Actualités : 35e ANNIVERSAIRE DU PRINTEMPS BERBÈRE
La Kabylie a marché
Tizi-Ouzou a célébré le 35e anniversaire du Printemps
berbère
Une marche populaire sous le signe de la diversité
Oubliée la violente parenthèse de l’année dernière,
lorsque la traditionnelle manifestation a été de façon totalement
incompréhensible réprimée, sans que l’on sache jusqu’à ce jour d’où est
venu l’ordre d’interdiction de manifester ; la marche du 20 Avril a eu
lieu, cette fois, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les
multiples appels pour ce moment charnière des habituelles commémorations
du Printemps berbère ont reçu un écho au-delà de ce que certains esprits
pessimistes appréhendaient.
Ils étaient, en effet, plusieurs milliers entre autonomistes du MAK,
activistes du RCD et simples militants de la cause de l’ancienne
génération comme des plus jeunes parmi lesquels la plupart n’a pas vécu
les grandioses marches aussi bien des années du temps du parti unique
que celles des années de feu alors que le terrorisme menaçait de
partout. Des milliers de jeunes et de moins jeunes, donc, rassemblés
entre des entités bien distinctes, avec en tête de la longue procession,
les autonomistes avec leurs mots d’ordre mêlant aussi bien l’exigence de
l’officialisation immédiate de tamazight que de la revendication de
l’autonomie.
Suivaient tout juste derrière, les militants et sympathisants du RCD au
milieu desquels le président du parti, Mohcine Belabbas, est apparu un
petit quart d’heure avant que la manifestation ne s’ébranle.
Il aura fallu près de deux heures aux manifestants pour rejoindre leur
point de chute, les autonomistes ayant pris la direction de la place de
l’ancienne mairie, ornée de larges banderoles sombres accrochées depuis
plusieurs jours par les militants d’Initiative citoyenne, un mouvement
composé d’anciennes figures des arouch, alors que Mohcine Belabbas et
ses militants ont emprunté l’autre parcours prisé par les manifestants
pour diverses causes, menant vers le siège du square Mohand-Oulhadj
jouxtant le siège de la wilaya.
«Imazighene !» «Pouvoir assassin» et «Oulach smah Oulach», entre autres
slogans, retentissaient tout le long des deux parcours, entrecoupés par
une minute de silence au carrefour baptisé, désormais, Place des martyrs
du Printemps noir.
Et puis, contrairement à certaines craintes ouvertement affichées, les
milliers de manifestants de divers bords, qui ont voulu marquer de leur
empreinte ce 35e anniversaire du Printemps berbère, se sont séparés sans
qu’aucun incident pouvant faire tache n’ait été relevé.
M. Azedine
Hommage à Maâmar Berdous à Taguemount-Azouz (Béni Douala)
A l’occasion de la commémoration du Printemps berbère, un hommage a été
rendu à Maâmar Berdous, un militant du MCB ayant figuré parmi les 24
détenus animateurs du MCB de l’époque.Une série de conférences et de
témoignages a été organisée à Taguemount-Azouz, dans la commune d’Aït
Mahmoud, à une vingtaine de km de Tizi-Ouzou.
Des militants du MCB et des acteurs directs des événements d’Avril 1980
ont été invités à témoigner sur le parcours militant de Maâmar Berdous,
connu pour être un militant politique, syndicaliste au sein de l’Eniem.
Il figurera parmi les détenus du MCB en 1980 en raison de ses activités
militantes au sein du MCB, essentiellement dans les milieux ouvriers, de
la zone industrielle de Oued Aïssi, et au sein de l’entreprise Eniem où
il était employé à l’époque. Maâmar Berdous est décédé en 1999 des
suites d’une longue maladie.
S. A. M. Pari réussi pour le RCD
Des centaines de citoyens ont marché à Bouira
C’est parce que le 20 Avril est ancré dans les
mémoires, c’est parce que le 20 Avril est plus qu’une date, un symbole
de la lutte pour l’identité en particulier et la démocratie en général,
que la marche traditionnelle à laquelle a appelé le RCD a été plus
qu’une réussite à Bouira.
D’aucuns redoutaient le scénario des années précédentes où la
mobilisation était aux abonnés absents. Cette année, les gens ont
marché. Des militants et sympathisants du RCD mais également beaucoup
d’autres militants de la cause amazighe ont été au rendez-vous hier, où
même la Nature, avec un beau temps printanier, a été de la partie.
