Actualités : ILS SONT INSCRITS AU BARREAU D’ORAN
Trois avocats en grève de la faim
Trois avocats du barreau d’Oran observent une grève
de la faim illimitée depuis hier. Ils dénoncent l’abus de pouvoir du
bâtonnier d’Oran et le «mutisme» de l’Union des Barreaux.
Rym Nasri - Alger (Le Soir)
Hier, lors d’une conférence de presse animée à Alger, le trio a eu à
revenir sur les détails de ses mésaventures.
Le premier à prendre la parole c’est l’avocat stagiaire, Me Boutaleb
Mohamed. Il affirme qu’il a été empêché de poursuivre son stage, entamé
depuis un mois et demi. «Le bâtonnier m’a accusé d’avoir mené une
campagne en faveur de son rival, lors des élections du barreau d’Oran»,
explique-t-il.
Son problème perdure ainsi alors que sa promotion a prêté serment le 9
novembre 2013. Après plusieurs correspondances du bâtonnier restées sans
suite, et face à cette «injustice» Me Boutaleb a décidé d’entamer une
grève de la faim illimitée.
Même décision prise par Me Belkacem Saâdoun Souad qui dissimule mal son
désarroi. Ex-femme d’un membre du bâtonnat d’Oran, cette avocate se dit
victime de l’«abus de pouvoir» du bâtonnier. «J’ai poursuivi en justice
mon ex-mari pour négligence familiale car il n’avait pas payé les
pensions alimentaires de nos trois filles depuis 18 ans, et ce malgré la
décision de justice», dit-elle. Une affaire dont l’ex-mari a été
pourtant acquitté «malgré toutes les preuves apportées». Le comble
poursuit-elle, «deux jours après, soit le 28 juin 2012, j’ai été radiée
du barreau d’Oran». Une radiation qu’elle impute à l’«influence» de son
ex-mari qui n’est autre que le «bras droit du bâtonnier».
Me Belkacem Saâdoun entame ainsi un recours qui aboutit à une annulation
de sa radiation par la Commission de recours de la Cour suprême, en
janvier 2013. Seulement, le bâtonnier qui agit toujours en faveur de son
ex-mari, refuse de reconnaître cette annulation et lui propose le
transfert vers un autre barreau. L’avocate, qui obtient l’accord du
barreau de Tlemcen, se heurte encore à un blocage. Devant elle, le
bâtonnier d’Oran prétexte que c’est le ministre de la Justice qui ne
veut pas «libérer» son dossier. «Qu’est ce qu’un ministre peut avoir
avec une fonction libérale ?», s’interroge-t-elle.
Le troisième cas est celui de Me Naït Saleh Belkacem qui a découvert des
malversations dans le Barreau d’Oran. Selon lui, le bâtonnier s’est
permis d’encaisser des bons de caisse de 6 milliards de dinars souscrits
au nom de l’ordre des avocats d’Oran sans délibération du Conseil. Un
«détournement» de fonds qui, assure-t-il, a été suivi par d’autres. «Je
défie le bâtonnier, les membres du Conseil et les deux banques CPA et
Société Générale de contredire la véracité des versements effectués et
des documents que je détiens», dit-il.
L’avocat dépose ainsi une plainte à laquelle «le doyen des juges
d’instruction refuse d’informer». Il saisit la Chambre d’accusation mais
sans suite.
«Le bâtonnier d’Oran se retourne contre moi et m’accuse avec les mêmes
pièces à conviction que j’avais fournies. Il m’accuse de participation à
la divulgation de secrets, de diffamation et de déclarations
mensongères», indique-t-il encore. Suite à quoi, il est radié du Barreau
d’Oran et trouve des difficultés pour trouver une défense.
Me Naït Saleh estime que l’Union des Barreaux est devenue complice par
son «silence» et son «mutisme». Il exige ainsi qu’une commission
d’enquête soit diligentée au Bâtonnat d’Oran.
Ayant épuisé tous les recours, les trois avocats projettent de saisir
les instances internationales des droits de l’Homme.
La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) lance
pour sa part, un appel à l’Union des barreaux pour résoudre les
problèmes de tous ces avocats et mettre fin à cet «abus de pouvoir».
Ry. N.
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