Actualités : PROGRAMMATION RAPPROCHÉE ET CONCOMITANTE DES PROCÈS DE CORRUPTION
Veut-on «liquider» les affaires ?


C’est à une «cascade» de procès liés tous aux plus grands scandales de corruption et financiers, que le pays a eu à enregistrer ces dernières années, que l’opinion publique nationale est invitée dans quelques jours.
M. Kebci - Alger (Le Soir)
Et c’est le dossier de l’autoroute Est-Ouest, ce fameux projet du siècle, qui ouvrira le bal puisque programmé par le tribunal criminel d’Alger pour le 19 avril prochain.
Lui succédera le 4 mai prochain, au tribunal criminel près la cour de Blida, le procès de l’affaire El Khalifa Bank.
Ceci avant que le procès Sonatrach 1 n’intervienne le 7 juin prochain au tribunal criminel d’Alger.
Cette «concomitance» n’a pas manqué de susciter bien de «lectures» et d’interprétations. Comme la classe politique, divisée selon que l’on est de l’opposition ou du cercle présidentiel, la corporation des avocats apprécie tout aussi distinctement ce traitement en «gros» de dossiers qui constituent un «carburant», de plus, pour l’opposition et une plaie difficile à cicatriser pour le pouvoir en place.

«Il n’y a pas le feu, pourtant»
C’est ainsi que, pour Me Khaled Bourayou, on aurait pu opter pour un planning «aéré et espacé» d’autant plus que, expliquera-t-il, «il n’y a pas le feu». «Je ne comprends pas comment l’affaire Khalifa a été programmée deux ans après son report. Il y a comme une volonté de liquider ces affaires qui apparemment gênent», ajoutera-t-il.
Et quid du sort des accusés dans ces affaires dont certains croupissent en prison depuis des années ? «C’est un faux argument», répliquera Me Bourayou pour qui, le problème de détention provisoire se pose avec acuité fort à-propos. Et d’estimer que les accusés ne demandent qu’un procès «juste et équitable».
Me Bourayou reviendra sur le renvoi du procès Sonatrach I à la prochaine session criminelle. Un report, précisera-t-il, qui «n’a pas été soutenu par l’ensemble des avocats de la défense».
Ce report est justifié, selon lui, par l’absence d’un tiers des témoins appelés à la barre : «Un procès aussi important et aussi déterminant ne peut se faire en l’absence de 39 témoins. Cela influencerait négativement le déroulement d’un procès équitable et régulier.»
Un souci d’espacement que Me Salah Dabouz, président d’une aile de la LADDH fait sien. «Il aurait été préférable que lesdits procès soient espacés car ce ne sont pas de simples procès.
Ce n’est pas seulement une affaire de justice mais aussi celle de la société civile qui a le droit de suivre le mieux possible les tenants et les aboutissants de ces affaires», dira-t-il.
Pour sa part, Me Mokrane Aït-Larbi partage avec Me Bourayou le sentiment que le pouvoir veut se «débarrasser» de ces affaires, et ce, avant le «projet de révision de la Constitution».
Ceci même si, expliquera-t-il, «les affaires sont enrôlées à la demande de la défense surtout que certains accusés sont détenus depuis cinq ans voire plus. Un impératif purement procédurial». Et à Me Aït-Larbi d’exprimer également le souhait que le procès soit «relativement équitable».

«En finir avec ces simulacres de procès»
Me Fetta Sadat, voit, quant à elle, de la «précipitation» dans la programmation de ces procès qui sonne, selon elle, comme une manière de la justice de «redorer son blason».
Surtout, poursuivra-t-elle, après «les attaques proférées contre le système actuel concernant le règlement des gros dossiers de la corruption et aux scandales financiers qui ont défrayé et défraient la chronique».
Mais le débat est «ailleurs», dira-t-elle, s’interrogeant si la justice fera éclater la vérité et sanctionner tous les auteurs, quelle que soit la situation dans la hiérarchie de quelque nature que ce soit». Ce qui implique, poursuivra-t-elle, qu’il ne faudrait pas «arrêter les responsabilités pénales à un certain niveau». Car la bonne gouvernance et l’Etat de droit commandent que les auteurs, quels qu’ils soient, soient poursuivis et condamnés». Ceci avant que Me Sadat ne lâche, qu’il faut bien en finir avec ces «simulacres de procès».

«Il faut vider ces procès»
Quant à Me Farouk Ksentini, il se félicitera de cette programmation. Car, selon lui, «c’est un procès qu’il faut vider. Je pense qu’il est temps que la justice en finisse avec ces dossiers».
Et de s’inscrire en faux contre les «velléités» de «liquider» ces affaires prêtées au pouvoir.
«Moi, je ne fais pas de mauvais procès à la justice. On a trop spéculé sur le retard accusé dans leur programmation, et maintenant qu’ils sont au menu, on spécule encore», se défendra-t-il.
Et d’exprimer, lui aussi, son souhait que «l’on aboutisse à un jugement équitable, correct et des décisions justes et cohérentes».
M. K.



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