Actualités : SELON SON AVOCAT
Khalifa ne fera aucune révélation
Ouverture hier du procès de la caisse principale de
Khalifa Bank et de celui de Abdelmoumène Khalifa. Les deux affaires ont
fait l’objet d’une jonction. En guet-star, l’ancien goldenboy,
méconnaissable. Amaigri, crâne rasé, Abdelmoumène Khalifa était, hier,
dans le box des accusés aux côtés des vingt autres accusés en détention.
Il est défendu par deux avocats qui se sont livrés à une bataille de
procédures pour faire reporter le procès. C’était compter sans la
détermination du président de la cour qui a accéléré les procédures. Ce
matin, l’audience reprendra avec l’audition de Abdelmoumène Khalifa. Ce
dernier a choisi une ligne de défense : nier en bloc toutes les
accusations dont il fait l’objet.
Nawal Imés- Alger (Le Soir)
C’est un Abdelmoumène Khalifa, amaigri, méconnaissable, crâne rasé
qui s’est présenté au tribunal criminel près la cour de Blida.
L’assistance a eu du mal à reconnaître l’homme qui semble avoir pris dix
ans d’âge et perdu beaucoup de poids.
Paraissant détendu, Khalifa, costume sombre et chemise blanche, souriait
souvent, notamment à la vue de témoins ou d’accusés qu’il semblait
reconnaître. Il était neuf heures tapantes lorsque le président de la
cour annonçait l’ouverture du procès, appelant les accusés un à un. Il
commencera par appeler Abdelmoumène Khalifa qui répondra «présent» d’une
voix tout juste audible.
Le président du tribunal doit le rappeler à l’ordre pour lui demander de
parler à voix plus haute. Abdelmoumène Khalifa est défendu par deux
avocats. Il s’agit de Lazzar Naceredine et Merouane Medjhouda. Ce
dernier, âgé de 44 ans, ne semblait nullement impressionné par la nature
du dossier. Il affirme que la stratégie de défense de son client est
clair : Abdelmoumène Khalifa , dit-il, a l’intention de nier toutes les
accusations qui lui sont attribuées. Il affirme également que sa ligne
de défense ne sera pas celle que tout le monde espère, à savoir livrer
des noms de hauts responsables politiques. Il restera, selon son avocat,
sur le strict terrain du juridique.
Il dévoilera une partie de sa stratégie de défense en affirmant que le
liquidateur de la Khalifa Bank n’avait toujours pas remis son rapport.
Comment, dit-il, peut-on alors conclure à une banqueroute ? Merouane
Medjhouda est formel. Pour lui «l’ascension spectaculaire de Khalifa
avait été voulue et même encouragée parce que l’Algérie traversait une
période difficile avec le terrorisme. Le pays avait besoin de donner une
bonne image mais dès que l’Algérie allait mieux, les banques étrangères
commençaient à s’intéresser à l’Algérie, il devenait gênant». Son client
compte-t-il citer des noms d’hommes politiques ? Non, répond-t-il .
A-t-il subi des pressions pour ne pas le faire ? Non plus, ajoute le
jeune avocat qui confirme que Khalifa est prêt «à parler» et qu’il est
«rentré en Algérie de son propre gré parce qu’il aurait pu saisir une
cour internationale».
Interrogé sur l’état physique de son client qui a suscité beaucoup
d’interrogations, l’avocat répond que Khalifa était rentré dans cet état
de son exil et que cela n’avait aucun lien avec ses conditions de
détention à El Harrach qui sont bonnes».
Bataille de procédures
Coup de théâtre aux alentours de quinze heures. Alors que tout laissait
supposer que le procès allait se tenir, Maître Lazzar Nacereddine,
avocat de Abdelmoumène Khalifa engage une bataille de procédures.