Cela étant, et pour évoquer cette traditionnelle marche du 20 Avril,
nous pouvons citer la présence des cadres locaux du RCD depuis le
président du BR, Hocine Mahrez, aux P/APC de ce parti, Chaâbane Meziane
de Haïzer, Allouche Mohamed Ameziane de M’chédallah et Hellal Ahmed d’El
Esnam, mais également des secrétaires nationaux comme Akkache Yahia de
Chorfa et Ahcène Tansaout de Béjaïa qui a tenu à partager ces moments
historiques avec les militants de Bouira.
Au niveau de la place des Martyrs, dès 9 heures, des groupes de
militants affluaient alors que les chansons éternelles de Matoub Lounès
résonnaient à grands décibels. Vers 10 heures alors, la place des
Martyrs était déjà bondée, avec des centaines de militants qui
arboraient des drapeaux de l’amazighité mais également le drapeau de
l’Algérie ; des cadres du parti ont tenu à intervenir avant la marche
pour situer le contexte et expliquer la portée de cette action organisée
: «Pour une Algérie libre et démocratique, pour tamazight langue
officielle et enfin, pour une transition démocratique».
Après ces interventions, la marche s’est ébranlée vers 11 heures pour
emprunter l’itinéraire habituel de la place des Martyrs vers le siège de
la Wilaya sur quelques centaines de mètres. Tout au long de la marche
qui a été très bien encadrée, les marcheurs ont entonné des mots d’ordre
hostiles au pouvoir comme «Pouvoir assassin» et «Bouteflika Ouyahia,
Houkouma Irhabia», «Y’en a marre de ce pouvoir», mais également des
slogans revendicatifs comme «Assa, azekka, tamazight tella, tella»,
«Azul fellawen, Tubiret D Imazighen», et l’éternel «Ulac Ulac, Ulac smah
ulac», «Kabylie chouhada», «Ya Amirouche, ya Lhaoues, Ledzaïer mahi
labas», «Corrigez l’histoire», «l’Algérie n’est pas arabe», etc.
Arrivés devant le siège de la Wilaya, et après une minute de silence
pour tous les martyrs du Printemps amazigh et du Printemps noir 2001,
une déclaration a été lue.
Celle-ci et après un rappel historique des circonstances des événements
d’avril 1980 et la répression que les militants de la cause amazighe et
des libertés démocratiques avaient subie, note que la répression qui a
eu lieu durant ces événements a eu le mérite d’inscrire dans la durée
les deux revendications-clés, à savoir la cause identitaire qui reste
malheureusement à ce jour posée, tant le déni identitaire continue , que
la pratique démocratique, dans le sens noble du terme, qui continue à se
poser dans le pays.
Plus loin, le RCD «appelle à un passage urgent du flambeau sans heurts
ni affrontements entre une génération qui a fait son temps et une autre
qui s’est vu empêchée de vivre le sien», avant de conclure sur une
évidence, à savoir que «la transition démocratique est une nécessité
historique (…) et qui est à la fois une solution et une revendication
qui fait écho au message d’avril 1980».
Enfin, le RCD , lit-on toujours dans la déclaration, milite «pour une
Algérie démocratique, libérée des pesanteurs idéologiques factices et
vaines, qui reste la seule en mesure d’assumer, promouvoir et garantir
un statut digne et mérité de langue officielle à tamazight».
A la fin, vers midi, les marcheurs se sont dispersés dans le calme, sous
la vigilance de policiers déployés dès la matinée en nombre à travers
les quatre coins de la ville.
Signalons enfin que lors de cette journée, tous les établissements des
trois paliers de l’éducation ont été fermés, tant au chef-lieu de la
wilaya que dans la région berbérophone, où des activités culturelles ont
été organisées tout au long de cette semaine avec des conférences, des
galas artistiques, des expositions, des pièces théâtrales, etc.
Y. Y. Commémoration du 35e anniversaire du printemps
berbère
Plusieurs milliers de manifestants aux marches du RCD et du MAK
La marche à laquelle a appelé, hier, pour la
commémoration du 35e anniversaire du printemps berbère 1980, le
Rassemblement pour la culture et la démocratie a connu un franc succès.
Ils étaient, en effet, plusieurs milliers à battre le pavé, pour
célébrer, dans une ambiance riche en couleurs, ce rendez-vous historique
dans le combat identitaire et démocratique en Algérie qui a ouvert aux
Algériens les portes de l’espoir et de l’émancipation démocratique.
Dans une parfaite organisation, la procession humaine composée de
militants du parti et de la cause amazighe s’est ébranlée vers les coups
de 11 heures de la Maison de la culture vers le siège de la wilaya avec
comme mots d’ordre, «pour l’officialisation de tamazight, un plan
d’urgence pour la wilaya, une transition démocratique et une Algérie
unie et solidaire».
Dans une ambiance de fête, les manifestants n’ont pas cessé de reprendre
à gorges déployées des slogans fustigeant le pouvoir et réclamer
l’officialisation de tamazight.
