de la
route en cas de choc frontal. On retrouve également l’essentiel de ces
exigences pour les véhicules utilitaires, notamment, ABS, ESP, limiteur
ou régulateur de vitesse, 2 airbags frontaux, ceintures de sécurité,
appui-tête pour tous les passagers, système de rappel de bouclage des
ceintures de sécurité et une cloison de séparation normalisée entre
l’habitacle et la zone de chargement pour les camionnettes et autres
fourgons. Et on ajoutera pour les camions et tracteurs, un ralentisseur
hydraulique ou sur soupapes d’échappement, chrono-tachygraphe et un
système de bridage de la vitesse maximale. Quant aux autocars, il est
prévu un limiteur de vitesse à 100 km/h et pour les autobus un système
de bridage de la vitesse à 80km/h. On notera que même les motocycles
n’échappent pas à cette batterie d’exigences. Il est, en effet, signifié
clairement que ces deux roues doivent impérativement être équipées de
l’ABS pour les motos de catégories B et C, de casques de protection
homologués, de béquilles latérales ou centrales et d’un silencieux
contre l’émission des bruits.
Ceci étant, l’entrée en vigueur de cet arrêté entraînera sans aucun
doute une refondation du secteur de l’automobile et relancera le
processus de professionnalisation du métier de concessionnaire. Tout
comme l’on s’attendra à une énième révision à la hausse des prix de
certains modèles, notamment ceux des segments d’entrée de gamme.
B. Bellil
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