D’emblée, il dira au président de la cour que toutes les dispositions
ayant précédé l’audience étaient entachées de vices de forme. Son
client, dit-il, n’a pas été entendu par un juge d’instruction, ce qui
constitue selon lui une violation de l’article 166 du code de procédures
pénales.
L’avocat ne s’arrête pas en si bon chemin : il reproche au président de
la cour d’avoir auditionné Abdelmoumène Khalifa en date du 6 avril
dernier et s’interroge sur la qualification de cette audition. S’il
s’agissait d’une enquête complémentaire, dit-il, le juge qui présidait
l’audience ne devait pas le faire, car cela, estime-t-il, constitue une
«violation du principe de séparation des juridictions». Il en conclut
que toutes les procédures ayant précédé l’audience étaient «nulles et
non avenues».
Maître Lazzar ajoute qu’il était contraint de demander le report du
procès et de se retirer de l’audience car ne pouvant «cautionner» une
telle démarche. Des arguments qui ont laissé de marbre le procureur
général qui, sur un ton ironique, a fait savoir que cette demande était
une première dans les annales de la justice et qu’il n’y avait pas de
contradiction ni de violation de procédures.
Le procureur général estime, en effet, que le contumace n’avait pas
droit d’exiger d’être entendu par un juge d’instruction. Il a donc
considéré comme non recevable la demande de la défense. Après
délibération, le président du tribunal a décidé de ne pas accepter les
demandes de la défense.
Les ministres manquent à l’appel
Plus tôt dans la matinée, le président de la cour entamait l’appel des
parties civiles. Figurent sur la longue liste des 133 personnes et
entreprises, beaucoup d’organismes publics.
Les OPGI, les EPLF, les entreprises portuaires, les caisses de Sécurité
sociale, les mutuelles, l’ONPS et l’Etablissement de navigation aérienne
pour ne citer que ces derniers. Une heure plus tard, c’est au tour des
témoins d’être appelés. Parmi d’illustres inconnus figurent des
ministres en fonction et d’autres qui ne le sont plus. Sont appelés par
le juge, Karim Djoudi, Mohamed Djellab, actuel ministre des Finances et
ancien administrateur de Khalifa Bank, Bouterfa Noureddine, le directeur
général de Sonelgaz, Abdelmadjid Tebboune, Mohamed Laksaci, Boudjerra
Soltani, Sidi Saïd, Mohamed Raouraoua tous absents. Des personnalités du
monde du football sont également appelées par le juge à l’image de
Belloumi absent ou de Hannachi qui a fait le déplacement. Dès les
premières heures de la journée, les avocats étaient unanimes sur le
déroulement du procès. Ils étaient tous persuadés que le président de la
cour était bien décidé à ne pas renvoyer l’affaire. C’est le cas de
Merouane Medjhouda, l’avocat de Khalifa qui affirme que le juge est bien
décidé à «aller vite».
C’est aux alentours de 15 heures 30 que le tribunal entame le tirage au
sort en vue de désigner les jurés, donnant le coup d’envoi du procès. Le
greffier entamera alors la lecture d’un épais arrêt de renvoi. La
lecture des 256 pages nécessitera plusieurs heures. Ce matin, l’audience
reprendra avec l’audition très attendue de Abdelmoumène Khalifa.
N. I.
Six chaînes étrangères pour la couverture du procès
Tout semble croire que le procès de l’affaire dite Khalifa intéresse
l’opinion internationale étant donné que six chaînes venues de plusieurs
pays arabes et européennes étaient présentes, hier, à la cour de justice
de Blida. Parmi ces chaînes, citons celles d’El Arabia, France 24,
l’Irakienne et une chaîne saoudienne entre autres.
En sus de ces chaînes étrangères, des dizaines de chaînes algériennes
étaient également présentes pour la couverture de l’évènement. A noter
que lors de cette première journée du procès, la cour de Blida était
sous haute surveillance aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur
puisque toute personne n’ayant pas de relation avec le procès était
interdite d’accès.
M. B.
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