«Pouvoir assassin !», «Y en a marre de ce pouvoir !», ou encore «Cirta
n’est pas arabe !», ont été autant de slogans repris par les
manifestants tout au long du trajet de la marche. Présent à la marche de
Béjaïa, l’ex-président du RCD, Saïd Sadi, a été aussi longuement
applaudi par les manifestants qui n’ont pas cessé de scander «Assa azeka
Sadi Illa, Illa». La foule de marcheurs grossissait au fur et à mesure
qu’elle avançait vers le point de chute face au siège de la wilaya.
Arrivée devant le quartier CNS, une minute de silence a été observée
sous l’hymne Aghourou du Rebelle.
A la fin de la marche, une prise de parole a été improvisée par les
organisateurs de la marche. «Ma présence à ce rendez-vous est un acte de
citoyenneté et non de responsabilité.
C’est le devoir de chaque citoyen, grand, petit, homme et femme qui
militent pour la démocratie et tamazight de se mobiliser pour ce genre
de rendez-vous car nous vivons des moments d’incertitudes et personne ne
peut prédire comment va basculer le pays d’ici demain.
Les choses s’accélèrent, il ne faut surtout pas verser dans des
querelles inutiles et s’opposer les uns aux autres mais se mobiliser
dans la solidarité pour faire aboutir notre combat et consacrer
l’officialisation de tamazight. On doit surtout éviter de revivre les
mêmes expériences des années 1949, 1954.
Aujourd’hui, on ne doit plus revivre ces situations, nos sacrifices pour
construire le pays ne doivent pas profiter aux autres», a lancé en
substance Saïd Sadi, sous l’insistance de la foule à prendre la parole à
la fin de la marche tout en précisant que sa présence à Béjaïa n’est pas
en tant qu’ancien responsable du parti. «Je ne suis pas là en tant que
président du RCD mais comme un simple citoyen parmi vous», a affirmé
Sadi, sous les applaudissements nourris de la foule.
Plusieurs autres responsables du RCD sont intervenus aussi lors d’une
courte prise de parole. Athmane Mazouz, secrétaire national chargé à la
communication, Deboub Mouloud, président du bureau régional et Benyoub ,
Boudraâ Réda et Aniza Sadouni également secrétaires nationaux du parti
se sont tour à tour succédé à la tribune pour réaffirmer le message
d’Avril 1980.
«A travers ce rendez-vous, nous voulons lancer deux messages, d’abord
rendre hommage à la génération d’Avril 1980, à sa tête Saïd Sadi et tous
les militants de la cause amazighe, Benaï Ouali, Imache Amar qui nous
ont tracés la voie de la revendication identitaire. Un autre message en
direction du pouvoir pour dire que nous ne lâcherons rien jusqu’à
l’aboutissement de notre combat pour l’officialisation de tamazight,
pour une Algérie unie et solidaire et pour une transition démocratique.
Nous sommes ici pour dire que ce régime doit partir.
La route est longue mais grâce à la mobilisation de tout le monde, on
concrétisera notre combat», a martelé Deboub Mouloud, élu à l’Apw et
président du BR. Le MAK de Ferhat Mehenni a réussi également à faire
descendre dans la rue plusieurs milliers de personnes sous les mots
d’ordre du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie.
La manifestation du MAK a pris le départ vers 11h à partir du campus
universitaire de Targa Ouzemour vers la place de la liberté de la presse
Saïd-Mekbel.
Tout au long du parcours, les militants du Mak ont scandé à tue-tête des
slogans hostiles au pouvoir.
A la fin de la manifestation, une levée symbolique des couleurs du
drapeau du Mak sur la place Saïd-Mekbel et une prise de parole a été
observée.
A. Kersani
Saïd Sadi à Béjaïa :
«Le message d’Avril 1980 a survécu à toutes les répressions»
«Le 20 Avril 1980, une nouvelle génération de
militants est sortie pacifiquement pour réclamer haut et fort un Etat
démocratique et la reconnaissance de l’identité amazighe. Ceux qui nous
dirigent doivent comprendre qu’ils est impensable de revivre les mêmes
expériences des années 1949 et 1954. Ils doivent savoir que le pays vit
des moments très graves, des gens ont souffert et la région qui a
beaucoup donné pour le pays n’acceptera jamais la construction du pays
sans la reconnaissance de tamazight comme langue officielle.
On ne va rien lâcher, il faut rester mobilisés et unis, dans toute
l’Afrique du Nord, tamazight doit être le socle pour avancer et
affronter les grands défis qui nous attendent. Le monde est en train de
bouger, on ne peut pas construire avec des slogans ni avec de la
propagande.
