Actualités : Les experts l’appellent de leurs vœux
Une loi sur le partenariat public-privé pour attirer les investisseurs
Une législation régissant le partenariat public-privé
en Algérie est nécessaire pour attirer davantage les investisseurs
étrangers, a estimé, mercredi à Alger, un expert lors d'une rencontre
organisée par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise
(CARE).
Intervenant lors de cette journée d'étude, un spécialiste du
développement du secteur privé auprès d'institutions financières
internationales, Jean-Michel Mas, a considéré qu'un tel cadre juridique
permet de donner une vision et une assurance aux investisseurs étrangers
ainsi qu'aux bailleurs de fonds internationaux, dans le cas d'un
éventuel recours aux financements extérieurs.
A ce propos, il a observé que les lois sur les partenariats public-privé
(PPP) avaient contribué à concrétiser de grands projets de partenariat
entre les secteurs public et privé dans les pays développés ainsi que
dans les pays émergents. Une loi sur les PPP, selon lui, aidera
l'Algérie à dégager une stratégie en matière de partenariat avec le
secteur privé, qu'il soit national ou étranger, et permettra de créer
des entités pour identifier les projets et contrôler leur mise en œuvre.
«Cela rassure les bailleurs de fonds internationaux et les investisseurs
étrangers en leur donnant une vision sur ce que l'Etat compte réaliser
comme projets de partenariat public-privé», a expliqué M. Mas qui est
intervenu au titre d'expert senior auprès de plusieurs institutions
financières internationales comme la Banque mondiale et la Banque
africaine de développement. Aussi, ce cadre juridique va permettre de
mettre en place un dispositif garantissant le respect des clauses du
contrat conclu entre l'Etat et son partenaire privé. Intervenant lors du
débat, Samy Boukaïla, chef d'entreprise et cofondateur du club CARE, a
considéré que les autorités publiques ont été en mesure de lancer des
PPP profitables au pays, à partir desquels elles pourraient tirer des
enseignements pour l'élaboration éventuelle d'une loi encadrant ce type
de partenariat. Il a cité en exemple le projet de fabrication de
véhicules avec le constructeur français Renault, et la gestion déléguée
de l'eau confiée par l'Etat à plusieurs entreprises étrangères.
MM. Mas et Boukaïla ont relevé que les PPP ne devraient pas être perçus
comme une approche dans un contexte baissier des cours de pétrole, qui
amoindrirait ses ressources financières, mais plutôt comme un levier de
développement qui booste la production et améliore les services aux
usagers. Pour autant, M. Boukaïla a précisé que dans les cas de
récession et de réduction budgétaire, les PPP peuvent s'avérer
nécessaires financièrement pour éviter les coupes budgétaires brutales
dans les programmes d'équipements publics, rappelant, à ce titre,
l'arrêt des investissements en Algérie dans les années 1980 en raison de
la chute drastique des cours de brut. En termes d'efficacité, les
projets réalisés en PPP sont «beaucoup plus performants que ceux
réalisés dans le secteur public traditionnel», selon M. Mas qui a cité
une étude britannique réalisée dans ce sens. Mais la réussite de ces
partenariats nécessiterait aussi un système financier dynamique qui
facilite la mobilisation des fonds aux investisseurs, a-t-il préconisé.
Il a tenu à souligner, par ailleurs, que les appréhensions souvent
exprimées sur les PPP sont, en réalité, «des idées reçues» : Ce type de
partenariat ne génère pas forcément une augmentation des tarifs ou une
détérioration de la qualité des services. De même, a-t-il poursuivi, les
PPP ne sont pas une «privatisation déguisée» puisque l'Etat demeure
actionnaire et garde ses prérogatives de contrôle et de supervision des
projets.
APS
|