On voit où ils ont mené le pays. Les expériences du passé, même s’il y a
des gens qui ont été leurrés, ne vont plus se reproduire. On refuse que
le pays se construise avec notre sang et d’exclure nos enfants», a
déclaré à la presse en marge de la marche l’ex-président du RCD Sadi
Sadi.
Parlant de la manifestation, «Constantine capitale de la culture arabe»,
Saïd Sadi ajoute «le pouvoir est toujours dans les manœuvres et dans la
provocation. Tout le monde sait que Constantine est la ville la plus
multiculturaliste de l’Afrique du Nord.
Des Phéniciens, des Byzantins, des Romains, des Arabes et des Juifs sont
tous passés par cette ville. Mais, ils ne vont pas nous entraîner dans
cette voie, ils veulent obscurantiser le pays, nous on cherche à le
fleurir. Le message d’Avril 1980, personne ne peut l’altérer, personne
ne peut cacher la vérité, ils ont tout fait avec les journaux, la
télévision en dépensant beaucoup d’argent, ils n’ont pas réussi. Le
message d’Avril 1980 a survécu à toutes les répressions. Combien de
responsables politiques sont passés à la tête du pays ? Où sont Chadli,
Kafi et Zeroual mais le message d’Avril 1980 est toujours là. La
jeunesse a repris le flambeau.
Il faut s’unir et rester solidaires, à l’heure où je vous parle, un
rencontre se tient à Batna pour exiger l’officialisation de tamazight, à
Tlemcen, la population réclame la reconnaissance de Yennayer et même au
Maroc, on m’a appelé pour me dire que le message d’Avril est aussi le
leur.
Le 20 Avril, c’est le 1er Novembre de toute l’Afrique du Nord», a
martelé Saïd Sadi devant la presse.
A. K. BOUMERDÈS
Les étudiants prennent l’initiative
Complètement marginalisée par les politiciens ou
plutôt par le parti politique qui a fait descendre la revendication pour
la reconnaissance de tamazight, langue et culture, dans la rue, la
wilaya de Boumerdès a fort heureusement la frange estudiantine pour
entretenir cette flamme revendicative dans cette partie de la Kabylie.
Hier, ils étaient plusieurs centaines à battre le pavé des rues de
Boumerdès. Leur marche célébrant le Printemps berbère et le Printemps
noir a démarré du campus sud (ex-Inim) de l’université M’hamed-Bougarra
(UMBB) vers 11h30. Dès la sortie de l’université, les marcheurs qui
portaient, en tête du cortège, un grand drapeau national ont commencé à
scander les slogans habituels : «Pouvoir assassin», «Liberté
d’expression», «Bouteflika Ouyahia houkouma irhabia», «Tamazight langue
nationale officielle», «Corrigez l’histoire, l’Algérie n’est pas arabe».
Cette année, ils ont ajouté un slogan de circonstance. En effet, sur
l’une des banderoles on lisait : «Corrigez l’histoire, Cirta n’est pas
arabe». La marche s’est déroulée dans de bonnes conditions. Les
policiers en tenue qui encadraient la marche se contentaient de veiller
sur la sécurité publique. Parmi les marcheurs, plusieurs filles étaient
habillées en robes kabyles avec de belles couleurs alors que plusieurs
garçons portaient sur leur épaule le bernous traditionnel.
Au niveau du siège de la cour de Boumerdès, dans un grand silence, les
marcheurs ont improvisé un sit-in donnant leur dos au palais de justice.
Poursuivant leur itinéraire, les protestataires sont arrivés au campus
nord (ex-INH) où ils ont été renforcés par des camarades avant de se
diriger vers le siège de la Wilaya. Sur place, une déclaration a été
remise au cabinet du wali. « Faux sont vos châteaux de cartes construits
autour de la culture univoque, et fausses sont vos tentatives de
replâtrage et de maquillage de l’unité nationale qui est basée sur
l’exclusion et l’amnésie», pouvait-on lire dans cette déclaration.
Optimistes et persévérants, les rédacteurs poursuivent : «Oui !
Tamazight a toujours été officielle depuis Cirta et la Numidie.» Puis
les rédacteurs reviennent à la charge pour dénoncer une autre fois ce
qu’ils considèrent comme une démarche totalitaire. «Le collectif
étudiants de Boumerdès dénonce la démarche totalitaire d’un pouvoir à
bout de souffle.»
Et d’exiger «l’arrêt immédiat du simulacre des festivités mangeoire qui
détruisent le patrimoine cher et valeureux de notre Cirta. La
reconnaissance officielle et immédiate de la composante amazighe de
l’Algérie et tamazight comme langue. La création de nouveaux
départements des lettres et culture berbère à travers toutes les
universités du pays».
Abachi L.
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